Accueil > La Caisse des dépôts redoute de devoir afficher des pertes

La Caisse des dépôts redoute de devoir afficher des pertes

Publie le lundi 8 décembre 2008 par Open-Publishing
1 commentaire

LE MONDE | 06.12.08 | 13h21 • Mis à jour le 06.12.08 | 13h21

Si la caisse des dépôts et consignations (CDC) était cotée en Bourse, il conviendrait de parler d’avertissement sur ses résultats. L’institution financière publique - qui s’est imposée, au cours des dernières semaines, comme la pierre angulaire des plans de soutien de l’Etat à l’économie - espérait, il y a encore un mois, pouvoir annoncer des bénéfices de quelques centaines de millions d’euros pour 2008.

Le krach sur les marchés financiers a eu raison de ces prévisions, dans un groupe où une part importante des résultats provient de plus-values boursières. Désormais, sauf redressement spectaculaire de la Bourse d’ici à la fin de l’année - ou recours aux ficelles comptables que permettent les nouvelles normes IFRS -, la CDC n’est plus certaine de pouvoir afficher des bénéfices.

Ses dirigeants redoutent même de devoir publier une perte au titre de 2008. En 2007, ses profits s’étaient élevés à 2,48 milliards d’euros, ce qui avait permis de verser à l’Etat un dividende de 830 millions. L’annonce d’une perte serait une première dans l’histoire de l’établissement. La CDC a été créée en 1816 pour protéger l’épargne des Français. Elle centralise une grande partie de l’argent déposé sur
les livrets d’épargne réglementés (Livret A, Livret bleu, etc.).

"CHOC SANS PRÉCÉDENT"

Jusqu’à présent, l’éventualité d’une perte avait fait l’objet d’échanges confidentiels entre dirigeants. Jeudi 4 décembre, elle a été évoquée, pour la première fois, lors d’une réunion interne.

Les propos des dirigeants sont restés allusifs, puisque rien n’est joué et que les comptes ne sont pas arrêtés. Cependant, la possibilité d’actionner la clause qui garantit à l’Etat un dividende de 500 millions d’euros, si les résultats de la CDC sont mauvais, a été mentionnée. Ce dividende garanti serait alors prélevé sur la rente liée à son monopole des dépôts des notaires.

Officiellement, pour la CDC, il est trop tôt pour se prononcer. Mais, explique un haut fonctionnaire, "les choses sont simples : si l’indice CAC 40 est au-dessus de 3 200 points le 31 décembre, la CDC est bénéficiaire, s’il est à 2 800, elle est dans le rouge. Dans la zone intermédiaire..."

"On parle d’un choc financier sans précédent depuis la seconde guerre mondiale, commente, de son côté, un directeur de la CDC. Il paraît normal que la CDC souffre en tant que gros investisseur en actions sur le CAC 40. N’oublions pas qu’elle a le long terme pour elle !"

Dans le détail, il faut distinguer deux sections dans les comptes : la section générale, qui regroupe les activités de la CDC ainsi que ses filiales et ses participations (CNP, filiales immobilières, capital investissement, etc.) ; la section des fonds d’épargne, qui englobe les dépôts sur livrets gérés pour le compte de l’Etat et donne lieu, elle aussi, à un prélèvement de la puissance publique.

Or, dans l’un et l’autre de ces compartiments, les mauvaises nouvelles se sont accumulées. La section générale a souffert des déboires de Dexia, dont elle était un important actionnaire et qu’elle a recapitalisé aux côtés de l’Etat. Et aussi de la chute générale des valeurs de son portefeuille.

Les fonds d’épargne ont pâti de leurs investissements en actions. Ceux-ci ne représentent que 8 % environ des actifs financiers, c’est-à-dire des fonds qui ne sont pas prêtés au logement social. Parler de perte est prématuré. Mais l’ampleur de la crise boursière est telle que, d’ores et déjà, la CDC sait qu’il n’y aura pas d’excédent de gestion sur ces fonds, donc pas de résultat prélevable par l’Etat.

Anne Michel

Messages