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L’USTKE remporte le premier round

Publie le samedi 23 février 2008 par Open-Publishing

Coup de théâtre, hier, au tribunal de Nouméa. Les 14 militants emprisonnés depuis les affrontements de Carsud sont sortis libres du palais de justice. Pour des raisons de procédure, leurs avocats ont fait annuler toutes les comparutions immédiates ordonnées par le parquet. Le procès est reporté au 25 mars.

Sur le fond de l’affaire, rien n’a changé. Les 18 syndicalistes soupçonnés d’avoir participé à un attroupement armé, blessé les forces de l’ordre et dégradé des fourgons de police sont toujours dans le viseur de la justice. Mais, dans la forme, les deux avocats de l’USTKE viennent d’infliger un revers sonore au parquet, qui voulait juger les prévenus « le plus rapidement possible ». Comme ils l’avaient annoncé dans nos colonnes, hier, Laurent Aguila et François Roux ont dénoncé la saisine en comparution immédiate choisie par le procureur à l’encontre des sympatisants de l’USTKE. « On a fait de l’aïkido juridique », rigole José Bové, présent dans la salle d’audience durant toute la journée. Et les juges ont visiblement apprécié la démonstration.

Pourtant, les défenseurs de l’USTKE n’ont pas hésité à les titiller sur leur indépendance, en les opposant au ministère public. « Tous les faits du 17 janvier n’ont pas été élucidés, et on vous demande de juger ces gens-là en comparution immédiate ? », a feint de s’étonner François Roux. « Le parquet a agi dans la précipitation, [il] a voulu placer l’affaire sur un plan politique. Vous, juges indépendants, vous allez juger ça ? »

Mais la défense s’est certainement le mieux fait entendre en faisant référence au droit pur. En expliquant, plus précisément, qu’un attroupement armé était un délit politique, et qu’il ne pouvait donc pas être jugé avec une telle procédure.

« N’importe quel dictionnaire d’étudiant en droit le dit, et la jurisprudence le répète depuis des années », s’emporte Laurent Aguila. En clair : soit il fallait ne pas poursuivre pour attroupement, soit il fallait renoncer à la comparution immédiate.

Le procureur Blaser a tenté de justifier son choix par l’existence d’autres infractions couvertes (violences et dégradations). Sans succès, les juges ayant décidé d’interpréter les textes en faveur des prévenus. « En vue de garantir le respect des libertés publiques », a précisé le président, Christian Lauqué.

Résultat : les 14 militants emprisonnés depuis un mois ont été libérés. Ils seront jugés le 25 mars, comme les 4 autres syndicalistes censés comparaître pour les mêmes faits, hier. Le parquet ne fera pas appel, « parce que je souhaite un jugement le plus rapide possible », précise le procureur Robert Blaser.

Si la victoire de l’USTKE ne fait que retarder l’échéance, elle a permis à ses responsables de défendre leur vision. Celle d’un État plus soucieux de les sanctionner immédiatement que de respecter les règles de procédure. L’après-midi, une trentaine d’autres militants ont été jugés pour attroupement sans arme ni violence. En ce qui les concerne, la décision du tribunal sera prononcée le 31 mars.

http://solidaritekanaky.org/spip.php?article82