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ENTREPRISES DU "SECTEUR SOUS TENSION" : SOLIDARITE DE LUTTE

Publie le samedi 10 mars 2007 par Open-Publishing

Montfort sur Meu 10 mars 2007 ( jour de manif)

ENTREPRISES DU "SECTEUR SOUS TENSION" :

SOLIDARITE DE LUTTE TRAVAILLEURS FRANCAIS ET TRAVAILLEURS IMMIGRES !

QUELQUES REMARQUES GENERALES INTRODUCTIVES SUR LE TRAVAIL SALARIE :
Sociologiquement le travail salarié - le seul ici pensé - offre une faculté d’insertion sociale . On peut dire aussi philosophiquement que dans la production sociale de l’existence nul n’est dispensé de sa tâche. Mais quand c’est possible les tâches ingrates doivent pouvoir être remplacées par des machines. Cependant l’actuelle généralisation des nouvelles technologies apporte aussi son lot de servitudes au Nord et accroît l’exclusion du Sud. Constitutionnellement la société doit garantir un travail à ses membres. Ces points et d’autres ont été abondamment discutés dans « AC ! » puis dans ATTAC. J’en viens à mon propos, aux perspectives concernant le travail salarié.

Le travail salarié n’est pas celui de l’indépendant (cf. blog chrismondial). Avec l’extension du travail salarié, une invention du capitalisme, les privés d’emploi sont contraints pour vivre de vendre leur force de travail. A défaut ils survivent ici avec le RMI ou le RMA et au sud avec l’économie informelle et la mendicité. Face à la dégradation des condition de travail (précarisation et chômage décrit par J-M Harribey) et face au "travaillisme" de Raffarin mais aussi face aux résidus d’une certaine culture du mouvement ouvrier (le stakhanovisme stalinien ou le "devoir de reconstruction") comme d’une certaine doctrine sociale de l’Église évoquée par JP Legoff il convient de réhabiliter dans l’unité des luttes des travailleurs français et des travailleurs immigrés deux voies complémentaires d’émancipation du travail salarié :d’une part d’adoucir les conditions de travail lui-même tant que faire se peut (I) mais aussi et surtout s’émanciper du travail (II).

I – LA LUTTE POUR UN MEILLEUR TRAVAIL :

c’est agir dans deux axes :

· D’une part c’est résister à toutes les formes d’exploitation du travail, d’extorsion de la plus value. C’est ensemble que les travailleurs sans distinction d’origine, d’âge ou de sexe doivent s’opposer à son intensification et ce tant dans le privé que dans le public , bien que les secteurs d’embauche de la main d’oeuvre de faible qualification se trouvent dans le privé .

C’est aussi « travailler autrement » c’est lutter pour un travail "humanisé" contre du travail taylorisé, mécanisé avec des rythmes compulsifs, transformant le travailleur en machine. C’est critiquer et agir contre la fétichisation des rapports sociaux ou le travailleur est chosifié, réifié, c’est à dire quand les normes abstraites de l’efficacité et de la productivité sont elles sacralisées et l’écrasent. Par définition le fétichisme opère un renversement aliénant : l’humain est rabaissé et le non humain est promu et élevé comme une valeur.

C’est enfin lutter pour une organisation du travail qui ne tire pas prétexte de la satisfaction des clients (ou des usagers dans les services publics) pour instrumentaliser la vie des travailleurs et ne plus respecter la dignité humaine. Le patronat est inventif pour créer des contrats et des dispositifs qui soumettent le travail au capital.

· D’autre part c’est défendre les garanties collectives existantes et sécuriser l’emploi par des lois, c’est ôter aux dirigeants publics et privés l’épée de Damoclès qui fragilise les travailleurs. Les détenteurs des moyens privés de production et/ou d’échange perdent alors le privilège exorbitant et illégitime de licencier les travailleurs et les dirigeants des services publics perdent le pouvoir de mobiliser la force de travail selon leur bon vouloir.

Améliorer le contenu du travail et son organisation c’est bien mais cela ne suffit pas. Il importe d’en réduire le plus possibles sa place.

II - S’EMANCIPER DU TRAVAIL

· Réduire le temps de travail : Il faut aller vers les 30 heures dans les secteurs « durs » et les 32 heures dans les autres lieux de production. S’émanciper du travail c’est permettre d’avoir plus de temps pour les activités hors du travail (salarié), tant les activités libres privées et sociales que celles nécessaires à la vie de famille (partage des tâches domestiques) . Cela suppose d’affecter les gains de productivité issus de la diffusion des nouvelles technologies à une nouvelle réduction du temps de travail et ce – c’est important- sans nouvelle intensification du travail et sans perte de salaire, d’où les deux points suivants :

· Salaires : D’une part les gains de productivité accumulés doivent revenir à ceux qui créent les biens et services. D’autre part il n’est pas tolérable d’accroître encore l’écart entre la masse salariale qui se réduit et les profits qui augmentent (cf. courbe en cloche redescendante au début des années 80). La tendance doit s’inverser : les profits doivent donc servir à payer la RTT, pas les salaires. Mieux au sein du salariat la large fraction la moins payée (les 3/4 environ) devraient en plus recevoir une augmentation de salaire.

· Intensification du travail et qualité des activités libres : Toute nouvelle intensification du travail et toute nouvelle taylorisation des tâches forment des prolétaires aliénés assommés par le travail qui, rentrés chez eux, redoublent leur condition en s’abrutissant plus encore avec la mal nommée "culture" de divertissement diffusée par la télévision, le nouvel opium du peuple.

Promouvoir des activités vraiment libres passent donc autant par la RTT que le respect de rythmes humains du travail.

Pour conclure, IL FAUT UN OUTIL POUR MENER CES TACHES :

VIVE LE SYNDICAT !
C’est dans les secteurs les plus confrontés à la concurrence et ou l’exploitaation de la force de travail est la plus dure que les syndicats sont absents. Lorsqu’il y en a il peut s’agir de "syndicats jaunes" autyrement dit des faux syndicats à la botte du patron . Lorsqu’il existe des syndicats dans ces secteurs les patrons tentent de les intégrer ou à défaut les répriment durement.
La solidarité peut venir de l’extérieur via le milieu associatif altermondialiste. ATTAC a un rôle à jouer sans la construction des solidarités. Mais rien ne remplacera la solidarité ouvrière organisée qui a pour nom syndicat.

VIVE UN SYNDICALISME D’EMANCIPATION , OUVERT AUX QUESTIONS SOCIALES GENERALES !
Il faut aussi que le syndicat n’oublie pas de lutter sur les conditions extérieures à l’entreprise :
 les lois sur l’immigration et sur l’asile crééent une "disponibilité sociale" forte particulièrement recherchée par le patronat. Cela peut briser les solidarités et favoriser les mises en concurrence voire le racisme. Le syndicat doit lutter pour la liberté de circulation et d’installation dans de bonnes conditions. Il doit aussi combattre le racisme sur le lieu de travail et dans les quartiers.
 l’absence d’un service public national du logement qui met en application le droit au logement pour tous français immigrés permet le mal logement . Sa création est également une exigence des syndicats ouvriers y compris ceux des "secteurs sous tension".

Christian DELARUE
Secrétaire national du MRAP
Membre du CA d’ATTAC
s’exprimant à titre personnel