Hausse des prix : les éleveurs de l’Ouest et la grande distribution

Mise à jour : 15/04/2008 18:01:54
Hausse des prix : les éleveurs de l’Ouest incriminent la grande distribution

Les producteurs de l’Ouest incriminent la flambée du coût des matières premières et les marges de la grande distribution pour expliquer la forte hausse des prix des produits laitiers et des volailles relevée depuis un an par l’Insee.

L’Insee a annoncé mardi une inflation record de 3,2% au cours des douze derniers mois en France, alimentée essentiellement par la hausse des produits pétroliers et de certains produits alimentaires comme le lait et la crème (+14,4%) ou la viande de volaille (+13,3%). "Dans les produits laitiers, le premier facteur de coût sont les céréales et autres matières premières entrant dans l’alimentation des animaux, qui sont passées en un an de 170 à 280 euros la tonne", explique Marcel Denieul, président du Centre interprofessionnel du lait Bretagne-Pays de la Loire (Cilouest).

"Si on ajoute la hausse de l’énergie et le prix de la main d’oeuvre, on comprend pourquoi les coûts se sont envolés", ajoute-t-il. Même constat chez les producteurs de volaille : "Le prix du blé représente 60% du coût de revient d’une volaille", explique Yves de La Fouchardière, directeur général des Fermiers de Loué qui produisent des volailles en plein air. "Le doublement du prix du blé, de 120 à 240 euros à la tonne depuis l’année dernière, amène automatiquement une augmentation", poursuit-il en soulignant que la hausse de 7 à 8% du prix des poulets de Loué avant transformation "ne couvre pas, loin s’en faut, la hausse du coût des matières premières".

Mais les producteurs montrent également du doigt la grande distribution pour expliquer le dérapage des chiffres relevés par l’Insee. "Cette augmentation ne se traduit pas dans nos revenus", souligne Jean-Noël Sidaner, producteur de volailles dans les Côtes-d’Armor et président du Groupe interprofessionnel de la volaille de chair de Bretagne qui met en cause les "intermédiaires". Même réaction chez Daniel Bolluais, producteur de lait en Ille-et-Vilaine. "Il y a une hausse de prix des matières premières, mais l’impact ne devrait pas être aussi important, car le coût des matières premières dans le produit fini est moindre", s’étonne-t-il, mettant en cause les "marges des distributeurs".

Jean Cabaret, porte-parole régional de la Confédération paysanne souligne de son coté que le prix du lait, qui a fortement augmenté depuis un an après des années de baisse, est simplement revenu à "son niveau d’il y a quinze ans". "Je suis producteur de lait en Côtes-d’Armor et en vérifiant le montant de la facture de mes ventes de lait il y a 15 ans et celle de décembre 2007, j’ai constaté que le litre était vendu le même prix aux transformateurs", affirme-t-il en dénonçant les grands distributeurs qui "font la pluie et le beau temps".

Les producteurs de porc, qui ont vu les cours baisser de 10% en 2007, désignent les mêmes coupables. "Les consommateurs auraient dû en voir la couleur. Où est passée la baisse ?", s’interrogeait il y a quelques semaines Jean-Marc Guillot, éleveur en Ille-et-Vilaine, après la publication d’une étude de l’Institut national de la consommation (INC) faisant état de fortes hausses de la charcuterie dans certaines enseignes. "Les éleveurs ne fixent pas leurs prix eux-mêmes", rappelle Jean-Michel Lemetayer, président de la FNSEA et éleveur en Ille-et-Vilaine.

"L’augmentation des prix n’est pas de leur fait, ce sont eux qui la subissent à travers la hausse des matières premières".