Accueil > Grève des cheminots, les adhésions augmentent

Grève des cheminots, les adhésions augmentent

Publie le dimanche 16 janvier 2005 par Open-Publishing


Le refus des confédérations syndicales n’influence pas les choix de dizaines de Représentations syndicales unitaires (Rsu). Arrêt des trains à partir de dimanche 21 heures.
La menace de la "réforme" de la loi sur la sécurité du travail : elle dépénalise les responsabilités de l’entreprise et annule le rôle des représentants élus


di FRANCESCO PICCIONI

Grève inhabituelle, certainement, que celle qui débutera dimanche soir à 21 heures et continuera jusqu’à la même heure lundi. Grève sentie, avec tout autant de certitude. "Même l’usager s’y attend", disent les cheminots. Les 17 morts de Crevalcore ont mis en mouvement une dynamique qu’il est vraiment réducteur d’appeler syndicale. Et ils ont mis en difficulté flagrante toutes les organisations reconnues,
en commençant par celles qui ont signé le dernier contrat national. Inhabituelle,
parce que - pour la première fois - elle a été proclamée par les Représentants
pour la sécurité du travail (Rls), c’est-à-dire par des délégués régulièrement élus
dans chaque secteur fonctionnel et non par des organisations syndicales. Lesquelles,
au contraire, ont pris leurs distances en renvoyant toute décision de grève éventuelle à une
assemblée qui aurait lieu le 27 janvier. Les seules organisations qui ont ouvertement
soutenu l’initiative sont le Sult, la Cub, la Cnl et le Sincobas. Mais les adhésions
annoncées vont bien au-delà de leurs adhérents. Et même la bénédiction du doyen
des mécaniciens en lutte, Ezio Gallori, est arrivée.

"Tous les Rls n’ont pas signé", proteste l’entreprise, en rappelant qu’il y en a 560 dans toute l’Italie. La réponse de Dante De Angelis, un des signataires de l’agitation est légèrement ironique : " Ils n’ont jamais voulu nous écouter, mais maintenant ils nous comptent". Et en ce moment même, les adhésions foisonnent. Toutes les Rls des mécaniciens, par exemple, qui s’étaient donné rendez-vous à Rome déjà avant l’accident ; des dizaines de Rsu (représentations syndicales unitaires, élues elles aussi dans les secteurs fonctionnels), y compris certaines qui font clairement référence à la Cgil ou à l’Orsa. Ce dernier est le syndicat qui souffre peut-être le plus : au moins trois ou quatre secrétariats régionaux ont adhéré officiellement. Mais même les confédérations (Cgil, Cisl, Uil) sont en train de donner l’impression de laisser faire sans s’opposer frontalement à une grève qui recueille de très vastes consensus. "La seule prise de conscience diffuse - explique Alberto Russo, rls à Bologne - est qu’aucun syndicat, à lui seul, n’arrive à rien, indépendamment du fait qu’il soit fort ou faible". Et en toile de fond, il y aussi le projet de "réforme" de la loi sur la sécurité au travail qui dépénalise les obligations à respecter par l’entreprise et annule de facto les potentialités des représentants des travailleurs (moins de droit à l’information, moins d’accès aux documents, moins d’accessibilité en général).

"Nous avons été contraints à déclarer cette grève - ajoute De Angelis - par le fait que le groupe Fs n’a jamais donné aucun poids aux dizaines de dénonciations présentées en matière de sécurité. L’accident a tragiquement démontré que les choses que nous dénonçons depuis des années ne sont pas seulement vraies mais actuelles". C’est une situation de tension qui concerne tous les cheminots, pas seulement les mécaniciens (comme essaient de minimiser quelques grands journaux). Et qui rend évident - aux yeux des cheminots - le peu de fondement du "non à la grève".

Pour aujourd’hui, la Commission de garantie a convoqué à Rome les signataires de la déclaration de grève ; mais le président Antonio Martone, lors d’une interview, a déjà considéré "légitime" cette grève, née d’ "un fait grave". Il est toutefois probable qu’il demande son renvoi à une autre date. Entre-temps les Fs ont annoncé par un fax au parquet de Bologne qu’ils commenceraient le 1er juillet les travaux de mise en sécurité du tronçon Vérone-Bologne, initialement prévus pour 2007. Cela suffira-t-il à rassurer les magistrats ?

Le ministre des infrastructures enfin, Pietro Lunardi, en parlant devant la Commission transport du Sénat a cité des analyses internationales dont il résulterait que les chemins de fer italiens sont un "modèle de sécurité". Mais il a aussi admis qu’il fallait au moins 5,7 milliards d’euros pour les équiper de deux systèmes de contrôle plus adaptés (le Système de contrôle de la marche des trains, ou Smct ; les Systèmes de contrôle de la circulation, ou Scc ; et les Systèmes de communication via radio, ou Gmsr). Dommage que, comme le rappelle la sénatrice verte Anna Donati, "le gouvernement Berlusconi a coupé les ressources destinées à renforcer le réseau existant" pour les destiner "à la liste des grands ouvrages".

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao

 http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...