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GRAIN DE SABLE : présentation de la rétrospective 30 ans de Cinéma Militant

Publie le lundi 29 novembre 2004 par Open-Publishing

LES FILMS GRAIN DE SABLE

Fondé en 1974, le collectif des Films Grain de Sable voit le jour du désir commun de trois jeunes réalisateurs de faire du cinéma. L’organisation en réseau qu’ils privilégient leur permet de faire des films, de les distribuer afin d’avoir de l’argent pour tourner. Sur la base de principes maoïstes, le collectif se consacrent d’abord à une vaste critique de ce que Michel Foucault nommait « les milieux d’enfermements » : écoles, hôpitaux, usines et bien sûr prisons. Une telle plate-forme ne se dissocie pas des luttes internationales, et Les Films Grain de Sable organisent aussi la distribution d’œuvre consacrées à l’Apartheid, à la révolution des œillets, à la violence économique japonaise, aux conflits du Moyen-Orient... Comme l’explique Jean-Michel Carré : « Nous avons toujours privilégié le travail de fond sur la durée, et c’est encore le cas aujourd’hui. À l’époque, nous appliquions les principes maoïstes du centralisme démocratique et le cheminement dialectique ‘pratique-théorie-pratique’ : aller sur le terrain, tourner, prendre l’avis d’intellectuels, de chercheurs sur notre travail, puis repartir sur le terrain. Le cinéma nous paraissait être l’art le plus adéquat pour l’activisme politique. Nous avions, au sein du groupe, chacun un diplôme de prise de vue ou de montage ou de réalisation (obtenu à l’IDHEC), ce qui nous permettait une rotation des tâches, qui désacralisait le rôle du metteur en scène.

Aborder des sujets et des thèmes inexplorés, telle est la préoccupation essentielle qui traverse les réalisations des Films Grain De Sable. Les documentaires doivent être des œuvres "utiles" à la société, montrer l’état du monde dans la multiplicité de ses réalités, mais aussi expérimenter de nouvelles formes, de nouvelles visions du monde.

Les Films Grain De Sable ont produit en 30 ans plus de 250 films de longs et courts-métrages, documentaires et fictions. À vocation internationale, les œuvres produites par Les Films Grain De Sable sont diffusées à la télévision, distribuées en salle et éditées en DVD. Sélectionnés dans des festivals, certains films ont reçu de nombreux Prix.

LA RETROSPECTIVE 2004 - 2005

Les Films Grain de Sable organisent en cette fin d’année 2004, et tout le long de l’année 2005 un projet événementiel proposant un regard rétrospectif sur l’histoire du film documentaire français et étranger.

Ce projet a vu le jour à l’occasion de l’anniversaire des Films Grain de Sable qui fête cette année ses 30 ans. Il s’agit d’une rétrospective des films documentaires, courts et longs-métrages, parmi les plus marquants produits, distribués et diffusés par les Films Grain de Sable depuis sa création.

Un parcours dans toute la France et dans le monde entier est prévu tout le long de l’année 2005 pour cette rétrospective qui se veut un témoignage de 30 ans de création cinématographique et d’analyse documentaire, traitant de thématiques aussi variées que l’univers carcéral, la prostitution, l’éducation, la mondialisation, les droits des citoyens, la solidarité...

Des soirées thématiques seront organisées autour des films, suivies de débats faisant intervenir des réalisateurs, des acteurs du monde associatif, des organisations politiques, etc.

INTERVIEW DE JEAN-MICHEL CARRÉ

Dans quelle mesure les idées qui prévalaient au sein du collectif des Films Grain De Sable au moment de sa création en 1974 sont elles encore d’actualité aujourd’hui ?

En 1974, les gens du Grain de Sable voulaient changer le monde. Il y a encore plus de raison de le changer aujourd’hui, vue ce qui se présente au niveau international...
Peut-être que la seule différence est qu’avant, nous faisions plus des films sur des sujets « Français », maintenant ils se sont internationalisés... Il est évident que la situation a changé : on ne peut pas ignorer les enjeux et les impacts que constituent aujourd’hui la mondialisation et les stratégies des grandes puissances.

Le financement des films documentaires est-il différent ?

Les chaînes publiques donnent de plus en plus de place au divertissement et aux programmes de flux alors que les documentaires voient leur place se réduire de jour en jour et leurs horaires de diffusion repoussés tard dans la nuit. Le Grain De Sable a une très longue histoire qui a débuté par une lutte contre la censure. Maintenant, on assiste à un paradoxe : la demande est présente, mais les budgets du documentaire ne sont pas en augmentation, loin de là.

Quelles sont les perspectives d’avenir des films Grain de Sable ?

Le Grain De Sable a plus que jamais sa raison d’être car il reste encore de grands combats à mener. Il est important de montrer nos films dans le monde entier, par exemple par la mise en place de co-productions internationales au niveau des chaînes car toutes, malgré leurs discours volontiers engagés, restent tout de même asservies au système dans lequel elles doivent aussi leur moyen d’existence. L’idée est donc de multiplier les co-productions pour pouvoir faire de grands films, des films d’investigations comme celui que je viens de terminer sur la tragédie du Koursk et la Russie de Poutine, sans que cela nous empêche de traiter de sujets plus « confidentiels ».

