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Goodyear Amiens-Nord : deux dirigeants séquestrés

Publie le lundi 6 janvier 2014 par Open-Publishing
11 commentaires

Deux dirigeants de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord sont séquestrés dans une salle de réunion depuis 10H30 par la CGT et des salariés.

Des salariés de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord (Somme), menacée de fermeture, séquestrent depuis 10H30 ce lundi 6 janvier deux dirigeants de l’usine. Le directeur de production de l’usine, Michel Dheilly, et le DRH de l’usine, Bernard Glesser, sont retenus "dans le calme" "entre l’usine et les bureaux de la direction", dans une salle de réunion dont la porte est bloquée par un imposant pneu agraire, a rapporté Franck Jurek, secrétaire adjoint (CGT) du comité d’entreprise d’Amiens-Nord.

La CGT avait rendez-vous ce lundi matin 6 janvier avec le directeur, mais "toute l’équipe de weekend", soit 200 salariés, est venue "pour essayer de mettre la pression sur la direction". "On veut revenir à la table des négociations, c’est-à-dire un plan de départs volontaires et voir s’il y a un repreneur, et s’il n’y a pas de repreneur, un plan de départs volontaires pour tout le monde avec énormément de fric", a lancé le syndicaliste.

Changement de "tactique" de la CGT

La CGT espère l’application d’une version "améliorée" d’un plan de départs volontaires abandonné en 2012. "On perd tout en justice, alors on a changé de braquet. On a eu une réunion de bureau samedi matin et on a décidé avec les ouvriers qu’il fallait qu’on change de tactique", selon Franck Jurek. Les procédures judiciaires lancées par la CGT ou le CHSCT de l’usine se sont multipliées, sans succès, depuis l’annonce le 31 janvier par la direction de Goodyear de la fermeture de l’usine d’Amiens-Nord, qui emploie 1.173 personnes.

"Même si il faut attendre trois ou quatre jours, ils ne sortiront pas. On va chercher des matelas, tout, on dort là", a-t-il encore indiqué. Les deux dirigeants ont pu avoir de l’eau et disposent encore de leurs téléphones portables, selon la CGT. La direction de l’entreprise n’a pour l’instant pas saisi la préfecture de la Somme.

http://www.rtl.fr/actualites/info/article/goodyear-amiens-nord-deux-dirigeants-sequestres-7768564939

Messages

  • On remarquera que dans le titre et le corps de l’article, on utilise plusieurs fois le terme séquestrer privilégié par toute la presse avant de dire que les dirigeants sont retenus dans le calme.

    Ce n’est pas du tout neutre de choisir entre ces deux expressions car la première est une qualification pénale comme ce n’est pas neutre de parler de "plan social" au lieu de "licenciement massif qui n’est pas considéré comme un délit ou un crime alors que les conséquences sont tragiques".

    • Absolument d’accord avec toi Pilhaouer !

      (et bonne année donc ;))

      LL

    • en fait, il s’agit d’ une assignation à résidence qui sera levée en cas de bonne conduite ?

    • Merci , Bonne Année aussi ! Mais "je hais le nouvel an !"

      En 2008 le Ministre Indien du Travail avait fait cette déclaration pour laquelle on lui fit présenter ensuite des excuses :

      "Cela devrait servir d’avertissement aux cadres dirigeants. Les travailleurs doivent être traités avec compassion. Ils ne doivent pas être poussés à bout, au point qu’ils fassent ce qui s’est passé à Noida"

      C’est que, à Noida, des ouvriers licenciés avaient tué leur patron à coup de barre de fer, ce qui est généralement déconseillé par le règlement intérieur.

      En 2012, toujours en Inde, les ouvriers de Maruti Suzuki ont attaqué leurs contremaitres puis brûlé une partie de l’usine et accessoirement le directeur du personnel.
      Ils ont obtenu une augmentation de 75% !

      Comme le dit Delarue, dans son article dont j’ai oublié le titre, "les races religieuses" peut-être ou "pourquoi je ne suis pas tellement islamophobe ?", enfin quelque chose d’approchant, "L’alternative "vivre ensemble" reste la fraternité"

      A propos de séquestration, ça fait quand même un certain temps que Hollande n’est pas sorti de chez Gattaz !!!

  • Devant une justice et gouvernement aux ordres des patrons et des finances, les Salarié(e)s ont un très bonne réaction. Ces deux citoyens ne sont pas séquestrés, mais des millions de privés d’emploi ont été plongé dans la misère par des tristes individus comme ces 2 valets de goodyear. Tous ensembles pour soutenir ce mouvement de justice.

