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ECOLE : DEHORS L’ARTISTE !

Publie le dimanche 15 février 2004 par Open-Publishing
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Contribution

ECOLE : DEHORS L’ARTISTE !

Les classes à Projets Artistiques et Culturels (PAC) sont entrain de mourir doucement,
d’une belle mort, bien libérale… tout simplement par étranglement budgétaire.
Le Ministère parle bien sûr d’un « redéploiement » des budgets et des activités,
mais la plupart des rectorats, qui sont au contact de la réalité, ne peuvent
plus cacher la vérité… on liquide les PAC.

La mise en conformité de l’Ecole, au regard des exigences de la marchandise,
bat son plein.

Le retour en force à un « enseignement du savoir », ce que l’on appelle le développement
d’un enseignement basé sur l’ « intelligence cognitive » n’est pas le fruit du
hasard. Les expériences menées depuis quelques années dans le milieu scolaire
pour développer l’ « intelligence sensible et créative » disparaissent. Celles-ci,
fruit d’un travail difficile, mené en partenariat avec des personnes extérieures à l’Ecole
permettent non plus de « remplir des cerveaux » mais d’ « ouvrir des esprits ».
L’éduqué n’est plus « objet », mais devient « sujet » de sa propre formation.
La mémoire n’est plus le seul moyen d’apprendre, on fait aussi appel à la sensibilité élément
essentiel d’accès à l’autonomie.

Sensibilité ? Mais, au fait, de quelle sensibilité parle-t-on ? En dehors de
celle du « consommateur » qui peut, qui doit, apprécier l’esthétique de l’emballage
du nouveau gadget qui lui « est offert », de quelle sensibilité le système marchand
a-t-il besoin ?

En dehors de celle du « spectateur » pour qui on fabrique un produit « culturel » rentable
(forcément rentable puisqu’une entreprise a pris la peine, que dis-je ? le risque,
de la produire), de quelle sensibilité le système marchand a-t-il besoin ?

En dehors de la curiosité du « touriste », trimbalé par des tours-opérator, pour
visiter des circuits « prédigérés »de quelle sensibilité le système marchand
a-t-il besoin ?

En dehors de la fidélité du « téléspectateur » scotché devant son petit écran à siroter
des programmes (coupés par la pub) faits à la mesure de son inconscient, de quelle
sensibilité le système marchand a-t-il besoin ?

Soyons sérieux, la sensibilité dont parle les poètes, les artistes et autres « cultureux » n’est
que de la « sensiblerie », or celle-ci est contre-productive , éloigne du seul
objectif sérieux qui guide toute notre vie : l’efficacité et la rentabilité.

Soyons sérieux, quelle entreprise est prête à « investir » dans une force de
travail autre qu’adaptée strictement au besoin de la production ? dans une force
de travail qui aurait la capacité de penser sur le sens même de ce qu’on lui
fait faire, de ce pourquoi on l’utilise ? dans une force de travail qui puisse
réfléchir au-delà de l’horizon étroit que lui offre l’emploi qu’elle occupe ?.
Aucune.

Soyons sérieux, quel Etat est prêt à courir le risque de financer des projets « d’éveil
artistique » sachant que le mode de la production dont il est le garant n’en
a que faire ? Aucun.

Mais peut-on honnêtement penser qu’il y ai la place dans l’école, à la fois pour
les « marques » qui s’insinuent sournoisement et pour l’ « expression artistique » ?
cette dernière n’est-elle pas justement la négation des précédentes ? Cette dernière
n’est-elle pas « la vie », face à l’expression mortifère de la marchandise standardisée,
calculée, calibrée, empaquetée et imposée ? Face à ce choix l’Etat n’a pas à hésiter,
en tant que garant du système marchand, il va chasser l’intruse.

Ah mais me dira-t-on il faudra bien faire émerger les jeunes talents.

La découverte de jeunes talents ?

Mais notre société a tout ce qui lui faut pour cela. D’abord le népotisme massif
qui règne dans ce milieu fait que les rejetons, dans certains domaines, remplacent
avantageusement les « artistes » vieillissants, mais aussi et surtout les émissions
télévisées telles que « STAR ACADEMY » (TF1) et autres « A LA RECHERCHE DE LA
NOUVELLE STAR » « POP STAR » (M6) n’ont-elles pas la prétention déclarée de trouver
les « nouvelles stars » autrement dit celles et ceux qui seront les artistes,
les poètes, les créateurs, les stars… bref la culture ? Cette culture qui nous
sera servie jusqu’à plus soif à la radio, à la télé, en concert… et qui , honneur
suprême représentera la France à travers le monde.

