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Ensemble pour notre hôpital public, entretien avec Loic Pen avant la visite de Marie-George Buffet

Publie le mercredi 21 mars 2007 par Open-Publishing

Ensemble pour notre hôpital public,
entretien avec Loic Pen avant la visite de Marie-George Buffet

Marie George Buffet se rendra à l’hôpital de Creil ce vendredi 23 mars à 14h où elle dialoguera avec les citoyens et les personnels. L’action en faveur de la défense et du développement de notre hôpital public prend une ampleur importante. Ainsi ce sont plus de 2000 citoyens de l’agglomération qui ont signé l’appel pour défendre l’établissement menacé par une politique qui transforme la santé en une marchandise.

Creil-Avenir reproduit ci-dessous l’entretien que Loïc Pen, médecin urgentiste à l’hôpital Laënnec de Creil a accordé à la revue municipale de la ville de Montataire.
Très instructif !

Rappelons que les comités de la gauche anti-libérale ont désigné Loïc Pen comme leur candidat aux législatives sur la 7ème circonscription (Creil rive droite – Nogent – Mouy- Liancourt – Clermont –etc…).

Le jeune médecin qui est connu pour son engagement pour la défense de la santé a toute ses chances face à un député de l’UMP qui a soutenu sans réserve la politique qui a conduit aux difficultés actuelles et à un candidat socialiste parachuté et contesté par les militants du PS.

L’hôpital de Creil accuse un déficit de 15 millions d’euros. Comment l’expliquez-vous ?

C’est assez simple : les recettes qui nous sont allouées par l’Etat via l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH) ne correspondent pas aux dépenses que nous engageons pour soigner les patients. Alors soit on dépense trop, soit on ne reçoit pas assez, le problème étant que plus la médecine se modernise, plus son coût est élevé. On peut en effet décider de ne plus faire de scanners car ça coûte trop cher mais des maladies nous échapperont et des gens en mourront. Dans ce cas, il faut dire aux Français que nous ne les soignerons plus s’ils n’ont pas d’argent. C’est le choix des USA qui comptent 45 millions de personnes privées de soins. Ce n’est ni plus ni moins que la fin du droit à la santé. Mais cette décision doit être débattue avec l’ensemble de la société.

L’existence de l’hôpital de Creil est-elle menacée ?

Quelle que soit la situation, je ne pense pas que l’hôpital de Creil disparaisse. Mais accueillera-t-il toujours les gens de la même façon, quels que soient leur revenu et leur état ? Ce n’est pas sûr depuis la réforme « Hôpital 2007 ». Celle-ci a introduit une sorte de contrat financier entre l’administration de l’hôpital et le médecin, qui se traduit par l’octroi d’une enveloppe financière à ce dernier : s’il la dépasse, le médecin court le risque d’une mutation ; s’il la respecte, son salaire est augmenté. On aura donc intérêt à faire des économies pour augmenter nos salaires. D’un point de vue éthique, c’est scandaleux !

Prenons un exemple : l’ARH m’octroie 100 euros pour soigner une appendicite. Si mon patient est jeune, n’a pas de problèmes sociaux et ne présente pas d’autres pathologies, je pourrai le renvoyer chez lui rapidement. Dans ce cas, les 100 euros m’auront suffi à le soigner, c’est donc rentable pour l’hôpital. Mais si mon patient est sans domicile fixe, j’aurai besoin d’une intervention sociale pour lui trouver un hébergement ; si en plus, il est déprimé, je solliciterai une intervention psychologique et s’il présente d’autres pathologies, je devrai lui prescrire un traitement, etc… Dans ce cas, cette enveloppe de 100 e ne me suffira pas à soigner ce patient qui sera alors considéré comme non rentable pour l’hôpital. C’est un financement conçu par des technocrates qui n’ont aucun lien avec la réalité.

Quelles conséquences une telle situation entraîne-t-elle sur les usagers ?

Ne disposant pas d’assez de place pour hospitaliser les gens, les patients attendent dans les couloirs des urgences dans des conditions inhumaines. La dignité est en effet méprisée quand on doit passer, au vu et su de tous, le bassin à une vieille dame qui a envie de faire pipi. Cela paraît bête mais c’est insupportable à vivre pour les patients et le personnel hospitalier qui n’est pas responsable d’une telle situation même si, dans le brouhaha des urgences, celui-ci peut manquer d’attention ou être excédé parce qu’il y a du monde partout. Il y a une convergence d’intérêts entre le personnel hospitalier et les patients. Le Ministre de la santé est par contre pleinement responsable de ce qui se passe dans les couloirs des urgences de l’hôpital de Creil car c’est le résultat d’un choix de santé publique qu’il fait.

Pourtant le pire est à venir car la réforme hôpital 2007 sera définitivement mise en place fin 2007 malgré l’opposition de tous les syndicats de médecins et les multiples mouvements de grève menés par les praticiens.

C’est pourquoi nous attendons beaucoup de l’appel des élu-e-s de l’agglomération creilloise qui doit s’amplifier et être relayé au niveau national pour que le prochain gouvernement, quel qu’il soit, revienne sur cette réforme qui signifie la destruction de l’hôpital public.

http://creil-avenir.com