Accueil > La haine d’Alain Finkielkraut

La haine d’Alain Finkielkraut

Publie le lundi 29 mai 2006 par Open-Publishing
21 commentaires

Communiqué de Presse

Au cours d’un colloque organisé par le Cercle Léon Blum le 23 novembre 2003 qui s’était donné comme mission de dénoncer une certaine gauche antisémite, Alain Finkielkraut a déclaré : « Autrement dit, un mouvement contre le racisme et pour l’antisémitisme des peuples s’est construit à Durban. Ce MRAP en question est toujours plus puissant. ».

En accusant clairement le MRAP de véhiculer l’antisémitisme, voire de le personnifier, il a porté gravement atteinte à l’honneur et à la considération d’un mouvement antiraciste fondé par des juifs progressistes à l’après-guerre qui a fait de l’universalité de l’antiracisme son combat. Cette haine à l’égard du MRAP qui n’a jamais cessé de lutter contre le racisme, qu’il soit anti-juif ou anti-arabe, se superpose singulièrement sur la haine de l’extrême droite raciste.

Le MRAP a porté plainte contre Alain Finkielkraut pour diffamation.

Le procès se tiendra mardi 30 mai 2006 devant la 17ème du tribunal correctionnel de Paris à 14h. Maitre Pierre Mairat, avocat à la Cour, représente le MRAP dans cette affaire.

Paris, le 29 mai 2006.

Messages

  • Et quand on pense que c’est Edgar Morin qui a été condamné pour incitation à la haine raciale ....

    Jips

  • Alain Finkielkraut va bien finir par devoir se calmer dans ses déclarations les plus extravagantes, les plus ubuesques, et les plus intolérables, car sinon il va finir recordman de France des condamnations en diffamation ! La dérive intellectuelle et morale de A. finkielkrauit (partir de l’extrême-gauche libertaire et tolérante pour en être là où il est aujourd’hui) , ne laisse pas de rendre perplexe. Qu’il soit attaché à la cause et à l’existence de Israël ne peut expliquer qu’il soit devenu aussi hargneusement réactionnaire. Il y a comme une sorte d’énigme "Finkielkraut".

    • Sauf que cet intertitre "ils ne sont pas malheureux, ils sont musulmans" n’est pas de lui, il le récuse absolument, mais des journalistes d’Haaretz. Il y a quand même beaucoup de choses comme ça dans cette interview, les journalistes ont agravé les choses. De même pour les propos sur la colonisation de cette interview qui ont choqué, je viens de terminer "Nous autres modernes", et c’est un bon livre, intéressant, où Fink dans son analyse et sa critique de la modernité, évoque Jules Ferry qui invoquait "un devoir de civilisation" pour justifier son entreprise coloniale et il est évident qu’il n’adhère pas aux propos de Jules Ferry ; il faudrait être idiot ou gâteux pour le faire au début du 21e siècle. Mais nous vivons désormais une époque où le fait même de rapporter les propos de quelqu’un auquel on n’adhère pas forcément est interprété comme une adhésion. Si vous croyez vraiment que Fink puisse penser une seconde que la colonisation était une "entreprise de civilisation" à la lecture de son livre, vous êtes soit idiot soit malveillant. C’est-à-dire que vous souhaitez alors le faire passer pour un affreux qu’il n’est quand même pas tout à fait. En fait à l’occasion de cette affaire, je me suis intéressée à lui et j’ai essayé de comprendre, j’ai donc commencé à le lire et bien je pense que c’est un homme de grande valeur dont je ne partage pas toutes les opinions, loin de là. Je pense qu’il est conservateur, mais pas ultra-conservateur (les ultra sont pour la peine de mort, contre l’avortement, pour la femme au foyer et bien d’autres choses encore, ce qui n’est pas son cas). Donc, détestez-le si vous voulez, mais essayez au moins de le lire avant de le condamner définitivement. Bon j’admets qu’il pourrait être moins présent à la télé et se consacrer à l’écriture de ses livres qui sont bons.

    • "Je pense qu’il est conservateur, mais pas ultra-conservateur (les ultra sont pour la peine de mort, contre l’avortement, pour la femme au foyer et bien d’autres choses encore, ce qui n’est pas son cas)."

      La maladie n’est donc pas en phase terminale si Finkielkraut est contre la peine de mort , pour l’avortement et contre la femme au foyer....

    • (...) Donc, détestez-le si vous voulez, mais essayez au moins de le lire avant de le condamner définitivement. Bon j’admets qu’il pourrait être moins présent à la télé et se consacrer à l’écriture de ses livres qui sont bons.