Et la rétrospective ?

C’est l’histoire de 30 ans de production, de luttes et de création artistique : il existe toute une série de films qui n’ont pas du tout été vus par la génération actuelle, parmi lesquels des films cultes comme Kashima Paradise, Alertez les bébés !, Cochon qui s’en dédit... Le Grain De Sable, c’est aussi des films du monde entier qu’on a distribués afin qu’ils échappent à la censure de leurs pays d’origines comme Wadi, Dernière tombe à Dimbaza, Dark circle...
Les jeunes peuvent être étonnés de voir la manière qu’on avait de s’engager et les formes que prenait notre implication...Il s’agissait avant tout de faire fonctionner un cercle de citoyen allant de la production à la diffusion : un film nous permettait d’en faire un autre et ainsi de suite tout en étant certain qu’il serait vu et accompagné par des débats. L’engagement était total, mais il s’agissait aussi de faire des films qui peuvent durer. Notre volonté a également toujours été, et ce dès le départ, de concevoir ces films comme des moyens de relais de combats comme ceux des femmes du MLAC, de la mondialisation ou bien encore de l’école. Ces derniers parlent de problèmes qui restent d’actualité. La manière même dont ils ont été faits donne aussi des exemples d’un engagement pour un cinéma militant.
Une rétrospective nous permet avant tout de faire découvrir à un large public des sujets qui ont été traités en profondeur, du fait du travail par cycle qui a été réalisé au Grain de Sable. Notre catalogue de films comprend un panel de problématiques très large, susceptible d’intéresser tout type de personnes et d’être débattus...
On le voit d’ailleurs aujourd’hui dans le circuit associatif qui continue d’utiliser cette façon d’ouvrir le dialogue.

Comment conclure ?

Continuer à faire des films pour que la lutte continue !

Programme du 2 au 7 décembre 2004 à 20h00
au Cinéma l’Entrepôt
7-9 rue Francis de Préssensé,
M° Pernety.

NOVEMBRE :

 dimanche 28 : Dark Circle de Judy Irving, 1983, 80’.
film contestataire et militant contre l’économie du nucléaire.
 lundi 29 : Galère de femmes de Jean-Michel Carré, 1990, 90’
suivi d’un débat avec le réalisateur et M.Gabriel Mouesca, directeur de l’OIP, Observatoire Internationale des Prisons.
Portraits de sept femmes pendant leurs détentions à Fleury-Mérogis puis dans leurs tentatives de réinsertion.
 mardi 30 : Dernière tombe à Dimbaza, anonyme, 1983
Réalisé par des sud-africains, ce film décrit les conditions de vie inhumaines des noirs dans ce pays où parler de l’apartheid pouvait conduire à l’emprisonnement.

Portrait de Nelson Mandela de Franck Dimand, 1980
Projeté pour la première fois lors d’une réunion de solidarité au Parlement britannique, ce film a été terminé en 1980, quand Mandela, après 16 ans de captivité, continuait d’animer les mouvements de résistance au régime de l’apartheid.

Décembre :

