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La Bourse ou la vie ! Rencontre - débat sur la crise financière
par Pierre Assante
Publie le mardi 9 août 2011 par Pierre Assante - Open-PublishingLe 30 mai 2008 s’est tenu un débat sur la crise dite alors et encore "financière".
J’ai fait cette intervention qui a été publiée le 31 mai 2008 à la suite de ce débat . Je me permet de vous la transmettre telle quelle.
Pierre Assante, 9 août 2011
La Bourse ou la vie ! Rencontre - débat sur la crise financière :Réflexion de Pierre Assante
Section du 8ème arr. de Marseille. 31 mai 2008
Réflexions sur le bel et riche exposé d’Alain OBADIA et le débat qui a suivi, le 30 mai à la fédération du PCF13.
Quelque notions qui ont fait débat et tentative de bref éclaircissement :
1 Crise
Une structure sociale, comme une structure mentale est en mouvement, est un mouvement. Un processus. On peut faire un instantané de ce processus mais cela ne peut être qu’une vision structuraliste et non dialectique de ce que nous pouvons percevoir de la réalité.
Si un ou des éléments entravent ce processus, il y a crise. Toutes les crises ne sont pas de même nature, à l’instar des maladies qui affectent un corps humain par exemple et par métaphore.
La crise peut affecter partiellement et provisoirement la santé sociale. Elle peut menacer la vie de la structure sociale de mort brutale ou lente.
La crise du capital est la crise de sa circulation. Elle affecte la production, la distribution et la consommation, en rappelant que Marx globalise ces 3 mouvements qui sont UN et que l’on peut « résumer » par le terme « production » (introduction à la critique de l’économie politique de 1859).
2 Caractéristiques d’une crise
Toujours par métaphore (image à effet limité) on peut imaginer la circulation du capital comme une circulation du sang. Si la circulation du sang est entravée dans une partie du corps, cela peut affecter tous les processus biologique, mentaux, dans le processus UNIQUE du corps dans son ensemble. Pour ce qui concerne le capitalisme, il est la phase ultime du processus de la société marchande initié à la fin de la préhistoire, au début de l’antiquité, au moment des premières accumulations de surproduit, c’est-à-dire de l’institution de l’agriculture puis des Cités-Etat. Cette phase ultime peut elle même être répertoriée en plusieurs sous-phases tel l’Impérialisme et ses différentes formes, le Capitalisme Monopoliste d’Etat etc…
Mais une analyse de ces phases du processus ne peut se contenter d’une recherche ou d’un sentiment empirique. Le « Capital » de Marx décrit des lois générale du processus capitaliste et reconstituer chacun individuellement la recherche sur ces lois est absurde. C’est comme si un ingénieur qui veut construire un pont, au lieu d’apprendre ce que la science a accumulé pour cela, repartait de zéro.
La lecture et l’exégèse de Marx et des œuvres du marxisme, du « Capital » en particulier n’est pas si énorme que ça finalement pour un militant qui cherche à comprendre le contexte dans lequel il milite et l’évolution actuelle des lois formulées par Marx sur le Capital. Et une organisation pédagogique du PCF aidant à cela aiderait à la chose.
3 Les caractéristiques actuelles de la crise
Nous sommes entrés dans une période d’accélération de la crise.
Les politiques que le Capital applique à son propre processus par l’intermédiaire des Etats et des coordinations étatiques, sont des remèdes qui renforcent considérablement les mécanismes de blocage et entraînent un processus en chaîne accéléré de ces blocages. Il n’est pas impossible que les blocages deviennent un blocage atteignant une masse critique. Il n’est pas impossible non plus que le blocage atteigne le corps social comme un cancer. Il n’est pas impossible non plus que les forces de transformation possible du corps social, et à leur cœur, « l’homme producteur » influent positivement sur le processus de sortie de la société marchande. Bien sûr c’est un processus d’une portée « incroyable » dans l’histoire de l’humanité, un processus non instantané et faisant appel à de nombreuses générations. C’est aussi un processus qui ne peut pas ne pas être douloureux. Mais le processus de mort sociale ne serait pas sans douleur non plus. Processus long, mais toute nouvelle phase à un « début », même si ce « début » est contenu aussi dans le passé, a des prémisses (mais je n’entre pas dans le développement du concept de processus, lire Ernst Bloch pour cela), l’humanité est constituée d’une façon unifiée des CONTRAINTES naturelles et de VOLONTE humaine, c’est-à-dire d’elle-même (c’est une lapalissade, mais une lapalissade qu’on oublie traditionnellement).
L’intervention de l’homme producteur sur le processus a besoin d’une organisation donnant une cohérence à son action globale. C’est le rôle d’un parti révolutionnaire, du PCF si tant est qu’il trouve les ressorts internes à cette action. On n’est pas révolutionnaire de label mais à chaque moment du processus social en fonction des aptitudes de décision et d’action, de rassemblement.
