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Iraq. Darri Rachid Al-Yassine, professeur d’études stratégiques à l’Université de Bagdad, estime qu’un gouvernement qui n’a pas pu garantir la sécurité des citoyens n’aurait pas dû organiser ces élections.
« Ce scrutin est nul et non avenu »
Al-Ahram Hebdo : Pourquoi vous êtes-vous prononcés contre les élections législatives ?
Darri Rachid Al-Yassine : Simplement car ce scrutin, censé être une étape dans le processus de la démocratie, ne l’est pas. Les législatives ont coïncidé avec un scandale iraqo-américain, celui de la torture dans les prisons dépendant du ministère iraqien de l’Intérieur. Comment peut-on omettre un tel scandale et le laisser passer sans juger le gouvernement en place qui, tout de suite après, est sorti avec un grand sourire pour nous appeler à se rendre aux urnes !
– Mais cette affaire suffit-elle à elle seule pour boycotter un scrutin aussi important ?
– Il existe certes d’autres raisons. Le gouvernement qui se présente aujourd’hui aux élections a été incapable de répondre aux moindres attentes du peuple. N’est-il pas bien ce gouvernement qui a régné tout au long de la période précédant le scrutin ? Ces responsables peuvent-ils faire un bilan et dire aux Iraqiens ce qu’ils ont déjà réalisé effectivement plutôt que de faire des promesses d’avenir via des propagandes électorales ? Ce scrutin ne dispose pas de la moindre légitimité puisqu’il se déroule sous occupation et que ce sont les ambassades américaine et britannique qui ont élaboré ses grandes lignes et approuvé les listes électorales.
– Mais qu’en est-il des candidats du gouvernement précédent ?
– La plupart de ces candidats qui se sont présentés étaient l’objet de scandales. Par la suite, on n’a pas arrêté d’entendre des injures et accusations à l’encontre des chefs de chaque bloc politique. Les membres du gouvernement précédent sont accusés de corruption administrative et financière et la plupart d’entre eux sont poursuivis en justice en raison de l’argent qu’ils ont transféré à l’étranger lors de leur mandat. Aujourd’hui, ces mêmes personnes reviennent en affichant des étiquettes de personnages intègres. Par ailleurs, dans certaines listes de candidats sunnites figurent, selon les chiites, des parrains du terrorisme. De quoi créer le chaos dans le pays. Dans le même temps, d’autres listes chiites sont perçues comme bénéficiant d’un soutien iranien. Les urnes remplies de bulletins de vote falsifiés et qui ont été saisies en provenance de l’Iran en sont une preuve.
– Quelle issue alors, à votre avis ?
– Je crois que le gouvernement aurait dû fixer ses priorités puis les mettre en exécution avant les législatives. Je parle surtout de la sécurité qui aurait dû être d’abord garantie. Ce scrutin est nul et non avenu. Il a été le théâtre de nombreuses violations et fraudes. Pas donc de transparence. Un scrutin qui s’est déroulé en fonction de la volonté américaine voudrait alors dire que Washington a élaboré un scénario et que les forces politiques iraqiennes l’ont mis en application .
Nada Omrane