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LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE COMORES
Publie le samedi 31 janvier 2009 par Open-Publishing4 commentaires
« La diplomatie comorienne, sous couvert de pragmatisme, tend à faire croire que rien ne peut empêcher la France, grande puissance, d’organiser sa consultation à Mayotte »
Comprenez cette initiative et veuillez la pardonner. Dans l’incapacité d’obtenir une audience malgré les contacts établis lors des cérémonies des vœux, convaincu qu’une simple lettre ne vous parviendrait pas, je me suis résolu, face à la pression des événements à m’adresser à vous via la presse écrite nationale.
Excellence, Monsieur le Président
Nombre de comoriens sont désorientés. Car personne ne peut oser mettre en doute vos convictions patriotiques, votre engagement à défendre l’intégrité territoriale du pays et vos multiples prises de position publiques, y compris sur la scène internationale, sur la question de l’Ile comorienne de Mayotte. Mais comment ne pas s’inquiéter lorsque la date fatidique du 29 mars 2009, date de la consultation française à Mayotte, se rapproche sans que rien ne vienne montrer au peuple comorien et au monde, une riposte comorienne qui soit à la hauteur du défi français ? Pire encore, la partie indépendante du pays s’achemine vers des affrontements politiciens houleux dans la période même où la France cherche désespérément à consacrer son fait accompli dans l’île comorienne non indépendante !
Il me fallait donc, Excellence, trouver le moyen de vous appeler directement "au secours" du pays. Car désormais tout dépend de vous. La tenue ou non de la consultation française et par la suite la départementalisation française ou non de l’île comorienne.
Excellence, Monsieur le Président
Permettez-moi de vous faire remarquer que votre Ministre des Relations Extérieures ne craint pas d’afficher publiquement des positions contraires aux vôtres sur la question de l’île comorienne. Je vous en fourni une preuve. Vous avez, lors des cérémonies des vœux, indiqué que vous ne signeriez pas de document qui ne vous garantie pas qu’aucun comorien voulant se rendre à Mayotte ne périra en mer. En somme, vous mettez en avant, à juste titre, la question vitale de la circulation des personnes et des biens entre les îles. Or dans son interview à Alwatwan (numéro 1244 du 29 janvier 2009) Monsieur Ahmed Jaffar dit :"Il y a un certain nombre de sujets à examiner dans le cadre de la préparation du document qui doit être élaboré pour être soumis à la signature des deux présidents. Ce serait simplifier les choses en ramenant la question au seul sujet de la circulation des personnes et des biens". Même s’il aborde le "drame en mer", même s’il affirme "quelque part (!!!) cela suppose la suppression, entre autre (!!!), du visa Balladur", il n’en reste pas moins que votre ministre polémique publiquement avec vous.
Votre Ministre des Relations Extérieures se trouve au centre de la riposte nécessaire que devrait engager les Comoriens. Malheureusement, il parait incapable de se hisser à la hauteur de ses taches historiques. Sans me livrer à un bilan de l’activité de Monsieur Ahmed Jaffar, à la tête du MIREX, permettez quelques observations, confortées s’il en était besoin par son fameux interview à Al Watwan :
§ Tendance à se justifier en chargeant ses prédécesseurs. "Certains … voudraient faire porter le chapeau aux autorités actuelles". Comme si lui-même n’a pas fait partie d’ "autorités" précédentes ?
§ Tendance à reprendre à son compte les arguments français. La consultation est "un processus engagé depuis 2003….c’est une conséquence de l’inscription de Mayotte dans la Constitution française". Nulle part dans son interview il n’a montré la fausseté de ces arguties juridiques françaises.
§ Tendance à affirmer des principes généraux sans conséquence. La consultation française est "pour nous nulle et non avenue ". Il parle même de reconnaissance par la France de la "souveraineté comorienne sur l’île de Mayotte". Et paradoxalement, notre Ministre parle déjà des résultats de la consultation française, jamais et nulle part de la conduite à suivre pour l’empêcher.
§ Tendance à couvrir son inertie par les particularités de la diplomatie. "Nous avons mobilisé nos partenaires aux Nations Unies, à l’Union Africaine, …" avec quels résultats ! En dehors de votre intervention magistrale à la dernière AG de l’ONU, la question de l’île comorienne de Mayotte n’a pas été évoquée. Si vous n’étiez pas intervenu personnellement à l’Union Africaine contre Mohamed Bacar, on se demande où nous en sérions encore ! Face à une question du journaliste sur les "actions précises dans le combat pour le retour de Mayotte", Monsieur Ahmed Jaffar n’a pas été capable d’en citer une ; il a noyé le poisson dans des généralités sans consistance.