  • Je partage les commentaires.

    Un mot :

    Sans rien lâcher du soutien aux copains d’Amiens..il est hélas à voir, pour tenter de le modifier, ou en est le rapport de forces et ou dérivent les repères de CLASSE.

    Le Capital conduit des hommes désespérés et à bout..à retenir des patrons pour que la casse de l’outil de production..soit "négociée" ..pour des clous de cercueil un peu plus dorés..

    Ce n’est pas de ma part , un commentaire de morgue et de suffisance..Je connais le monde du travail, les luttes, le souci de" tenir" avec des objectifs qui "rassemblent" et prennent en compte une réalité.du moment...

    J’ai été militant de la CGT.

    Mais être AVEC les Good YEAR, c’est aussi mesurer ensemble, ce qu’il nous faut déployer comme type de militantisme-pparfois avec des incompréhensions de nos camarades de travail- pour éviter que la classe ouvrière soit totalement désarmée..

    Cordialement

    • sont-ils au courant à la confédé CGT de ce qui se passe chez GOODYEAR ?, sauf erreur de ma part qui sera rapidement corrigé par les pro-MONTREUIL , je n’ ai pas entendu de déclaration de soutien , pas de communiqué , rien sur le site , nos dirigeants seraient-ils également " séquestrés " par des militants mécontents de la ligne réformiste ? ou sont—ils accaparés par la prochaine réunion organisée par le comité économique et social le 22 janvier :

      ordre du jour du forum : " LE NOUVEAU VISAGE DU SYNDICALISME "

      participants invités : carole COUVERT présidente de la CGC , thierry LE PAON secrétaire général de la CGT , laurent BERGER secrétaire général de la CFDT , pierre GATTAZ président du MEDEF , ce forum sera présidé par pierre ROUSSEL président du cercle de l’excellence et DRH de VIVENDI ...

      Les travaillleurs de GOOD-YEAR n’ont pas à s’en faire les participants de ce forum vont certainement s’occuper de leur cas et grace au syndicalisme rassemblée avec les patrons qui les jettent à la rue leur expliquer "qu’ on y peut rien" " c’est la crise" il faut attendre une solution européenne , creer une commission à la CES pour réfléchir sur le chomage en europe et que dans l’attente 15000 euros de prime de licenciement ce n’est déja pas si mal ...

      Je sais je suis très mauvaise langue et trop dure avec notre confédé qui fait ce qu’elle peut , et bien OUI JE PERSISTE ET JE SIGNE ...

    • sont-ils au courant à la confédé CGT de ce qui se passe chez GOODYEAR ?, sauf erreur de ma part qui sera rapidement corrigé par les pro-MONTREUIL , je n’ ai pas entendu de déclaration de soutien , pas de communiqué , rien sur le site , nos dirigeants seraient-ils également " séquestrés " par des militants mécontents de la ligne réformiste ? ou sont—ils accaparés par la prochaine réunion organisée par le comité économique et social le 22 janvier :

      ordre du jour du forum : " LE NOUVEAU VISAGE DU SYNDICALISME "

      participants invités : carole COUVERT présidente de la CGC , thierry LE PAON secrétaire général de la CGT , laurent BERGER secrétaire général de la CFDT , pierre GATTAZ président du MEDEF , ce forum sera présidé par pierre ROUSSEL président du cercle de l’excellence et DRH de VIVENDI ...

      Les travaillleurs de GOOD-YEAR n’ont pas à s’en faire les participants de ce forum vont certainement s’occuper de leur cas et grace au syndicalisme rassemblée avec les patrons qui les jettent à la rue leur expliquer "qu’ on y peut rien" " c’est la crise" il faut attendre une solution européenne , creer une commission à la CES pour réfléchir sur le chomage en europe et que dans l’attente 15000 euros de prime de licenciement ce n’est déja pas si mal ...

      Je sais je suis très mauvaise langue et trop dure avec notre confédé qui fait ce qu’elle peut , et bien OUI JE PERSISTE ET JE SIGNE :

      A LA CGT LA BASE EST SAINE MAIS LA TETE EST POURRIE ...SOLIDARITE TOTALE AVEC LES GOOD-YEAR !!!