 jeudi 2 : Bon Peuple Portugais,de Ruiz Simoes (1982), 110’
Lisbonne, 25 avril 1974, sous le mouvement impulsé par les capitaines, la gauche prend le pouvoir et abat trente-cinq années de fascisme. Après la victoire et l’espoir, c’est le repli et l’échec, l’impuissance...
 vendredi 3 : Charbons Ardents de Jean-Michel Carré (1998), 90’
En avril 1994, galvanisés par la lutte contre le gouvernement Thatcher, les travailleurs de la mine de charbon TOWER COLLIERY décident de racheter “leur mine” avec leurs indemnités de licenciement. Aujourd’hui, la mine est organisée en coopérative et n’a jamais été aussi rentable.
 lundi 6 : Visiblement je vous aime de Jean-Michel Carré (1995), 90’
Tourné en lieu réel, ce long-métrage de fiction raconte l’histoire de Denis Lavant, un jeune délinquant arrêté pour agression qui doit choisir entre l’emprisonnement et un stage de réinsertion dans le centre “Coral”, “lieu de vie” pour jeunes autistes et psychotiques.
 mardi 7 : Galère de femmes de Jean-Michel Carré (1993), 90’
En présence du directeur de l’OIP.
Ce long-métrage documentaire trace les portraits de sept femmes pendant leur détention à Fleury-Mérogis puis leur tentative de réinsertion.
Identité et paroles : une profonde réflexion sur le problème de l’emprisonnement et de la réinsertion.
 mercredi 8 : L’enfant prisonnier de Jean-Michel Carré, 1976, 20’
Ce film analyse sous forme de fiction les aberrations que subit inconsciemment un enfant de neuf ans dans sa vie quotidienne (famille, médias, environnement, école où il apprend à intégrer la norme, le système hiérarchique et l’échec)
On est pas des minus de Jean-Michel Carré, 1984, 50’
Au travers de reportages effectués à l’école de Vitruve en 1981 et 1982, ce film est une réflexion sur le travail, la parole et l’école.
 jeudi 9 : Cochon qui s’en dédit de Jean-Louis Le Tacon, 1980, 40’
Ce film traite du rapport d’un homme à son travail. Les gestes simples du travail quotidien le ramènent à ses fantasmes, la castration, la mutilation, l’univers concentrationnaire de l’élevage.
Le rôdeur de Jean-Louis Le Tacon, 1993, 25’
Tableau de la vie d’une artiste, Toi Curtis, face à sa maladie, le Sida.
 lundi 13 : SOIRÉE PROSTITUTION, avec Les Trottoirs de Paris, 1994, 52’et Les Clients des Prostituées, 1996, 52’ de Jean-Michel Carré
 mardi 14 : SOIREE FLUXUS avec Fluxus or not Fluxus de William Streik, 2004
Suivi d’un débat et des performances de Michel Giroud (« Caramba el coyote action - o - clairon bouché ») et de Charles Dreyfus (« j’ai le Fluxus entre deux rocking chair ») En présence de Bertrand Clavez et Nicolas Feuilly (historiens), de Ben Vautier (sous réserve) et du réalisateur William Streik.
 mercredi 15 : Wadi de Amos Gitaï, (sous réserve) 1981, 40’.
Ce film décrit la vie d’arabes et de juifs habitant dans un lieu isolé près de Haïfa. Les circonstances et les histoires personnelles reflètent d’une manière plus large la situation politique et sociale du Proche-Orient.
Il y a tant de chose encore à raconter de Omar Amiralay, 1997, 55’.
Quelques mois avant la mort du dramaturge syrien Saadallah Wannous, son ami Omar Amiralay lui donne la parole. Le film est un témoignage sur leur génération, celle du conflit israélo-arabe.
 jeudi 16 : Cochon qui s’en dédit, 1980, Le rôdeur, 1993 de Jean-Louis Le Tacon
 samedi 18 : The Soul of Stax de Philip Priestley, 1994, 60’ en présence du réalisateur
 dimanche 19 : Koursk, un sous-marin en eaux troubles, 2004,70’
de Jean-Michel Carré,
En Août 2000, le plus sophistiqué des sous-marins nucléaires russes, le Koursk, coule avec ses 118 membres d’équipage dans la mer de Barents. Les véritables raisons de cette tragédie n’ont jamais été élucidées. Quatre années plus tard, à la suite d’une très longue investigation en Russie et à l’étranger, ce film met enfin en lumière des faits étonnants, totalement occultés par le pouvoir
 lundi 20 : Soirée Lionel Soukaz avec :
Maman que Man (1982) et Tino (1986)
Cinéma expérimental, en présence du réalisateur.
 mardi 21 : Votre enfant m’intéresse de Jean-Michel Carré, 1981
La famille, l’amour maternel, la fragilité de l’enfance, l’école, le travail quotidien, l’intimité du foyer... Autant de valeurs, d’idée reçues qui nous paraissent si naturelles et qui pourtant sont si souvent en faillite... En mélangeant des scènes réelles à la fiction, ce film s’interroge sur ces valeurs et leur histoire, afin de porter un autre regard sur la crise actuelle des institutions et d’entrevoir d’autres possibles...

CINEMATHEQUE FRANÇAISE

42, Bd Bonne Nouvelle, 10ème ,
M°Bonne Nouvelle.

 26 novembre : Soirée Internationnalisme :
Conflits au Moyen-Orient / La révolution des Œillets.

19h Le Plat de Sardines de Omar Amiralay, 1993, 18’
Ou la première fois où j’ai entendu parler d’Israël...
Wadi et The House de Amos Gitai,1981

21h30 Bon peuple Portuguais de Ruiz Simoes, 1982, 110’.
Lisbonne, 25 avril 1974, sous le mouvement impulsé par les capitaines, la gauche prend le pouvoir et abat trente-cinq années de fascisme. Après la victoire et l’espoir, c’est le repli et l’échec, l’impuissance...

 10 décembre : Le Grain et les Arts - Les milieux d’enfermements,exemple de l’école.

19h The Soul of Stax de Philip Priestley, 1994, 60’.
C’est avant tout l’histoire d’une musique, la Soul, et d’une maison de disque, STAX qui, à travers des artistes comme Otis REDDING et Isaac HAYES, reste gravée dans les annales de la musique noire américaine.

Fluxus or not Fluxus de William Streik., 2004, 52’

21h30 L’Ecole est Finie de Jules Celma, 1975, pamphlet sur l’école

Le Ghetto Expérimental de Jean-Michel Carré et Adam Schmedes, 1974 Premier film à ce jour sur l’université de Vincennes Paris VIII. Ce film se veut un document sur la signification politique de Vincennes et de l’université en général.

La programmation à la Cinémathèque française an janvier 2005

Pour plus d’informations, www.films-graindesable.com
Tel : 01 43 44 16 72 / gds@films-graindesable.com