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Grippe A : les centres de vaccination sous pression
Publie le mercredi 25 novembre 2009 par Open-Publishingde ALAIN PEREZ
Les horaires d’ouverture des centres de vaccination vont être élargis pour faire face à la demande croissante de vaccination. Principale difficulté : les réquisitions en urgence de professionnels de santé.
Les chiffres sont éloquents : avant-hier, 3.005 personnes ont été prises en charge dans les 12 centres de vaccination de Paris contre 1.092 volontaires enregistrés dix jours plus tôt. Ce quasi-triplement de la fréquentation des CDV se vérifie dans la plupart des 1.000 centres ouverts dans l’Hexagone depuis le 12 novembre, le nombre de personnes vaccinées ayant atteint 70.000 samedi. Au soir du 21 novembre, 305.000 personnes étaient vaccinées, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Personne n’est pour l’instant capable d’expliquer ce brusque revirement de l’opinion en faveur de la vaccination intervenu le week-end dernier.
En théorie cependant, on reste loin du seuil de saturation. Les centres ont été dimensionnés pour traiter entre 700 et 1.000 personnes par jour (soit jusqu’à 500.000, voire 1 million de personnes au total). Dans les grands centres urbains, un doublement de la capacité de traitement est en principe possible, en rajoutant une seconde, voire une troisième « chaîne de vaccination ». Mais, en pratique, le facteur limitant se situe dans la disponibilité du personnel chargé des opérations.
Une organisation rigide
Pour fonctionner correctement, une unité de vaccination réclame la présence d’une quinzaine de personnes : 10 professionnels de santé (médecins et infirmières) venant du secteur hospitalier ou libéral mobilisés par vacations de quatre heures. Ils sont assistés par 5 agents administratifs. En gros, le fonctionnement du millier de centres va mobiliser environ 10.000 médecins et infirmières pendant plusieurs semaines, compte non tenu des équipes mobiles de vaccinateurs qui commencent à partir d’aujourd’hui leur tournée dans les lycées et collèges (lire ci-contre).
Cette charge de travail exceptionnelle s’ajoute à la fréquentation en nette hausse dans les cabinets médicaux et les services d’urgences hospitaliers, encombrés par les nombreux syndromes grippaux habituels (bronchiolites, rhinites).
Plusieurs mesures ont été annoncées hier pour fluidifier le système : la réquisition de médecins libéraux et l’extension des horaires d’ouverture des centres (y compris le samedi), qui, pour certains, n’étaient jusque-là ouverts que deux jours par semaine. « Bien entendu, on va augmenter les personnels, on va augmenter les horaires d’ouverture », a indiqué hier Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé.
Flacons de 10 doses
Mais deux controverses persistent. La première a trait au suivi administratif de la campagne. Compte tenu de la disponibilité progressive des vaccins, de l’inconnue pesant sur le nombre d’injections nécessaires, de l’existence de plusieurs fournisseurs et de la nécessité de procéder à une pharmaco-vigilance stricte, la Direction générale de la santé (DGS) a retenu une organisation rigide adaptée à une vaccination de masse. Résultat, un patient qui se présente dans un CDV passe plus de temps dans des formalités que dans l’injection.
La deuxième source de conflit réside dans la présentation des vaccins. Pour des raisons d’efficacité industrielle, ils sont conditionnés en flacons de 10 doses et non pas en doses individuelles comme les vaccins habituels disponibles dans les pharmacies. Les médecins libéraux estiment néanmoins aujourd’hui qu’ils sont capables de gérer ces deux contraintes et qu’ils pourraient donc vacciner rapidement. Un scénario exclu par le gouvernement.
La pression sur les centres de vaccination rend d’autant plus cruciale la possibilité de vacciner les personnes en une seule fois (pour les plus de dix ans) et non plus via 2 doses à quinze jours d’intervalle. A la suite de l’avis de l’Agence européenne, la ministre de la Santé a saisi l’Afssaps en urgence et pourrait faire des annonces demain sur le sujet.
http://www.lesechos.fr/info/sante/020235741700-grippe-a-les-centres-de-vaccination-sous-pression.htm