      + le message du même tonneau du 29 mai 2006 à 22h24

      C’est vrai que tous ces procès ça doit coûter cher et qu’il va falloir en vendre des bouquins pour payer tout ça. La semaine dernière c’était Eyal Sivan qui le poursuivait, aujourd’hui le MRAP... Donc habile est la stratégie de « "Le mec est con et raciste - "émeutes ethnico-religieuses" -, voire ségrégationiste - rejet de la France black, blanc, beur - par ses propos dans les médias, mais lisez ses livres qui sont différents et qui montrent un type intelligent et progressiste »...

      Ca va coûter cher, ces procès, mais on est pas des vaches à lait tout de même. Et encore moins idiot.

      Il assume ce qu’il a dit, point.

    • Sur Finkielkraut l’ujfp a bien fait son travail, elle en a des choses à dire, dites donc ! Mais sur Durban, au fait, puisque c’est aussi de ça dont il s’agit, qu’est-ce qu’elle en dit l’ujfp ? Circulez, tout va bien, y’ avait rien à voir ?

    • Mais j’ai lu tout ça, ce qui est bien c’est de lire l’incriminé en chef, c’est quand même comme ça qu’on peut savoir. Bon, je ne le crois pas affreux raciste, mais je suis quand même critique : je ne partage pas ses opinions les plus tranchées, celles qui sont suscitées par l’actualité par exemple, par des faits divers notamment. Je ne crois pas du tout que les émeutes de novembre aient eu la moindre connotation ethnico-religieuse ; là, il n’a rien compris du tout. En revanche, certaines de ses analyses sont pertinentes parce qu’elles ne sont pas basées sur des réactions au 20heures mais proviennent d’analyses sur le long terme, fondées sur de vraies lectures, Hanna Arendt, Hans Jonas, Emmanuel Levinas pour citer ses préférés. Justement Nous autres modernes est très éclairant de la nature de sa critique de l’homme moderne (Prométhée). A sa lecture, je me suis sentie moi prométhéenne, du côté de la modernité, et critique aussi.En fait, je ne comprends pas pourquoi ce type s’obstine à réagir sur l’actualité, là où il sait être très mauvais et vieux schnock par moment (d’ailleurs je le trouve plus vieux schnock que réellement raciste), alors que quand il lit, réfléchit et rend compte par des livres de cette expérience, il est très intéressant. En plus, il est très accessible. Il ne s’exprime pas dans un langage philosophique, incompréhensible au commun des mortels mais dans un langage courant bien que cultivé. Je précise que Nous autres modernes n’a rien de raciste, on ne devient pas raciste en le lisant. Ce qui est étonnant c’est ce contraste entre une certaine finesse dans son écriture et sa réflexion et les gros sabots de ses réactions à vif. Donc je retiens le philosophe et l’auteur et je m’efforce d’oublier l’homme médiatique. Enfin pas toujours, parce que j’approuve aussi son combat sur l’Ecole, je le crois en fait réellement progressiste (le combat) car il n’y a que l’école qui puisse apporter la culture aux enfants les plus modestes tandis que les classes moyennes et bourgeoises disposent de relais familiaux dont les autres sont dépourvus. Donc en fait, il n’est pas tout noir, ni tout blanc. Il est contestable sur pas mal de points mais acceptable et même intéressant sur plein d’autres.

    • On est pas obligé d’acheter ses bouquins pour le lire, il y a des bibliothèques ! ce que j’avais pointé en parlant d’ "énigme Fink", c’est que dans ses bouquins, il n’est pas le gros con réactionnaire qu’il est sur les plateaux de TV et dans ses déclarations intempestives. C’est peut-être cà qui est justement dangereux ; beaucoup de gens (notamment des profs, qu’il caresse dans le sens du poil) apprécient ses bouquins, et donc "laissent passer" ses déclarations les plus réac. Maintenant, c’est un type qui fréquente tout le "who’s who" des "fabricants de l’opinion publique", et qui est un des acteurs importants de cette caste. C’est gens sont des adeptes de Pareto et de Léo strauss. Ce qu’on sait être la vérité, il ne faut pas la dire au plus grand nombre, car il ne comprendrait pas et ce serait très dangereux pour l’existence de la société même. Il y a deux types de vériés - la vraie, que seule une élite peut comprendre - la "publique" pour les grandes masses. FinkelK est pour une société hiérarchisée, segmentée, où dans chacune de ces strates, il y un système de valeur interne, lui même hiérarchisée. Et ce qui le désole, c’est l’anarchie actuelle que produit le capitalisme dans la hiérarchie des valeurs ("un cheval de course qui a du génie", comme se plaisait à noter au début du XXème siècle robert Musil). Il est donc bien philosophiquement réactionnaire (comme les gens de "l’encyclopédie des Nuisances" par exemple), mais pas forcément "gros con". . Maintenant ses dérapages "trash" (sur l’islam, les banlieues, l’extrême-gauche, les étudiants...) participent pleinement de ce qu’il est censé - en son for intérieur philosophique - abhorrer. L’explication relève sans doute de l’ordre psychanalytique ! (c’est ce qu’on dit quand on a plus rien à dire !)

