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L’agriculture marocaine : un secteur qui mérite plus d’attention et de subventions

Publie le samedi 13 octobre 2007 par Open-Publishing

Premier congrès national sur l’amélioration de la production agricole
16-17 Mars 2006-Settat-Maroc

La faculté des sciences et techniques (FST) de l’Université Hassan 1er de Settat et le Centre régional de la recherche agronomique de Settat ont récemment organisé le premier congrès national sur l’amélioration de la production agricole. Cette manifestation scientifique a connu la participation de plus de 200 chercheurs, enseignants-chercheurs et étudiants des différentes facultés des sciences (FST) et divers établissements de l’enseignement et de la recherche agricoles. Quelques scientifiques étrangers y ont également pris part.

Ont assisté à l’ouverture de ce congrès M. Rahj, président de l’Université Hassan premier, les doyens des facultés, le chef du centre régional de l’INRA à Settat, le pacha de la ville, le délégué de la santé et autres personnalités.

Trois conférences plénières et environ 80 exposés ont été proposés aux participants à ce congrès. C’était l’occasion d’engager un débat sur les acquis et les recherches en cours menées dans diverses institutions nationales ou en collaboration avec les universités étrangères. L’ensemble des exposés a été réparti en cinq thèmes : 1) l’amélioration des cultures, 2) la physiologie végétale, 3) l’agro-alimentaire, 4) la production animale, 5) la protection des plantes, 6) la nutrition, et 7) l’environnement.

ICARDA : priorité à l’agriculture pluviale

Dans la première conférence plénière, Dr. Ketata chercheur à l’ICARDA (Centre International des recherches agricoles dans les régions arides) a tenu à rappeler que le Centre est l’un des 15 centres internationaux de recherche dans le monde. Sa mission est double : entreprendre des recherches sur les cultures et sur les animaux, et assister les instituts et les centres nationaux de recherche agronomique. Son objectif est d’augmenter la production agricole, d’accroître les revenus et améliorer le bien être des populations rurales dans les pays en voie de développement. Les thèmes prioritaires concernent l’amélioration génétique pour trouver des variétés plus productives et plus résistantes aux divers aléas abiotiques (sécheresse, salinité, …) ou biotiques (maladies, insectes, orobanche, etc …), la lutte contre la dégradation des sols et la désertification, et la formation des chercheurs et des étudiants. Le budget annuel de l’ICARDA est de 26 millions de dollars.

L’eau : une ressource rare pour l’irrigation

Madame Dumortier, enseignante à l’université Paris IV en France, a exhorté dans sa conférence plénière les changements de politique agricole européenne caractérisée par le passage de PAC 1 marquée par la restructuration, la modernisation et l’intensification de la production agricole à PAC 2 marquée par la surproduction, la recherche de la qualité des produits agricoles, l’agriculture biologique et le tourisme vert. Dans le futur, la pression sur l’eau sera le défi majeur à relever, particulièrement dans les pays du Sud. Les ressources en eau diminuent d’année en année et il faut les répartir pour trois secteurs : usage domestique, tourisme et irrigation. La rationalisation de l’utilisation de l’eau dans ces trois secteurs nécessite donc une approche participative, d’autant plus que les exportations de primeurs et autres cultures consommatrices d’eau ne tiennent pas compte de l’eau utilisée dans l’irrigation. La rareté de l’eau obligerait certains pays comme le Maroc à cultiver et exporter les cultures qui consomment moins d’eau, ne serait-ce que pour assurer la survie des populations rurales et réduire leur vulnérabilité.

Ressources halieutiques : attention au pillage

Dans cette troisième conférence plénière, M. Philippe Imhoos, spécialiste et entrepreneur dans le domaine des produits de la mer, a rappelé que les besoins mondiaux en ces produits augmentent d’année en année. De ce fait, les captures augmentent. Selon la FAO, les captures au niveau mondial ont été de 105 millions de tonnes en 1995 et 130 millions de tonnes en 2002.

Malgré ses côtes poissonneuses qui s’étendent sur 3500 km, le Maroc n’a capturé en 2004 que 862 mille tonnes de produits de mer utilisées comme suit : farines et huiles de poisson, 360 mille tonnes ; consommation en frais, 318 mille tonnes ; conserves : 143 mille tonnes ; congélation 28 mille tonnes, etc ….

