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L’enquêteur de l’affaire Clearstream a obtenu ses réponses en Suisse

Publie le jeudi 4 mai 2006 par Open-Publishing
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Le général Rondot, des services français de renseignement, déclare avoir enquêté à Berne dans l’affaire Clearstream, avec l’aide de deux fonctionnaires suisses.

Le général Philippe Rondot a déclaré avoir obtenu très rapidement, grâce à l’aide de la « Sûreté d’Etat suisse », la preuve que les comptes incriminés dans l’affaire Clearstream étaient des faux.
Cela devait bien arriver un jour ou l’autre. L’affaire Clearstream qui ébranle actuellement le fragile gouvernement Villepin a atterri en Suisse. En même temps que l’avion qui transportait secrètement à Berne, mi-juillet 2004, le général Philippe Rondot, l’un des responsables de la DGSE, soit les services français d’espionnage.

Rappel : le général Rondot a enquêté officieusement sur un listage - qui se révélera faux - de comptes bancaires sur lesquels apparaissaient les noms de plusieurs personnalités politiques françaises de droite comme de gauche, dont l’actuel numéro 2 du gouvernement, Nicolas Sarkozy.

Sur ordre de qui ce haut gradé a-t-il enquêté ? De Villepin ? De l’Elysée ? La question fait rage outre-Jura

La Suisse au procès-verbal
A la suite d’une plainte pénale de Nicolas Sarkozy, la justice française a été saisie. C’est dans le cadre de ce dossier que le général a été interrogé le 28 mars 2006 à Paris par les juges d’instruction Jean-Marie d’Huy et Henri Pons. Le site Internet du quotidien Le Monde a publié, hier soir, l’intégralité du procès-verbal de cette audition.

En compulsant ce long document, on y apprend ceci : le général Philippe Rondot a découvert que les comptes en question étaient des faux grâce à des recherches menées à Berne. Il déclare notamment : « Mais la preuve déterminante dans mes investigations m’a été rapportée dans le cadre d’investigations auxquelles j’ai fait procéder en Suisse. »

Le général de la DGSE explique aux deux juges qu’il s’est rendu à Berne, vers la mi-juillet 2004, « en utilisant un avion de liaison ministériel, un DBM 700 ». Philippe Rondot affirme y avoir rencontré, à la « Sûreté d’Etat suisse », « deux fonctionnaires que je connaissais bien ». Le général explique qu’il a remis, « de manière officieuse », le listage de certains comptes aux deux fonctionnaires suisses afin qu’ils en vérifient l’authenticité auprès de banques helvétiques.

Apparemment, les deux fonctionnaires fédéraux sont de bonne composition puisque, selon les propos du général Rondot aux deux juges, « dans les deux jours, j’ai eu une réponse de mes contacts en Suisse ». Qui a dit que les Bernois sont lents ? Et le général espion d’ajouter : « Il m’a été indiqué par ceux-ci que les banques suisses dans les livres desquels ces trois comptes étaient censés être ouverts avaient répondu que la présentation et les numéros de ces comptes n’étaient pas conformes. »

Ces explications du général Rondot sur son voyage et son enquête officieuse à Berne sont-elles exactes ? Si oui, la collaboration active que lui auraient apportée deux fonctionnaires suisses entrait-elle dans les relations normales entre services ou bien nous trouvons-nous en face d’une violation de la souveraineté helvétique par un Etat étranger ?

A Berne, on tombe des nues. Le Ministère public de la Confédération, autorité en matière de contre-espionnage, a déclaré tout ignorer de cet épisode.

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