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Guadeloupe : De quoi Lurel est-il le nom ?
Publie le dimanche 1er mars 2009 par Open-Publishing3 commentaires
I- Misère d’un mystère
Victorin Lurel, le président de la Région Guadeloupe, n’est pas un élu d’un genre nouveau. Il ne représente en rien une évolution du personnel politique. Il n’est qu’une continuité, une reproduction de la quasi-totalité de ces politiques de Guadeloupe qui servent de courroie
de transmission au pouvoir français. Mais pire encore, lorsqu’on analyse toutes les postures et impostures de l’individu, il n’est pas qu’un produit de la départementalisation. C’est le libre de couleur décidé à démontrer au maître qu’il a bien appris de lui. Son credo : ô maitre, voyez
comme je vous ressemble ! L’extra humanité érigée en vertu politique…
Depuis son élection en 2004 à la tête de la collectivité régionale, la Guadeloupe subit plus encore la dérive assimilationniste sous l’impulsion de ce petit homme revanchard et méprisant,
atteint d’une pathologie vieille de trois siècles. Courante chez tous les colonisés esclavagisés qui n’ont jamais imaginé d’homme libre qui ne fût pas Blanc. Récurrente chez tous ceux qui croient encore que seules les valeurs de l’Occident peuvent être marquées du sceau de l’universel. D’où chez Lui cette puérile manie, lorsqu’il cause le français, d’user et
d’abuser de mots pompeux et de faire des locutions latines, langue qualifiée de « morte » par ses propres défenseurs, des symboles de son appartenance au monde de l’intelligible. Celui, vous l’aurez compris aisément, de Papablan…
Monsieur le secrétaire national du PS est un cas d’école pour tous ceux qui croient encore et toujours fermement à l’autodétermination de ce peuple et à l’indépendance de ce pays ; à ce « nous » nié, bafoué et en permanence détourné d’un cheminement naturel que
pratiquement tous les peuples et pays de notre grand espace américain ont emprunté. Le proconsul régional atteste en fait que nous n’avons jamais eu le pouvoir chez nous. La mutation du pacte colonial, éventuellement accepté et validé par les élus locaux, ne doit jamais nous faire oublier que c’est l’absence de pouvoir qui les caractérise depuis toujours. Président de Région ou de Département ou d’association des maires, l’élu témoigne avant tout de son
inexistence politique- au sens du choix et de la décision-. Et au sens d’un projet autodéterminé ancré socio historiquement.
Ceux qui se réclament d’un nouveau patriotisme, en phase avec la réalité du monde d’aujourd’hui n’ont pas à combattre Lurel sur ce qu’il prétend être- l’incarnation d’un pouvoir guadeloupéen- mais bien montrer au grand jour l’imposture de ce relai voire de ce « catalyseur
» assimilationniste. L’éminent membre du « shadow cabinet » socialiste ne représente en rien une capacité guadeloupéenne à…, mais témoigne d’une récurrente incapacité à une inscription dans le devenir. Parce que, pour notre latiniste, devenir et « Français » sont irrémédiablement
synonymes. Il croit en la France parce que la France n’a jamais cessé de croire en l’« affranchi » et/ou libre de couleur qu’il demeure. C’est un juste retour à la logique coloniale…
Il y eut toujours, de la période coloniale esclavagiste, post-esclavagiste puis assimilationniste, des individus extraits du lot des opprimés, spécialement chargés de rappeler à leurs semblables que le maître n’est pas si mauvais, qu’ils ont encore besoin de lui, que leur apprentissage d’humanité n’est pas encore achevé. Auto dénigrement inconscient, mais hélas parfois conscient, du nègre qui chaque jour nous fait avoir peur de nous-mêmes. Peur de ne jamais être assez « blanc » pour prétendre à une humanité crédible… L’élu ultrapériphérique est l’incarnation de cela ! Choisir un cabinet blanfwans pour le PRDF, désigné un blanfwans pour diriger la future ex-AFPA, payer grassement et en permanence des blanfwans pour nous
expliquer ce que nous sommes et ce que nous devrions être et faire pour notre pays.
