Accueil > Le Medef fustige "la remise en cause" des accords sociaux

Le Medef fustige "la remise en cause" des accords sociaux

Publie le mercredi 21 avril 2004 par Open-Publishing

Le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Ernest-
Antoine Seillière, est longuement revenu, mardi 20 avril, lors sa
conférence de presse mensuelle, sur l’actualité sociale, déplorant,
en termes vifs, que les accords sociaux "soient systématiquement
remis en cause soit par la loi, soit par la rue, soit par les juges".
"Il faut choisir" entre une société qui promeut le dialogue et une
société "incapable d’en accepter les résultats", a-t-il ajouté,
précisant que l’organisation patronale demandait"la mise en oeuvre
des conclusions du rapport Novelli " sur les 35 heures.

A propos de l’assurance-maladie, M. Seillière, qui devait être reçu
en début d’après-midi par le ministre de la santé et de la protection
sociale, Philippe Douste-Blazy, et par le secrétaire d’Etat à
l’assurance-maladie, Xavier Bertrand, n’a pas donné de signe de
changement d’attitude : "Ce n’est pas notre métier, notre compétence
ni notre légitimité d’entrepreneur de gérer un système de santé", a-t-
il réaffirmé.

Après la décision du tribunal de grande instance de Marseille,
l’Unedic - dont le bureau doit tenir, cette semaine, une réunion
exceptionnelle - risque de se trouver dans une impasse financière. Le
président du régime d’assurance-chômage, Denis Gautier-Sauvagnac
(Medef), avait déjà estimé que si ce jugement s’appliquait à
l’ensemble des chômeurs privés prématurément de leurs allocations -
265 000 en janvier, 613 000 à 856 000 au total -, il en coûterait
"entre 1,5 et 2 milliards d’euros" à une institution dont le déficit
cumulé fin 2004 est estimé à plus de 7 milliards d’euros. "S’il
manquait 2 milliards d’euros, nous serions devant un drame. Et
l’assurance-chômage serait, comme l’assurance-maladie, menacée dans
son existence même par les déficits. Nous ne saurions pas comment
verser les allocations aux chômeurs ", a déclaré M. Seillière.

M. Gautier-Sauvagnac avait aussi prévenu qu’une nouvelle négociation
"ne serait dans l’intérêt de personne, pas plus des cotisants - les
employeurs et les salariés - qui ne souhaitent pas du tout qu’on
augmente les cotisations, que des chômeurs indemnisés eux-mêmes, dont
le régime risque d’être modifié, et pas dans le bon sens". En 2002,
le Medef était partisan de rétablir la dégressivité des allocations.
Il y avait finalement renoncé. Mais la situation financière du régime
et la révision à la hausse des chiffres du chômage par l’Insee
devraient le conduire à revenir sur ce sujet sensible. Toutefois, M.
Seillière n’a pas répondu à la demande de réouverture de négociations
formulée par le président de la CFE-CGC, Jean-Luc Cazettes.

ISOLÉ DANS SON PROPRE CAMP

Bien que le gouvernement attende de lui un geste sur l’assurance-
maladie, M. Seillière a campé sur ses positions, précisant qu’il
"attendait la réforme". Le Medef a quitté les conseils
d’administration des caisses de "Sécu" en 2000 pour protester contre
l’opacité du système, et met plusieurs conditions à sa participation
au pilotage de l’assurance-maladie : la clarification des comptes et
des responsabilités, le retour à l’équilibre à l’horizon de 2007, une
réforme structurelle incluant l’hôpital. Il suggère la création d’une
agence de santé, dotée d’un conseil de surveillance et d’un
directoire, dont le directeur serait nommé par l’Etat. Toutefois, le
Medef est isolé dans son propre camp. Dans un entretien aux Echosdu
20 avril, le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, s’estime,
en effet, "légitime, avec d’autres, à gérer la santé".

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-361777,0.html