    • Séquestration syndicale et éthique de situation. P Franchet & C Delarue

      http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/080114/sequestration-syndicale-et-ethique-de-situation-p-franchet-c-delarue

      Les salariés de Goodyear Amiens Nord ont retenus 2 cadres de leur entreprise pendant un jour et une nuit pour obtenir l’ouverture de négociations pour connaître une éventuelle reprise de l’entreprise ou à défaut des indemnités substantielles de départ.

      A de très rares expressions près, ce fut l’occasion d’un déferlement de haine médiatique dirigée contre ces salariés« irresponsables » qui entravent « la liberté de circulation ».

      Nous avons participé déjà à une séquestration collective dans le privé (en 1996 à l’usine Panpharma à Fougères-Ille et vilaine) à la demande des salariés de l’entreprise. Les bâtiments avaient brulé. Le patron voulait licencier les salariés sans indemnité ni préavis en invoquant un « cas de force majeure ». En fait, l’entreprise, spécialisée dans les médicaments génériques, avait omis de payer l’assurance, malgré des bénéfices très conséquents. Les salariés risquaient de perdre leur emploi et de se retrouver sans rien du jour au lendemain.

      Ce type de situation extraordinaire (retenir des employeurs) détonne avec les pratiques syndicales habituelles que nous connaissons dans la fonction publique et ne peut se comparer aux envahissements massifs de comité paritaire dans le public afin de faire pression sur un directeur public et encore moins à des blocages d’unités de services. Le sentiment de crise exceptionnelle est très intense dans le premier cas, moins dans les autres.

      La décision syndicale d’une séquestration illégale d’un directeur, d’un patron, d’un responsable d’une unité de travail privée ou publique ne se prend pas à la légère. Qu’il y ait ou non « derrière » la « finance ». Ce n’est pas un jeu, ni l’initiative isolée d’une personne en détresse soudainement incapable d’assurer une ordinaire maîtrise de soi ; c’est nécessairement une décision collective, mûrement réfléchie quant à ses implications. Elle intervient toujours alors que tous les autres moyens de sortir de l’ornière ont été pris en vain. Le sentiment d’exception est vif ! Les travailleurs concernés (avec parfois leur famille) ont un vif sentiment d’injustice doublé de celui d’être les victimes de la situation.

      Décision grave mais aussi décision prise très souvent dans un contexte tendu, d’affrontements et d’exaspérations. Dans les collectifs de résistance qui continuent la lutte il y a souvent de l’agressivité, de la colère qui se mêle à d’autres sentiments. Mais pour autant, il est bien rare, que ces séquestrations aux formes diverses, débouchent sur des humiliations ou des violences directes à la personne. Ici tout dépend de la « culture d’entreprise ». Ici ce qu’il importe de souligner c’est que, bien souvent, malgré l’énervement et la fatigue, une certaine dignité humaine continue d’être appliquée. Le patron a droit au café comme nous, il mange comme on mange, il dort comme on dort. Il n’est pas humilié, insulté, injurié. Pas de racisme, pas de sexisme ! Si une plaisanterie douteuse surgit (souvenir : « alors, guignol, tu fais moins le malin ») elle est immédiatement critiquée par ceux ou celles qui gèrent au plus près le conflit. En somme il y a bien une déontologie de la lutte illégale. Le philosophe Badiou dirait : une éthique de situation.

      C’est qu’une séquestration a des phases tendues et d’autres plus relâchées. Il faut savoir si le patron est près à lâcher sur certaine revendications. Quand un syndicaliste mène le questionnement l’autre regarde comment le patron réagit. Est-ce qu’il s’énerve un peu avec ses jambes ou avec son stylo ou sa petite cuillère. Est-ce qu’il lâche une nouvelle interprétation de l’accord ? Il y a un côté interrogatoire de police ! Pour une fois, c’est un col blanc qui est du mauvais coté. Mais ce n’est pas un film !

      Aujourd’hui, les salariés sont soumis à des licenciements de la part d’entreprises qui sont viables mais dont la stratégie financière conduit à la liquidation d’unités de travail, laissant sur le carreau des familles.

      A la violence patronale du licenciement (dont il n’est jamais parlé) et quand le jeu démocratique et les démarches juridiques ne donnent rien, il est parfaitement légitime que la réponse sociale sorte des « clous » de la légalité ! Le « partenariat social » (être d’accord sur les règles du jeu) a des limites que le patronat transgresse sans état d’âme.

      Il n’a en retour que la réponse à sa propre violence !

      Pascal Franchet et Christian Delarue, syndicalistes CGT aux finances publiques