L’Habyssois est le produit réussi de l’assimilation française, tout fier de rappeler ce qu’il doit à la république. Comme pour oublier ce que la république nie et élimine…
Des Lurel, l’histoire de la Guadeloupe en déborde. Ce sont les bons élèves de la république qui, de manière redondante, assènent les mêmes mensonges auxquels ils ont fini par croire. Un type qui, du haut de son verbe prétentieux, se permet de dire : […] « Ce qui est bon
pour la France l’est pour la Guadeloupe » […].Ce que l’exemple de la SARA, atteste avec pertinence. Ce que la reproduction des inégalités structurelles prouve remarquablement. La Guadeloupe n’a jamais été autre chose qu’une colonie française de domination raciale. Le
rapport colonial n’a jamais été favorable au colonisé, ici et ailleurs. On en trouve, comme s’il en pleuvait, de ces négationnistes, tant sur le plan intellectuel et historique, que dans la pseudo action politique. Ils parlent et agissent comme si les problématiques qui nous touchent ne sont que les fruits de simples retards structurels, de petits ajustements économiques dont la Droite ou la Gauche française n’a pas suffisamment pris en compte l’importance. Ils se comportent comme le garagiste qui vous parle d’une simple panne mécanique de votre auto lorsque le problème réside plus profondément dans la conception originelle même de l’engin.
L’ex futur soutien de Ségolène Royal (Par erreur d’aiguillage !) n’a pas d’identité sociopolitique. Pas davantage que la plupart des élus « ultramarins ». Son action n’est que réaction en fonction du pouvoir français en place. La construction de la Guadeloupe répond
essentiellement aux intérêts des puissants et des classes dirigeantes. Pourvu qu’il y ait des miettes pour le peuple. Les miettes, en l’occurrence, sont les emplois d’exécution, les emplois précaires, et les postes « alibi » qui ne sont que de faux-semblants médiatiques destinés à faire croire au peuple qu’il vit dans une société moderne et en mouvement. Alors que le pouvoir reste aux mains des mêmes. Et que la société reste figée au niveau de la répartition du pouvoir et des richesses. L’illusion de pouvoir qui est entretenue par les loges maçonnes ne sert en définitive qu’à des fins de neutralisation entre Guadeloupéens. Derrière le « mystère » ce serait plutôt la misère d’un vrai pouvoir guadeloupéen.
II - On déchouke bien les dents pourries ?!
Le secrétaire national du PS français pourrait être tout aussi bien UMP ou MoDem. Cela ne changerait rien à sa gestion des affaires et surtout à sa vision politique pour la Guadeloupe.
Ce regard nous vient de l’histoire, certes, mais du côté de la domesticité de l’Habitation. L’homme du « Memorial act », a mémoire de ce qu’il peut. Dans son for intérieur, il ne peut pas trahir ce qu’il est le plus…
Ce n’est pas un accident politique. Cela traduit trois siècles d’esclavage et, singulièrement, 60 ans d’assimilation pendant lesquels, jour après jour, le Guadeloupéen a été insidieusement encouragé et forcé à se travestir en colonisé joyeux, heureux de se rapprocher du maître en lui ressemblant comme un petit frère. C’est la Guadeloupe qu’on voit et entend sur tous les média du pouvoir ; celle qui a peur des Ayitiens et des autres Nègres caribéens, mais qui, dans le même temps, se verrait bien montrer, à grands coups d’intégration caribéenne, aux voisins « sous-développés » comment ils ont eu tort de lâcher papablan.
La Guadeloupe est prisonnière de cette histoire de reniement et de renoncement incarnée par ses élus. Au premier rang, figure aujourd’hui, l’homme du contre-7 décembre. Demain, si ce n’est lui, ce se sera son frère. Il est le rejeton de cette histoire ancienne qui n’en
finit pas de se raconter, celle de la permanence et de la récurrence des relais coloniaux, de la préservation des intérêts français par le truchement de classes dirigeantes blanches et assimilées.
Depuis les siècles des siècles que la Guadeloupe vit a-rythmiquement et anhistoriquement. Depuis plus de 40 ans à travers le France Antilles, la radio et télévision publiques, et depuis plus de 20 ans RCI. Il faut y ajouter les paroliers publics, oiseaux de mauvais augure, pour qui « nationalisme » renvoie obligatoirement au Nazisme, pour qui l’opposition syndicale virulente est annonciatrice de macoutisme.