Excellence, Monsieur le Président,
La diplomatie comorienne, sous couvert de pragmatisme, tend à faire croire que rien ne peut empêcher la France, grande puissance, d’organiser sa consultation à Mayotte. Un pessimisme qui intrigue ! Les petites Comores peuvent, ou bien ont des chances ou bien disposent d’atouts pour faire reculer les Français sur la consultation. En tout cas, rien, absolument rien ne peut justifier cette capitulation sans même avoir réellement engagé le combat.
La diplomatie comorienne veut faire croire que Mayotte département français, rien ne changera, on pourra continuer comme si de rien n’était. Une absurdité lourde de conséquences. Qui peut imaginer la France discutant avec un Etat étranger sur les destinées d’un département français ? Comment croire que Monsieur le Ministre des Relations Extérieures l’ignore ?
Excellence, Monsieur le Président,
L’organisation d’un référendum sur la Constitution du pays en mars vient compliquer encore la riposte comorienne contre la consultation française.
La Constitution du pays est fondamentalement nuisible. Il a répondu à une logique séparatiste et n’a pas pris en compte les capacités financières du pays ni les habitudes acquises dans la gestion de la chose publique. Il est donc plus que légitime que le premier Comorien pose la question et engage un débat national sur la question.
Mais cette simultanéité avec la consultation française n’est pas sans conséquence.
On s’aperçoit déjà que les enjeux politiciens du référendum Constitutionnel mobilisent les forces vives, en premier lieu les partis politiques, les médias, etc. Cela favorise considérablement la France qui pourra organiser tranquillement sa consultation sans véritable riposte comorienne et elle s’en servira pour se justifier dans les instances internationales.
Ceux qui pensent qu’il est possible de mener ces deux batailles en même temps, quitte à donner la primauté à la bataille contre la consultation française, se trompent lourdement à mon humble avis.
On peut se demander comment nos partenaires vont analyser cette simultanéité ?
Excellence, Monsieur le Président,
J’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir reporter le référendum d’au moins trois mois. Cela vous grandira encore plus aux yeux du pays et du Monde entier.
Vous lancerez ainsi un signal fort à la France et au Monde. La détermination comorienne à ne pas abandonner la partie et à continuer vaille que vaille à défendre la comorianité de Mayotte jusqu’à la victoire finale, cette détermination submergera le volontarisme français et s’imposera au Monde.
Vous prouverez de façon magistrale que ce ne sont pas des considérations partisanes, politiciennes ni des intérêts personnels qui vous animent.
Excellence, Monsieur le Président,
Que représenteront trois mois de report du référendum s’il devient possible de focaliser tout le pays vers Mayotte, de mobiliser et de l’emporter sur la France.
Il est des questions, Excellence, qui subliment toutes les divergences et qui consacrent la nation. La question de l’île comorienne de Mayotte est de cette nature. Puissiez-vous rassembler toute la nation derrière vous pour faire échec à l’entreprise française de départementalisation de Mayotte.
C’est avec cet espoir que je vous prie, Excellence, d’agréer l’expression de mon profond respect.
Messages
1. LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE COMORES , 31 janvier 2009, 22:12, par soilahou
Les Comores se sont fait piégés. Le groupe GTHN était crée pour calmer les comoriens et faire passer en douceur (ce qui est important vis-à-vis de la communauté internationale) la départementalisation de Mayotte. Pauvres Comores
2. LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE COMORES , 31 janvier 2009, 22:16, par monyacht
Je vous signale que la population de Mayotte s’est déjà prononcée.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mayotte
Elle va sans doute le refaire.
3. LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE COMORES , 1er février 2009, 15:16, par BOUTON 93
Je trouve cette lettre excellente et pertinente. Il serait temps que les autorités comoriennes et en premier lieu le premier magistrat (SAMBI) prenent la mesure de l’enjeu que représente le reférendum sur la départementalisation de Mayotte s’elles ont un minimum de patriotisme.
Peut être, il sera trop tard mais j’exige que Mayotte soit le theme central de la prochaine fête de l’indépendance des COMORES. Ainsi, j’appelle tous les comoriens qui sont aux quatre coins du monde à débattre sur ce theme. Il faudrait que des grandes manifestations (festivités) soient organisées partout en France (Paris, Marseille, Lyon...).
Vive les COMORES (Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande-Comores) libre et souvrain.
1. LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE COMORES , 7 février 2009, 20:02, par Riffano
je vous rapelle que les mahorais sont libre de decider eux même leur destin. Occupez vous de votr avenir. Et les promesses de Mr Sambi sont où ?