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Katrina un an après : mobilisation populaire pour affirmer le droit au retour

Publie le lundi 18 septembre 2006 par Open-Publishing

de Cesare Ottolini

Le 29 août 2005 Katrina s’abattait sur la côte du Golfe des Etats-Unis avec des résultats catastrophiques, connus jusqu’alors seulement par les habitants des pays pauvres comme le Bangladesh, mais avec un impact médiatique sans précédent : cette fois c’est le « premier monde » qui est touché.

Après l’émotion et une première phase de confusion, tout semblait sous contrôle : l’administration Bush déclarait que l’Amérique était capable de faire face, seule, à la catastrophe, en refusant la solidarité des pays, comme Cuba, qui étaient prêts à envoyer l’assistance sanitaire de premier ordre. Ayant débloqué, tambour battant, plus de 100 milliards de USD pour la reconstruction, le gouvernement, en proclamant le 29 août Journée Nationale du Souvenir de l’ouragan Katrina, affirme aujourd’hui que plus de 70% de ces ressouces ont été utilisées ou sont disponibles.

Ceci n’est pas vrai. Nous connaissons, en effet, les images dramatiques de ces journées, les gens agrippés aux toits de la Louisiane et du Missouri, l’enfer du Superdome transformé en centre d’accueil, les patrouilles pour le respect de l’ordre et de la propriété privée.

Par contre, nous connaissons moins bien ce qu’il s’est passé ces douze derniers mois : les initiatives de solidarité, les marches, les protestations, les causes légales, les propositions des organisations d’habitants, des syndicats, sont en effet passés dans la catégorie faits divers.

Un an après, les organisations sont sur le pied de guerre car rien n’est revenu comme avant. La reconstruction prend de plus en plus l’aspect d’une gigantesque opération qui unit la spéculation immobilière et financière au « nettoyage ethnique » et aux profits des entreprises liées à la Maison Blanche. Opération semblable à la reconstruction en Irak.

Les témoignages des survivants, devant la Première Commission Vérité, organisée par la PPEHRC en juillet 2006, donnent la première « secousse », en démentant brutalement l’optimisme présidentiel : personnes contraintes de survivre avec 123 USD par mois, déplacées à des milliers de kilomètres, ou simplement disparues. La grande majorité de ces personnes sont pauvres et afro-américaines : il suffit de penser que 38 des 47 districts les plus pauvres de la Nouvelle-Orléans ont été détruits par Katrina.

A l’occasion du premier anniversaire de l’ouragan, de grandes mobilisations préparées par de grandes organisations se sont mises en place, à la Nouvelle-Orléans principalement, mais également dans d’autres villes des Etats-Unis ; parmi celles-ci : People’s Hurricane Relief Fund and Oversight Coalition, Association of Community Organizations for Reform Now, National Law Center on Homelessness and Povertyet People’s Organizing Committee, Mississippi Immigrants Right Alliance. Nous citons aussi Survivor’s Village, camp construit en juin 2006 par les résidents de la Nouvelle-Orléans avec l’appui de United Front for Affordable Housing Coalition, pour demander à HANO et à HUD, entités gouvernementales qui s’occupent du secteur, de réouvrir dans l’immédiat les 5.000 logements populaires encore fermés malgré le fait qu’ils soient en grande partie habitables.

Solidarité et appui IAI dans les prochaines démarches
L’International Alliance of Habitants exprime son entière solidarité à ces mobilisations car elle considère sacré et inaliénable le droit des résidents de décider la reconstruction et de retourner le plus rapidement possible dans les quartiers qu’ils ont été contraints d’abandonner.

Cela veut dire appui aux initiatives à l’occasion des Journées Mondiales Expulsions Zéro en octobre prochain, pour dénoncer l’amplification des terribles effets de Katrina causés principalement par l’intervention humaine. Certains humains en particulier, qui siègent à la Maison Blanche et aux alentours.

Successivement, une délégation des évacués de Katrina sera à Genève à l’automne 2006 avec la PPEHRC pour écouter le rapport spécial sur les violations des droits de l’homme et la pauvreté aux USA, une première pour cet Etat. Le monitorage des violations des droits de l’homme, organisé par le PPEHRC, lui succédera et durera jusqu’en décembre 2006, pour recueillir les témoignages des victimes, en vue des initiatives programmées le 10 décembre, Journée Internationale des Droits de l’Homme.

Et enfin, en mars 2007, le Tribunal International de Katrina sera organisé par Black Activist Coalition on Katrina et par People’s Hurricane Relief Fund & Oversight Coaliton, et précédé d’une Commission spéciale d’enquête internationale composée de délégués de l’Afrique du Sud, du Brésil, des Caraïbes, du Vénézuéla et d’autres pays.

Cesare Ottolini, Coordinateur International Alliance of Inhabitants

http://fr.habitants.org/article/articleview/1716/1/461/