Grippe aviaire : Catastrophe sanitaire redoutée en France

de Sophie

Deux spécialistes français en pneumologie de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière tirent la sonnette d’alarme et mettent en garde les autorités françaises contre le manque de préparation de la France en cas de contamination de sa population par le virus de la grippe aviaire : Un scénario de plus en plus réaliste qui devrait devenir réalité dans les prochains mois.

Les deux médecins déclarent dans un rapport aux autorités sanitaires françaises : "La liste des problèmes posés nécessite une coordination située au plus haut niveau de l’Etat, en coopération étroite avec nos partenaires européens et avec les pays amis. De la préparation et de la concentration des décisions dépendront de façon critique l’ampleur de l’épidémie et le nombre de ceux qui en mourront".

Selon les deux spécialistes, la pandémie de grippe aviaire reste hautement " probable ", et la France doit prendre des décisions " de façon urgente " pour y faire face. En cas de mutation du virus qui provoquerait inévitablement une pandémie mondiale : " On estime entre 9 et 24 millions le nombre de cas de grippe humaine en France si les mesures préventives ne sont pas prises ".

Selon les médecins de l’hôpital Pitié salpêtrière, en cas de pandémie, la France serait dans l’incapacité même d’apporter des traitements préventifs aux populations critiques (personnels de santé, de sécurité, de secours, de certains transports ou services) à l’aide de l’antibiotique " Tamiflu ", un anti viral préventif et curatif classiquement utilisé pour prévenir les pandémies : En effet les stocks de Tamiflu sont environ de 130 millions de comprimés alors qu’il en faudrait quelques 360 millions et que les capacités des laboratoires français à fabriquer ce médicament sont largement insuffisantes.

Le rapport des deux médecins précise que cette évaluation d’un scénario catastrophique mais " réaliste " ne tient pourtant pas compte de l’utilisation du Tamiflu curatif pour les malades qui seraient déjà atteints par le virus H5N1.

La note des deux médecins précise que " des décisions politiques doivent être prises au plus haut niveau de manière urgente " et qu’il faut dès maintenant prévoir l’éventualité de vaccination préventive de certaines populations contre la pneumonie à pneumocoque, une des complications les plus fréquentes de la grippe.

Les deux pneumologues précisent aussi dans leur rapport que " en ce qui concerne les autres moyens (masques, gants), la situation est encore plus inadaptée aux risques avec des stocks qui, dans le meilleur des cas, couvrent les besoins de quelques jours en milieu hospitalier ".

D’autres mesures sont à prendre en cas de crise, et la France n’y est pas préparée, telle la possibilité en cas d’épidémie de fermetures des salles de spectacles, des limitations d’accès aux transports en commun et aux supermarchés et de l’aménagement éventuel de lieux de quarantaine dans les aéroports, etc.

Rappelons que depuis quelques années l’Organisation Mondiale de la Santé estime qu’une pandémie pourrait faire jusqu’à 100 millions de morts dans le monde si le virus H5N1 de la grippe aviaire mutait et devenait facilement transmissible entre humains : Un mode de transmission inter-humain que le virus semble dors et déjà avoir réussi à franchir et qui fait craindre que l’épidémie mondiale ne soit maintenant plus qu’une affaire de temps.

En réagissant à ces propos alarmistes des spécialistes de la Pitié salpêtrière, le ministre français de la santé, Philippe Douste Blazy, a quant à lui déclaré que la France est " le premier pays européen à avoir parfaitement préparé une éventuelle épidémie de grippe aviaire (...) La France a parfaitement préparé une éventuelle épidémie en commandant en octobre 2004, aux laboratoires Roche, 13 millions de traitements de Tamiflu, chaque traitement étant constitué de 10 comprimés. (...) La France est un des rares pays avec les Etats-Unis, la Canada, le Japon et l’Australie, à avoir constitué de tels stocks, permettant un traitement précoce d’éventuels malades atteints de grippe aviaire durant la pandémie ".

Les autorités françaises sont - elles inconscientes ou bien les spécialistes de l’hôpital Pitié salpêtrière sont ils trop alarmistes ? Alors que les politiques français apportent le " principe de précaution " dans tous leurs discours, il semblerait que la réalité soit tout autre et que le gouvernement mise sur une dramatisation des risques d’une pandémie qu’ils espèrent ne jamais voir se réaliser. Le risque est pourtant colossal et cette pandémie risque pourtant de faire en Europe bien plus de morts que ne l’a fait la grippe espagnole au début de ce siècle : Au nom de quel principe économique ou financier le jeu en vaut-il la chandelle ?

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