Ainsi la force de travail est réduite à sa plus simple expression c’est dire à son
utilité par rapport au système… et pas plus . Le système marchand montre ainsi
son vrai visage et ce qu’il entend faire de l’être humain… un outil de production
de la valeur marchande… quand il l’emploi, et un consommateur… pour que cette
valeur se réalise sur le marché. A contrario celle ou celui qui n’a pas d’emploi
et donc ne peut pas consommer, n’a aucun intérêt. Dans les deux cas il n’a que
faire des valeurs artistiques et des activités d’éveil artistique. L’art, la
culture n’ont de sens qu’en terme de valeur marchande… la beauté, dans ce système,
n’est qu’une prostituée de luxe qui s’offre au plus offrant. Les publicitaires
ont remplacés les artistes ou plutôt ils les ont salariés autrement dit asservis.
Ainsi ces derniers ont perdu ce qui était l’essence même de leur art, la liberté.

Certes, quand ces messieurs entendent le mot « culture » ils ne sortent pas leur
révolver, mais ils sortent prestement leur calculette. Le monde froid de la marchandise
nous le construisons tous les jours par nos démissions permanentes devant les
pratiques politiques des froids calculateurs qui nous gouvernent. Nous nous laissons
berner par la pseudo rationalité de discours qui ne sont qu’idéologiques.

Demain sera un jour sans soleil, mais nous pourrons toujours essayer de le peindre
sur nos murs, le problème c’est que l’on ne saura plus le faire.

