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La révolte des Nigériennes

Publie le jeudi 27 janvier 2005 par Open-Publishing

Udine, Idealservice licencie vingt ouvrières qui font grève

de ORSOLA CASAGRANDE

Après le blocus des heures supplémentaires à l’usine Idealservice de Rive d’Arcano (Udine), la rétorsion de l’entreprise arrive comme on pouvait s’y attendre. Hier,
l’ouverture des procédures de mobilité concernant vingt salariées actuellement à temps partiel a été communiquée aux syndicats. Il s’agit précisément des salariées,
souligne-t-on au guichet des "Invisibles de Monfalcone", qui avaient mis en œuvre le blocus des heures supplémentaires.

La mobilisation avait été organisée après qu’on avait imposé à quelques ouvrières
(en majorité des citoyennes africaines), en menaçant de les licencier, de passer
du contrat à temps plein au contrat à temps partiel. Les salariées s’étaient
adressées à l’association de défense des travailleurs (fédérée à la Représentation
de base) et aux guichets des "invisibles" et avaient organisé, ensemble, la protestation
de lundi dernier, qui avait entraîné tous les salariés de l’usine, à savoir une
trentaine de personnes.

En réalité, les journaux s’étaient déjà intéressés à la coopérative Idealservice, quand, en Octobre, elle avait décidé de déplacer certaines salariées (dans ce cas aussi des étrangères pour la plupart) de l’usine de Ballo’ (en province de Venise) vers d’autres usines éloignées, même de 150 Km. Les salariées avaient refusé de se déplacer et, grâce à l’assistance de l’association pour la défense des travailleurs et des guichets des "invisibles", elles avaient fait grève et conduit l’entreprise à la table de négociation. Dans trois cas, l’entreprise s’est même engagée à trouver un logement pour les salariées qui avaient accepté le déplacement. Idealservice s’occupe du recyclage des déchets solides urbains et elle a des conventions avec environ 150 administrations. Elle possède 6 usines, dont 4 dans la région Frioul- Vénétie Julienne et 2 en Vénétie, pour un total de 600 salariés environ.

Les femmes y sont nombreuses, les étrangères très nombreuses, des citoyennes africaines pour la plupart. Comme c’était déjà arrivé à l’occasion du déplacement des salariées dans des usines éloignées de celle de Ballo’, dans le cas de Rive d’Arcano aussi ce sont surtout les moins qualifiées qui sont frappées. "L’entreprise - dit Celeste Giacon, de l’association pour la défense des travailleurs de Padoue - veut le contrôle total des salariés. Le paradoxe - ajoute-t-il - est que nous sommes en présence de précarité du travail quand les contrats sont à temps indéterminé aussi." En effet, à Riva d’Arcano, l’entreprise avait imposé le changement de contrat de temps plein à temps partiel mais elle avait demandé en même temps aux salariées d’effectuer des heures supplémentaires.

"La Cgil, hélas, - dit encore Giacon - a poussé les salariées à accepter. Mais les nouvelles conditions de travail ne sont pas acceptables." C’est ainsi que les salariées (dix-huit au début) ont jeté au panier la carte de la Cgil pour prendre celle de l’association pour la défense des travailleurs. Avec les syndicalistes de base, elles ont organisé des assemblées et pensé à des stratégies. "On se rencontrait dans un café près de Udine - dit Giacon - Ces salariées sont très aguerries". A la fin, on a choisi le blocus des heures supplémentaires, qui, entre autre, étaient communiquées par l’entreprise la veille ou le jour même. "Le blocus - explique Mauro Bussani du guichet des "invisibles" de Monfalcone - a été un grand sacrifice pour ces salariées qui, en ayant subi un contrat à temps partiel, reçoivent un salaire de 250-300 euros" (le salaire d’un temps plein tourne autour de 750 euros). Le syndicat est en train d’évaluer, avec les avocats aussi, quelles initiatives entreprendre pour la défense des salariées que l’entreprise voudrait mettre en mobilité.

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao

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