Lurel ne pourra jamais être battu dans les urnes que par un autre Lurel… Ne rêvons pas, lorsqu’un pays ne maîtrise pas son contenu éducationnel, son image et les outils majeurs de communication, il reproduit les mêmes schémas et reconduit les mêmes hommes. Ne nous
leurrons pas, l’actuel député de la 4e circonscription pourrait s’appeler Ferdy Louisy, Jacques Bangou, Georges Brédent, Borel-Lincertin ou même Ary Chalus…Ce qui sépare ces hommes n’est que l’image qu’ils se font d’eux-mêmes mais surement pas leur vision politique pour la
Guadeloupe. Nos élus sont comme nos interprètes de zouk love, interchangeables. Certains sont certes plus talentueux que d’autres.
Mais peut-on appeler talent ce qui tous les jours enterre
notre pays et inhibe notre peuple ?
Le député-Président ne disparaîtra de la scène politique que s’il existe une Guadeloupe décidée de ne plus se laisser culpabiliser et accusée de racisme et d’anti-démocratisme au moindre accès de colère consciente. La Guadeloupe, pour aujourd’hui s’affirmer guadeloupéenne, pour rapatrier sa conscience au Sud, n’a pas d’autre choix que de virer ces élus indignes qui paradoxalement ne constituent en rien le témoignage d’une démocratie mais bien le symbole d’une société où la politique se résume au vote, sans droit à une conscience nationale.
Un tel élu ne sera pas remercié par les urnes dans une société dans laquelle la peur de demain est érigée en sagesse populaire. Où l’intelligence est toujours portée par l’Autre. Et où l’incompétence, la méchanceté et la criminalité sont les caractéristiques génétiques du
peuple… De ce point de vue, Victorin Lurel devrait symboliser, depuis l’avènement de la départementalisation, le premier d’une série d’élus déchoukés par un vaste mouvement populaire.
Parce qu’il apparaît finalement que la France ne pourra jamais être mise au banc des accusés des Etats colonialistes si la Guadeloupe ne porte pas aux oreilles des nations du Sud son cri de peuple écarté de la marche du monde.
Plus que jamais, la situation sociale de la Guadeloupe appelle l’urgence. Tout est fait pour extraire ce pays de sa véritable histoire ; tout est entrepris pour faire croire à ce peuple qu’il est bien plus heureux que tous les damnés de la terre et devrait même en être plus reconnaissant…
Désormais, nous n’avons pas d’autre alternative que de contester la légitimité politique du « politiquement obligé ». La représentation politique doit être être acculée à faire ce que des élus d’outremer sont censé faire : s’appuyer sur l’ordre et la répression de la république.
Sinon se saborder. Il est temps que le plus hâbleur d’entre eux apparaisse comme ce qu’il n’a cessé d’être : l’ennemi structurel d’une Guadeloupe éprise de liberté, de dignité et d’indépendance. Parce que Lurel n’est que le nouveau nom de l’imposture de ce début de 21ème siècle dans cette colonie française où le peuple est devenu l’élément en trop…
Ce texte a été rédigé à l’issue du premier rassemblement du LKP le 16/12/2008
P.E ROUYARD (LMP)
Messages
1. Guadeloupe : De quoi Lurel est-il le nom ?, 1er mars 2009, 14:34, par Awa !
Source : Ugtg
2. Guadeloupe : De quoi Lurel est-il le nom ?, 1er mars 2009, 17:24
Je vous écris d’Anjouan, île de l’Union des Comores.
Je peux vous affirmer que des milliers de Comoriens donneraient cher pour obtenir la nationalité française, et paient cher la tentative de passage à Mayotte. Je ne pense pas que beaucoup de Guadeloupéens veulent réellement l’indépendance.
1. Guadeloupe : De quoi Lurel est-il le nom ?, 1er mars 2009, 20:12, par Awa !
Sony RUPAIRE, poète et militant guadeloupéen décédé au milieu des années 80, nous l’a enseigné : on ne pense pas avec son estomac...
Avec un pareil raisonnement, il faudrait peut-être rétablir l’esclavage, ne croyez vous pas ?
Et pour terminer : du côté d’anjouan, qui donc vous a parlé d’indépendance parmi les revendications du LKP ou dans les propos d’un de ses dirigeants ? Où avez lu quelque chose qui y ressemblerait ?
L’aliénation mentale, Frantz FANON nous l’a dit, cela se soigne...