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Fukushima : le gouvernement nous refait-il le coup de Tchernobyl ?

par Gnafron

Publie le dimanche 3 juillet 2011 par Gnafron - Open-Publishing
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Dimanche 3 Juillet 2011 à 18:00

Depuis l’accident de Fukushima, les nouvelles ne filtrent plus. Pourtant, une nouvelle centrale nucléaire est arrêtée et c’est tout le Japon qui marche au ralenti. Analyse d’Eugène, du Bloc économique et social.

daveeza (Flickr, creative commons)

daveeza (Flickr, creative commons)

Depuis qu’une nouvelle centrale nucléaire, en bord de mer et de technologie identique à celle de Fukushima, a été stoppée, le Japon tourne au ralenti. La centrale de Hamaoka fournissait de l’électricité pour le centre du Japon. Trop vieille et déjà en cours d’arrêt avant l’accident, l’arrêt du dernier réacteur est un coup dur pour les Japonais. Actuellement seuls 19 réacteurs nucléaires sur 54 sont en activité au Japon. Des mesures terribles ont dû être prises. L’industrie automobile ne travaille plus le jeudi et le vendredi, à la place ils travaillent le samedi et le dimanche. Cette astuce permet de lisser les consommations électriques sur toute la semaine. Si cette mesure ne suffit pas, d’autres industries pourraient subir le même sort.

On ne reconnait vraiment plus le Japon : les climatiseurs sont forcés à l’arrêt pour la plupart ou fixé à 28 °C, ainsi les ventres de ventilateurs ont bondi de 70 %. Les couloirs des entreprises restent désespérément éteints, les heures supplémentaires réduites au maximum, les horaires de travail ont été décalés plus tôt le matin, les lumières ne brillent plus dans les villes, les escalators sont à l’arrêt. Le nombre de trains a été diminué, bref un ralentissement global du Japon jamais vu jusqu’alors.

Si ces mesures fortes ont été prises, c’est que le risque d’une coupure totale et très longue existe en cas de trop forte consommation. L’impact sur l’économie du Japon sera immense. Il y aura également un impact sur les autres économies mondiales.

Les autres nouvelles ne sont pas non plus rassurantes : Du thé vert en provenance du Japon et radioactif à été stoppé à Roissy : une contamination au césium de 1 038 Bq/kg, supérieure au niveau maximal admissible défini au niveau européen, qui est de 500 Bq/kg pour ce type de produit. Une étude récente montre que les urines des Japonais vivant à 40 km de la centrale accidentée sont contaminées à l’iode radioactif et au césium radioactif. Le taux relevé est de 3,2 milli sieverts (nous avons en France 0,14 µSv dans l’air actuellement du à l’accident, soit 23 000 fois moins !). Quatre villes ont été évacuées à plus de 60 km de la Centrale à cause des taux élevés de radiations radioactives. Actuellement 80 000 personnes ont dû quitter leurs maisons autours de Fukushima.

Pendant ce temps là à Fukushima, on construit le début d’une arche destinée à limiter les rejets de pollution radioactive. Rien a voir avec l’arche de béton de Tchernobyl construite pour 40 ans seulement. Ici ce sera une construction encore plus provisoire.

L’usine de décontamination de l’eau d’arrosage de Fukushima, mise en service le 17 juin 2011 et arrêtée 5 heures après pour cause de trop forte radioactivité, a été remise en service hier, le 1er juillet 2011. C’est rassurant. D’autant que l’eau très fortement contaminée à continué de s’accumuler durant la panne et qu’elle a dû dépasser largement les capacités de stockage. Des rejets en mers ont donc dû encore être faits. Rien ne transpire sur ce sujet dans la presse. Le processus de décontamination utilisé montre l’immaturité de l’industrie nucléaire mondiale : pas moins de 4 entreprises internationales (Areva, Kurion, Hitachi et Toshiba) participent aux étapes de décontamination et parfois avec des procédés inventés ou adaptés pour l’occasion. Première étape : déshuilage (Toshiba), deuxième étape : précipitation, floculation et décantation (Areva), troisième étape : filtration (Kurion), quatrième étape : désalinisation de l’eau (Hitachi), puis enfin : stockage des boues radioactives. Kurion est en fait une startup créée il y à peine un an… C’est le système de Kurion qui a forcé la mise à l’arrêt du processus le 17 juin. Tout cela ne fait pas très sérieux.

La Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (la Criirad), dans un courrier adressé au Premier Ministre François Fillon et au président de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), a demandé d’enquêter sur des dysfonctionnements concernant l’évaluation des conséquences en France de l’accident nucléaire japonais du 11 mars : d’après la Criirad, la france aurait été contaminée dès le 22 mars (soit deux jours avant la date indiquée par l’IRSN), de plus les masses d’air contaminées ont affecté les trois quarts de la France, et non pas le seul sommet du Puy-de-Dôme. L’iode 131 aurait eu un niveau d’activité 20 fois supérieure à celle annoncée lors de la mesure du 24 mars. Nous pouvons facilement le constater sur le site CRITER de l’IRSN : les mesure ne sont disponibles que depuis le 12 mars (pourquoi ?) et ne montre pas d’augmentation significative depuis l’accident contrairement à ce que nous mesurons. Les valeurs, de plus, ne sont 1,8x moins élevées que nos mesures… Autrement dit, l’IRSN a tenté de nous faire le même coup qu’au moment de l’accident de Tchernobyl : la France n’est (miraculeusement) pas touchée…

Nous n’entendons plus parler de la centrale accidentée mais elle est toujours là et ses conséquences pèseront sur la population durant des milliers d’années. Et pendant ce temps là, c’est incroyable, Areva est en compétition avec le Japonais Toshiba pour la construction d’une centrale nucléaire en Finlande ! Oui vous avez bien lu…

http://www.marianne2.fr/Fukushima-l...

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