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JOURNAL LA PROVENCE
Publié le jeudi 07 octobre 2010 à 11H48
"Un praticien a compris l’origine de ma maladie"
D’autres que lui auraient lâché prise depuis longtemps. Mais, si Marcel Brocart, 66 ans, ancien technicien d’EDF-GDF, a des faiblesses, il est par nature combatif et n’a pas l’intention de baisser les armes de la légalité. Il est aujourd’hui retraité mais veut que les souffrances psychologiques qu’il a endurées pendant des années et qui l’ont conduit vers la dépression nerveuse soient reconnues comme maladie professionnelle. Il entend que son invalidité soit imputée à l’entreprise dont il a été salarié de 1966à 2000 et non à la branche maladie de la sécurité sociale. Il a même été entendu en mars dernier, au Sénat, par la commission parlementaire sur le mal-être au travail. Une procédure est toujours en cours, le tribunal des affaires sociales lui avait donné raison mais EDF-GDF a fait appel de cette décision. Le prochain épisode se jouera le 17 octobre, à la Cour d’appel d’Aix-en-Provence.
"J’ai été embauché en 1966 à l’usine à gaz de Nice comma agent de maîtrise. Tout se passait bien, j’étais aussi syndicaliste élu, cette délégation m’occupait la moitié de mon temps de travail. C’est en 1978, après que l’usine de production de Nice a fermé, que la direction de GDF m’a mis à la disposition de la distribution d’EDF-GDF, et que le cauchemar a commencé. En d’autres termes, cela s’appelle du harcèlement".
Pendant les dix années qui ont suivi, il sera affecté à différents postes sans aucun rapport avec ses compétences et sa qualification. "J’ai fait acte de candidature à des postes vacants pour lesquels j’ai été déclaré apte et pour lesquels j’étais statutairement prioritaire, je n’ai jamais été retenu et ma situation n’a jamais été régularisée". Marcel Brocart dit de cette période qu’elle a représenté "10 et 6 mois d’errance dans tous les services sauf le bon".
Ses problèmes de santé n’ont pas attendu 10 ans pour se manifester : dès 1982, les premiers signes d’asthénie sont apparus, puis de nouveaux en 1985. Après cela, M. Brocart fut mis au placard et sombrait dans la dépression nerveuse en 1993. Puis vint une période de "longue maladie", en 2000, et la mise à la retraite d’office avec une invalidité à 50%.
"Il n’y a que la médecine du travail qui a compris que ma maladie était d’origine professionnelle et qui a précisé que ma dépression était réactionnelle au harcèlement subi depuis des années. C’est grâce aux fiches de la médecine de travail que j’ai pu étayer mes demandes de reconnaissance de maladie professionnelle. Le médecin contrôleur qui agissait pour le compte de l’entreprise n’a entendu que ce qu’il voulait entendre et a tenté de me faire passer pour fou en diagnostiquant une psychose paranoïaque, pourtant je disais la même chose aux deux". Aujourd’hui, les amendements introduitsdans le texte de la réforme des retraites et en particulier l’amendement 730, visant à donner l’organisation de la médecine du travail aux entreprises, inquiète Marcel Brocart.
"Les salariés vont être complètement paumés et les médecins du travail auront bien du mal à se faire entendre", dit-il. Lui, il poursuit son combat.