    • Ou tout simplement il vieillit. J’ai des amis de la génération de Fink, de gauche, soixante-huitards, dont j’ai assisté avec stupéfaction à la transformation idéologique. ils se considèrent toujours comme de gauche, mais ils m’apparaissent à moi qui suis de la génération en-dessous, comme de plus en plus conservateurs et même réactionnaires et tenir en conséquence des propos que je juge parfois limites. C’est quand on est vieux et que l’on se sent vieillir que l’on a peur de la jeunesse, donc des émeutiers, donc des transformations de la société, etc. et que l’on se trouve hanté par le "tout fout le camp". Pour autant, je ne trouve pas sa philosophie réactionnaire. Je pense que comme nous tous, il s’agit d’une personnalité complexe, pas toujours rationnelle. Et dans son cas, mauvais dans ses réactions et bien plus acceptable quand il réfléchit.

    • Eh bien je crois qu’on est pas d’accord sur le terme "réactionnaire". Et je crois que vous n’avez pas compris (ou qu’on est pas d’accord sur, ou que je n’ai pas compris) hannah Arendt (qui elle était une disiciple de Léo Strauss, et effectivement la grande inspiratrice de Fink) ni Levinas (qui est tout l’inverse, c’est à dire non Straussien, et que Fink, en réalité ne suit pas du tout, à part dans des commentaires composées de normalien. d’ailleurs comment pourrait-on être un admirateur sincère de levinas, et de se comporter comme Finkielkraut à l’endroit de ce qui n’est pas occidental ?). C’est du judaïsme de Strauss que s’inspire Fink, pas celui de Levinas.

    • Là j’abandonne, vous êtes bien plus cultivé que moi sur la question, pour vous répondre précisément il va falloir que je me penche bien à fond sur les auteurs sus-cités et j’ai du pain sur la planche. Moi je me fondais sur la lecture récente de quelques uns de ses ouvrages, j’avais en effet pour principe de ne jamais lire d’auteurs français vivants tant ils m’emmerdent et c’est tout le foin autour de ses déclarations qui m’a incité à lire le Fink que je trouve en effet conservateur. Mais je supporte en général d’être confrontée à des opinions que je ne partage pas, c’est le principe de la démocratie.
      A par çà, le côté "commentaire composé" de normalien va comme un gant au Fink qui en effet du mal à prendre intellectuellement ses distances par rapport à ses "origines académiques". On appuie sa démonstration sur des exemples cultivés comme dans une bonne vieille dissertation (ça fleure bon la craie et le tableau noir). Il est d’ailleurs plutôt un littéraire qui a des lectures philosophiques qu’un véritable philosophe.

    • Tout celà est burlesque... Que les gens qui ont tenté ci-dessus de brouiller les cartes au profit de l’éminent philosophe commencent donc par écouter sa prestation hebdomadaire sur RCJ et on verra bien si ensuite ils osent affirmer sans rire qu’il "n’est pas réactionnaire", sic ...

    • Qui a tenté de "brouiller les cartes" ? Qu’est-ce que c’est que cette conception de l’échange intellectuelle ? Si le but de la manoeuvre était d’ouvrir le "quart d’heure de la haine" sur ce fil, alors c’est effectivement raté. Tout le monde a dit ici, presque sans exception, que ce M.Finkielkraut était un conservateur, un fiéffé réactionnaire, j’en passe et des meilleurs ; Quelles cartes ont-elles donc été brouillées ? J’ignore ce que c’est cette "RCJ", pour laquelle vous semblez faire de la publicité, mais pour ma part j’écoute assez souvent France-Culture le samedi matin et donc Fink qui y sévit dans son émission "Répliques" ; En outre Fink est régulièrement invité sur tous les plateaux de Tv public (récemment encore à Arte, pour y déverser son fiel sur le mouvement étudiant et la jeunesse"décervelée" en général) ; et donc chacun sait à quoi s’en tenir. Maintenant cet article informait des démêlées judicaires quant aux diverses diffamations que Fink a commis (dire que le MRAP est devenu le mouvement contre le racisme et pour l’antisémitisme est en effet "diffamatoire" à l’égard de cet honorable mouvement). Il nous est tout de même permis de disserter entre le rapport de l’oeuvre de ce Monsieur (il n’a écrit qu’une vingtaine d’ouvrages, et n’a été traduit que dans une dizaine de langues) et ses prises de position publique, quand il se risque jusqu’à la diffamation et la calomnie publique ! Si c’est cà que vous appelez "brouiller les cartes", alors bon ! on a sans doute pas la même conception du débat d’idées et du débat intellectuel.

    • Bravo et bien d’accord ! On peut débattre, et d’ailleurs le sujet du débat c’est aussi peut-on opérer une distinction entre l’oeuvre et l’auteur ? Lui, d’ailleurs dit que oui à propos d’Heidegger.