Selon M. Imhoos, le Maroc possède des réserves halieutiques considérables, particulièrement de Larache à Dakhla. Mais, la consommation nationale ne dépasse guère actuellement 7 kg/an/habitant contre 35 en Espagne et 60 au Japon. Le Maroc doit encourager la consommation locale de poissons et particulièrement des sardines qui ont la réputation d’être bonnes pour la santé en général et surtout pour les patients opérés pour des problèmes cardiaques. D’ailleurs, environ 85% des captures des produits de la mer au Maroc sont exportées dont environ 1 milliard de boites de conserves.

Les discussions concernant ce sujet ont mis le doigt sur trois points fondamentaux qui portent préjudice à l’économie du Maroc et qui risquent de ne pas intéresser les investisseurs : 1) anarchie des captures et des ventes, car certains bateaux pêchent dans les zones marocaines mais ne rentrent pas aux ports pour décharger, déclarer les quantités pêchées ou déclarer l’argent gagné en haute mer, 2) rareté des poissons suite au pillage et non respect des périodes de repos biologique, 3) fermeture de la plupart des usines de conserves essentiellement dans la ville de Safi, et 4) transformation abusive des poissons en farines et en huiles alors que les poissons (frais, congelés ou conserves) sont très demandés et bien valorisés pour la consommation et l’exportation.

Le Maroc a donc intérêt à développer la flotte de pêche, qui demeure malgré tout artisanale, et surtout à surveiller et sanctionner les pilleurs des richesses halieutiques nationales. Car, beaucoup de bateaux qui pêchent sur les côtes marocaines ne reviennent pas décharger ou déclarer leurs captures aux ports nationaux, mais préfèrent illégalement décharger et vendre ailleurs !

80 exposés en deux jours

En plus des trois conférences plénières, environ 80 communications ont été présentées en deux jours. La durée de 10 minutes par exposé était courte certes mais suffisante pour dire rapidement l’essentiel. L’important était de savoir qui fait quoi et de nouer des relations entre les équipes de recherche éparpillées sur le territoire national.

Ce grand nombre d’exposés prouve sans aucun doute le dynamisme et l’enthousiasme des chercheurs et des scientifiques marocains, malgré la faiblesse des moyens et du budget alloué à la recherche scientifique (0,7 % du PIB). En fait, les chercheurs nationaux n’attendent que des occasions pareilles à celle de ce premier congrès national sur l’amélioration et la production agricole pour venir présenter les résultats et rencontrer les autres.

Prix pour les 3 meilleures affiches

Une centaine d’affiches ou « posters » a été présentée dans ce congrès. Ce sont surtout des extraits ou états d’avancement des mémoires et thèses des étudiants de DESA ou de doctorat. Les organisateurs de ce congrès ont tenu à choisir les meilleures affiches et en récompenser les auteurs. Après délibérations, les trois meilleures affiches primées étaient les suivantes :

Premier prix : Samira Chana, Mohammed Ismaili, Enrique Correal & Jamal Ibijbijen (FST de Meknès et Centre de Ressources Naturelles de Murcia, Espagne), titre de l’affiche : « Mycorhization de Bituminaria bituminosa en présence de Bradyrhizobium sp. ».

Deuxième prix : Ouafae Hanachi & B. Bouammali, FST d’Oujda, titre de l’affiche « Analyses qualitative et quantitative de l’huile essentielle de romarin de la région orientale du Maroc ».

Troisième prix : Sow El Hassimi & A. Ziouti, FST d’Ain Chock, Casablanca, titre de l’affiche : « Effets des extraits phénoliques de quelques plantes aromatiques sur le développement de Penicillium italicum et P. digitatum, parasites d’agrumes ».

Deuxième congrès en mars 2008

De l’avis des organisateurs, ce premier congrès a connu un succès éclatant tant au niveau de la participation, qu’au niveau de la qualité scientifique des communications, qu’au niveau de l’organisation des sessions, qu’au niveau de la logistique et de la restauration. En tout cas, le deuxième congrès est prévu en mars 2008.

Rendez vous en Mars 2008 pour la deuxième édition du congrès à la FST de Setta