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Métisse, une élue est menacée de mort à Dax
L’auteur d’une lettre anonyme menace de tuer les enfants de Géraldine Madounari si elle ne démissionne pas du Conseil municipal de Dax
Les élus de la cité thermale sont encore sous le choc. Le 6 septembre dernier, Géraldine Madounari, cette conseillère municipale socialiste de 34 ans, membre de la majorité de Gabriel Bellocq, a reçu à son domicile dacquois une lettre anonyme d’une violence rare. Un courrier, sans enveloppe, tapé à l’ordinateur dans lequel l’auteur la menace, en des termes particulièrement odieux, de tuer ses enfants si elle ne démissionne pas du Conseil municipal. Au prétexte, écrit-il, qu’elle : « n’est pas une vraie Dacquoise » et qu’elle n’a rien à faire « là ».
Par « là », il faut entendre à Dax bien sûr, mais aussi et surtout en France. Car la haine de l’auteur de ces lignes ne repose que sur un seul point, dont il ne se cache en aucun cas : les origines de Géraldine Madounari et de son mari. Un couple dont les trois enfants ont hérité des racines antillaises de leur maman et algériennes de leur papa. Un métissage insupportable aux yeux de l’auteur et plus encore quand il est incarné par une élue de la République. « Pourtant, réplique-t-elle, c’est la France d’aujourd’hui. »
De la peur à la colère
Quinze jours après avoir reçu ce courrier et porté plainte, ce n’est plus la peur qui domine la jeune femme, comme cela fut le cas dans les premières heures qui ont suivi la lecture de ces menaces de mort, mais la colère. « Pour ceux qui se posent la question, je ne démissionnerai pas, assure-t-elle. On s’attaque à ma couleur de peau, à mon mari, à mes enfants, mais je suis dacquoise. Ça fait onze ans que je suis installée ici. » Si les Dacquois l’ont découverte à la faveur de l’élection de Gabriel Bellocq en 2008, elle a toujours milité dans le milieu associatif et les mouvements humanistes comme SOS-Racisme, le MRAP ou la Ligue des droits de l’Homme : « Je viens d’une famille militante où l’on parlait beaucoup de tolérance et de la différence, raconte-t-elle. Pendant trois ans, dans l’école de mes enfants, j’ai organisé des débats sur les discriminations au sens large. Mais je ne pensais pas que je pourrais recevoir de telles menaces. Je ne pense pas à moi en tant que femme de couleur ou en tant que métisse antillaise, je pense en tant que Dacquoise et citoyenne du monde. »
Un rassemblement samedi
Toutefois, comme elle, Gabriel Bellocq, le maire de Dax, rapproche cette attaque xénophobe du contexte national ambiant : « Cette lettre est immonde et inacceptable, dit-il. Et dans le climat général en France où certains hauts responsables se livrent à la stigmatisation de certaines populations, on voit où ça conduit. Tout ce qui était contenu est aujourd’hui libéré. La devise de ce pays est : liberté, égalité, fraternité. Et il est temps de le rappeler. »
Ainsi, Gabriel Bellocq a décidé d’organiser un rassemblement pacifique, samedi matin, devant le parvis de la mairie à 10 heures. En attendant, si l’enquête se poursuit pour identifier l’auteur de cette lettre, Géraldine Madounari n’a pas l’intention de se cacher. Bien au contraire. « Ça m’a donné l’envie de me battre, prévient-elle. Je réfléchis aux actions que je pourrais mener en tant qu’élue pour m’emparer du sujet. » C’est ce qui s’appelle une réponse.