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Franchises médicales : pas touche à notre santé !

Publie le lundi 12 novembre 2007 par Open-Publishing

Site de la CNT FTE :

www.cnt-f.org/fte

Franchises médicales : pas touche à notre santé !

S’il y a bien une mesure qui montre que le gouvernement s’attaque à l’ensemble des travailleuses et des travailleurs sans exception, du public comme du privé, c’est bien le projet de franchise médicale.

Le gouvernement a beau essayer de nous diviser en tentant de nous faire croire que ses réformes ne visent que telle ou telle partie de la population, il montre ainsi qu’il défend les intérêts d’une poignée de privilégiés ( actionnaires et patrons ) contre ceux de l’écrasante majorité de la population.

Ce projet représente la seconde étape d’un projet visant à liquider la Sécurité Sociale et le principe de solidarité face à la maladie qu’elle met en oeuvre : après avoir introduit la « participation » de 1 euro à la consultation médicale - rompant ainsi avec le principe du remboursement intégral-, le projet gouvernemental met en place une franchise médicale sur les médicaments. Cela signifie que chaque personne, lorsqu’elle a recours à des médicaments, doit contribuer à raison de 50 centimes par médicament, à hauteur de 50 euros par an.

Cette mesure a comme conséquences de privatiser le système de santé et culpabiliser les malades

D’abord, elle remet en cause le principe de l’accès aux soins pour tous et toutes puisqu’elle représente une nouvelle étape dans le processus visant à faire payer au malade le fait d’être malade.

Or la maladie n’est pas un choix. Qui plus est, de nombreuses maladies, qu’elles soient reconnues maladies professionnelles ou non, sont le fruit des conditions de travail, mais aussi des conditions de vie qui nous sont imposées : les victimes du scandale de l’amiante en sont les exemples les plus évidents. L’exposition aux produits chimiques, la lombalgie liée aux cadences infernales, les dépressions nerveuses liées au stress professionnel, et bien d’autres témoignent du caractère pathogène de la société capitaliste dans laquelle nous vivons.

Accepter la franchise, c’est accepter la rupture avec le principe de la prise en charge collective des aléas de la vie que sont les maladies. Le stade suivant, c’est l’augmentation progressive de la franchise vers un système à l’américaine. L’objectif est de pousser progressivement les personnes qui le peuvent à souscrire à des assurances privées (voir en page 3), donc d’ouvrir aux entreprises un nouveau marché juteux. Pour celles et ceux qui ne pourront pas recourir à de telles assurances, c’est l’accès aux soins qui se trouvera limité. Les assurances, recherchant le profit à tout prix, n’auront que faire de l’intérêt et de la santé des souscripteurs, la logique de rentabilité conduisant à restreindre les remboursements (sous tous les prétextes possibles) plutôt qu’à permettre l’accès à des soins de qualités, mais éventuellement onéreux.

Les cadeaux aux actionnaires et aux patrons : travailler plus pour payer plus

La franchise médicale est également l’envers des cadeaux faits aux patrons sous la forme de l’exonération de charges portant sur les heures supplémentaires.

Le fameux « travailler plus pour gagner plus » est en fait traduit par un « travailler plus pour payer plus et gagner moins ». En effet, ce qui est couramment appelé « charges patronales », représente au même titre que les « cotisations salariales » (la différence entre salaire brut et salaire net) la part du salaire qui est socialisée, c’est-à-dire mise en commun (dans les caisses de l’assurance maladie, du chômage, des retraites) et qui revient indirectement aux salariés (sous forme de remboursement, pensions, etc...). Parce que cette partie du salaire n’est pas visible directement sur le compte en banque à la fin du mois, il est plus facile pour les patrons et le gouvernement de s’y attaquer, en le présentant comme des « charges ». Mais ces exonérations représentent bel et bien des baisses de salaire qui touchent donc la part socialisée du salaire, et qui sont compensées ... par les impôts (compensations de l’Etat) donc par les travailleuses et travailleurs en tant que contribuables. En exonérant les heures supplémentaires, c’est un immense cadeau que le gouvernement fait aux patrons.

Mais c’est surtout un « cadeau empoisonné » qu’il fait aux salariés : si cela se traduit par environ 50 euros de plus sur le compte en banque chaque mois pour les 30% de salariés directement concernés, cela se traduit en même temps par un non-versement de plusieurs milliards d’euros dans les caisses de sécu. Or ce non-versement est compensé par l’Etat avec l’impôt... des contribuables, c’est-à-dire des travailleuses et travailleurs. On comprend alors la cohérence du système : faire payer encore et toujours par les travailleurs, (en tant que salariés ou contribuables) et de moins en moins par les actionnaires et les patrons (d’où les profits records du CAC 40).

Pour financer cette pseudo « compensation », on réduit le budget des services publics, et on met en avant le projet de « TVA sociale ». Or la TVA est l’impôt le plus inégalitaire qui soit parce qu’il touche les personnes de la même manière quelque soit leur revenu, donc il pèse proportionnellement beaucoup plus lourd sur les bas salaires.

Le mythe du « trou de la sécu » : saboter la sécu pour mieux la liquider

Le « trou de la sécu » annoncé de 12 milliards est en fait un trou artificiellement creusé par une série de gouvernements, de droite et de gauche, qui ont saboté volontairement la sécurité sociale en multipliant les cadeaux aux actionnaires et aux patrons.

Les mesures annoncées feront monter les exonérations patronales à 31,75 milliards d’euros en 2008 (+13%), dont 2,5 milliard ne seraient pas « compensées ».

En plus de ces exonérations, on compte : 7,8 milliards non reversés à la sécu sur les taxes sur le tabac 3,5 milliards non reversés à la sécu sur les taxes de l’alcool 1,6 milliard non reversé à la sécu des assurances auto pour les accidentés de la route 1,2 milliard non reversé à la sécu de la taxe sur les industries polluantes 2 milliards de TVA non reversés à la sécu Soit plus de 20 milliards d’euros.

Non seulement de quoi combler le prétendu « déficit de la sécurité sociale », mais encore de quoi améliorer un système de santé qui en a bien besoin.

Le motif affiché des exonérations de charge, la « politique de l’emploi », apparaît comme un prétexte : il n’a jamais été démontré que ces exonérations avaient un quelconque effet sur le taux de chômage, bien au contraire. Elles vont simplement engraisser toujours plus les actionnaires. En 30 ans, la part des richesses créées, réparties dans les années 70 à 70% pour le travail (salaire direct et socialisé) et 30% pour le capital (dividende des actionnaires) est passé à 60% pour les premiers et 40% pour les seconds. Soit plus de 10% des richesses accaparées en plus par les actionnaires.

Voilà la cohérence des attaques du gouvernement sur les retraites et la sécu : permettre à une minorité riche de se gaver toujours plus, pendant que la majorité de la population voit ses conditions de vie, sa santé se dégrader.

A nous de mettre un coup d’arrêt à ce racket organisé en refusant la division catégorielle et en entrant dans la grève, avec les cheminots, les gaziers, la fonction publique et le privé.

CNT FTE