Patrick MIGNARD

15.02.2004
Collectif Bellaciao

Messages

  • Comme le dit Hans Haacke, la manifestation artistique d‚pend de l’avis de ® ceux qui, à un moment donné et grâce à leur statut social, avaient le pouvoir de leur appliquer une telle étiquette [d’objet culturellement signifiant].Or, l’art se manifeste ind‚pendamment de toute profession et de toute validation institutionnelle. De ce fait, peu importe qu’un tel ou un tel soit ® artiste ¯ lorsqu’on apprécie telle ou telle photographie ou telle ou telle attitude. Il importe peu de constituer au préalable un artiste pour apprécier un objet ou une attitude. Car l’art est effectué par une singularité quelconque ou une attitude de cette singularité et non par une légitimité d’auteur. En art, il n’en retourne pas d’une légitimité mais d’une appréciation de la pensée et de la sensibilité. Car les singularités quelconques ne se manifestent pas en vue d’être intégré dans un marche des biens culturels, ou encore dans le dessein d’obtenir un gain ou une reconnaissance sociale. Les singularités se manifestent parce que cela fait sens pour elles, parce que cela les constitue individuellement ou collectivement, indépendamment de tout public . Les manifestations d’une singularité’ quelconque’, (ce qu’on appelle ici ® art ¯) sont non spécifiques. Elles ne sont pas le fait d’une profession ou d’une catégorie de personnes en particulier. Elles ne sont pas publiques ni marchandes. Toute activité - notamment professionnelle - peut éventuellement ˆetre un lieu de manifestation artistique. La singularité en effet est le lieu meme de l’art non productif : elle est en quelque sorte un lieu gratuit. Un espace d’art reste telle par son indiffêrence aux milieux professionnalis‚s de la production culturelle, et par son intention de rencontrer ou de faire se rencontrer des singularités ’quelconques’ pour elle-mˆeme, indépendamment de tout projet ou de toute thématique. Dans le cas contraire, l’espace d’art gagnerait à changer son appellation en ® espace de production culturelle ¯ destiné à exposer des marchandises . Les lieux autonomes ou indépendants tels que friches, associations, squats se différencient-ils fondamentalement des espaces institués d’état ou de collectivités locales ou des espaces marchands ? N’est-ce qu’une différence de degré‚ ou— ce qui se produit dans ces lieux diffèere-t-il fondamentalement ? Nous ne connaissons quasiment aucun lieu dit indépendant, marginal, alternatif qui diffère fondamentalement d’une institution. Il y a là la construction de discours symétrique de ceux des institutions ou au contraire une simulation … à/ou/à bas prix des espaces institués, marchands ou non marchands. Les lieux dits ® autonomes ¯ ou alternatifs sont en ce sens intégrés fonctionnellement en offrant à de futurs producteurs, l’occasion de s’essayer, de se perfectionner, de se professionnaliser,laboratoires work in progress’. Ils ne pourront le faire qu’en renforçant cette économie du don et de la gratuité, dont la Revue du MAUSS s’est faite la porte-parole. de cette condition,... ils pourraient retrouver leurs potentialités fondamentales, celles d’ouvrir le champ de la pensée hors de la société du travail et de la production, et de s’ouvrir … à la manifestation de ces singularités ’quelconques’ qui constituent la préhistoire et la vérité de nos sociétés.Underground/overground.....,c’est ça le jeu du groupe Extrême Jonction quand il explique dans son antimanifeste de la mouvance cyber ethnodada (Night int art mag.N.Y.1996) qu’après les années 80, le système de l’art (le rôle des artistes,la galerie,le critique etc.)a été le premier à ressentir le changement d’époque avec la révolution/restauration de la culture ultraliberale avec sa dictature des managers et de la marchandise.Et à comprendre qu’un nouveau artiste devait se réconstituer avec ’des’et propres, nouvelles grilles de lectures, contraint à celà par l ’offensive ultraliberale globalisées.L’équipe d’artistes prenait la place de l ’artiste genie du romantisme et l ’artiste cyberdada et ethnodada se rapportait à la science et à la philosophie ;il devenait chercheur d ’un nouveau sens,en s’allignant plutôt sur une ésthètique rélationnelle,un art co/partecipatif avec ’le dit public passif’ d’une fois ;un art contextuel,en participant avec ses interrogations sur la science, les technologies nouvelles,le bio pouvoir etc., la domestication des êtres(Slodederijk) ;c’ est à dire, en devenant un mutant,en face de l’artiste romantique solitaire,ou ’maudit’ moderne baudelerien, ... et plutôt se construisait en regardant Leonardo da Vinci, la Renaisssance, là où l’art, la peinture devenaient ’savants’ comme le dit dans ses écrits, Leonardo,notre pére cyberdada.Pour tout ca l’artiste,le chercheur a attiré l’attention du sociologue Bourdieu, lequel dans "Les régles de l’art" et dans le livre d’echange avec l’artiste Hans Haache,appellait les artisites chercheurs à la constitution d’un nouveau mouvement de contreoffensive et de lutte à la pensée unique et à la mondialisation ultraliberale en train de s’édifier...Les artistes,les chercheurs ont été entre les premiers plaques sensibles ensemble aux militants révolutionnaires anticapitalistes, à comprendre que un nouveau ordre était en train de se construir sans la partecipation culturelle et collective des dites masses aussi si critiques et qui s’appelait ’gouvernance’.
    L’autonomie artistique de l’artiste quelconque (de l’équipe d’artiste ou chercheur cyberdada) ensemble à l ’autonomie démocratique (comme le soulignait Castoriadis),l’autonomie des mouvents sociaux,l’autonomie culturelle des individus collectifs,etc.doit être au centre du débat de la mouvance new global.Cest à dire que l’art et la culture devraient se confronter aux militants pour se questionner sur l ’alternative à la Kulture du biopouvoir totalcapitaliste. Autonomie...s mais aussi unité dans les différences , mais surtout pour combattre cette pensée totalitire. Underground ,contrepouvoir,culture et art alternatif, mais aussi overeground.... Et se poser le problème du pouvoir, sans se replier sur soi même... ’en attendant Godot’. Et , sans conflittualités essayer d ’arriver à une armonie... entre les positions de ceux qui rejetent le pouvoir et ceux qui se confrontent... avec les institutions...pour changer ... ’ici et maintenant’ la vie...
    Dans une société communiste et libertaire, comme disait Marx ,l’art ,la créativité,la culture seront affaire de tout le monde... mais nous sommes encore dans le désir deleuzien... pour le futur ça dépendra de notre volonté de puissance à venir ou dé./venir... aprés la révolution molare et moleculaire...(GUATTARI)...

    Ermanno Senatore

    http://www.extremejonction.scriptmania.com

    • L’artiste,le créateur aujourd’hui est seul comme toujours,et il doit conquérir son éspace vital pour entretenir sa forme de création.Il est le seul gérant de son kapital de passion.D’ici on pourrait faire commencer l ’histoire contemporaine ?Du mot liberté,qui a crée plus d’illusions,que de guerres..Mais malgré cette vision pessimiste,il y a et il y aura toujours des manifestations liées à la notion de création artistique.La aussi on se retrouve confronté à un phénomène trés intéressant et où l’on peut constater que pendant les périodes de guerres,de grands conflits sociaux,l’espression crétrice est toujours vivante...Pulsion créatrice disait freud...Mais devant toute définition ou prédiction,il y a toujours une impondérable vérité du ’dérnier moment’qui change tout et le cours de l ’histoire.Ce dernier moment est bien la manifestation de la transcendence de l ’art,..,c’est le fameux trop fameux "coup de dés’de S.Mallarmé.(un coup de dés n’abolira jamais l’hasard).Et alors toute ’théorie’reste dans cette antichambre,qui pour le moment est trés chargée de toutes les angoisses et la vulgarité ’instruite’...post scriptum ars mea ars nostra...Ermanno Senart..http://www.extremejonction.scriptmania.com