4 Rassemblement, action, diversité
Je ne reviens pas sur l’analyse marxiste de la division du travail (voir chapitre sur la manufacture et l’industrialisation du « Capital »).
Les divisions politiques ne calquent pas cette division du travail mais en découlent. Y compris à l’intérieur du salariat lui-même. S’attaquer à cette division c’est s’attaquer aux mesures concrètes, élémentaires de la politique « Sarkozi-MEDEF-Bush etc. » sur l’organisation du travail, le temps de travail, les salaires, les pensions, LE DROIT DU TRAVAIL…Et vice versa. Il n’y a pas « séparation » entre les activité humaines. Le travail et les « loisirs » par exemple. Ou l’art et l’industrie. L’humain ne se découpe pas en morceau. Si Marx insiste sur la production comme centre de l’activité humaine, il conçoit toutes les activités humaines comme en faisant partie, comme une unité. Au contraire lutter par exemple pour une « part » de cette activité sans faire le lien est faire du sociétal et non du social, c’est en général recouper et perpétuer la division du travail et la figer sur le « modèle » actuel, dominant.
Il ne peut y avoir d’issue au capitalisme sans une autre organisation du travail, un processus plus ou moins long qui modifie cette organisation qui n’est pas une division technique du travail mais une division de classe du travail. Les mesures « Borloo » (par exemple clair) et les contradictions qu’elles entraînent, le refus social encore inorganisé de la part de couche populaires qui en sont touchées et qu’elles suscitent, malgré tout, montrent les capacités potentielles de résistance à cette division de classe du travail. Je n’entre pas dans les détails, mais il faut prendre le temps et les moyens de le faire. Une organisation cohérente et démocratique du travail demande l’action au niveau de « l’atelier », du « bureau », du « magasin », et une cohérence d’ensemble, et une cohérence POLITIQUE ne peuvent naître que d’une cohérence de l’activité de l’individu, en aller-retour.
5 Les conditions de l’issue de la crise
Elles sont virtuellement réunies. Marx a bien développé l’idée qu’une prise de pouvoir d’un parti communiste dans des conditions où les forces productives ne connaissaient pas un développement correspondant à une société communiste pouvaient être un progrès de l’ordre d’une société bourgeoise plus ou moins développée, d’une société de strates sociales en conflit de classe. C’est ce que nous avons connu jusqu’à présent dans les diverses expériences étatiques de communisme. Ce qui ne contredit pas le fait que ces expériences relevaient d’une lutte des classes énorme à l’échelle mondiale.
Nous avons tenté de définir le CME et les conditions de dépassement du capitalisme, et depuis les choses se sont accélérées, alors que nous avons quelque peu stagné, pour diverses raisons, dans notre effort d’analyse.
Les conditions de l’automatisation de la plus grande part de la production sont de plus en plus réunies. Cela ne veut pas dire que nous allons devenir des robots, mais que les conditions de libération du travail et de la libre activité sont de plus en plus réunies, c’est-à-dire les conditions du communisme.
La contradiction entre la baisse moyenne du taux de profit, la division du travail qui permet de maintenir mondialement une main-d’œuvre seule source de profit capitaliste, et les besoins de mise en œuvre des techniques assurant cette automatisation, cette contradiction s’approfondit, devient un gouffre.
Qu’on ne donne pas l’illusion d’un modèle social idéal achevé, ou celle du grand soir est une chose. Mais qu’au « prétexte » de la non linéarité des développements (juste concept), de la nécessité de la patience révolutionnaire (idem), …on casse un principe espérance basé tout de même sur ces réalités et sans lequel une action humaine va se retrouver face à un horizon limité, c’est handicaper les luttes pour des objectifs limités elles-mêmes. Il faut UNIR horizon proche et lointain. C’est cette unité réalisé qui a permis les grandes transformations révolutionnaires du passé comme la vie quotidienne de chaque individu, composante unifiée d’une société humaine, qui comme dit (encore une fois) Marx est la prise de conscience la nature sur elle-même.
6 Mondialisation
Marx répète que l’histoire des forces productives est l’histoire de la mondialisation des forces productives.
Evidence soulignée lors de notre débat : au moment où production, gestion, distribution connaissent l’informationnalisation mondialisée, la recherche d’une cohérence de l’action du salariat mondial et de son, ses, organisation(s) politique(s) s’appuyant sur les « cultures » et acquis des salariats locaux ne devrait pas faire problèmes « stratégiques » conceptuels. « Prolétaires de tous les pays unissez-vous » n’a pas pris une ride, au contraire.
Pierre Assante, 31 mai 2008