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Le Monde libertaire # 1488 du 4 au 10 octobre 2007
Publie le jeudi 4 octobre 2007 par Open-PublishingLe Monde libertaire # 1488 du 4 au 10 octobre 2007
Hebdomadaire de la fédération anarchiste, adhérente à l’Internationale des fédérations anarchistes
« Une société écologique suppose la fin de la hiérarchie et de la domination sous toutes ses formes. »
M. Bookchin
Sommaire du Monde libertaire # 1488 du 4 au 10 octobre 2007
Le camelot du nucléaire, par Daniel, page 3
Justice aveugle, par Vianney, page 4
Prison psychique, par J. Monjot, page 4
Presse locale en lutte, par le Peinard, page 5
L’autruche sous la mousson, page 5
Bon pour le travail, par Thierry, page 6
Brèves, page 7
Birmanie en tourmente, page 8
Autogestion outre-Rhin, page 9
General Motors, par A. Chemin, page 9
Les états-Unis et les déviants, par H. M., page 10
Grenelle 2007, page J.-P. Tertrais, page 11
Habits neufs et feinte-dissidence, par L. Janover, page 14
Louise Michel et l’Algérie, par Paco, page 17
Colloque Amsterdam 1906, CNT-AIT Pau, page 19
Vie du mouvement, page 21
Radio libertaire, page 22
Agenda, page 23
Éditorial de la semaine :
Petite question : d’après-vous, pourquoi les du nucléaire gouvernants et leurs perroquets mènent-ils particulièrement grand tapage en ce moment ? Allez, ne tournons pas autour du pot pendant dix plombes et disons-le tout net : si les ci-devant nous prennent pour des jambons, c’est pour pouvoir mieux nous croquer ensuite. Voyons de plus près leurs grossiers stratagèmes. Le Staffordshire de l’Elysée tance Trichet au motif que l’euro fort pénaliserait les entreprises françaises. Itou il fait mine de recadrer Fillon, lequel manquerait de pédagogie pour faire passer un train de « réformes ».
Parallèlement, à l’ONU, juché sur un escabeau, il prend la posture du mec qui voudrait tenir entre ses pognes les manettes de l’univers entier. Ici il mandate Borloo, son pitre ébouriffé, pour amuser la galerie avec le Grenelle de l’environnement. Là, il joue au Total droits de l’homme, et cherche à émouvoir le bon peuple avec la pluie de sang provoquée par la junte Birmane.
Et pendant ce temps là, les scrutateurs de l’opinion (sic) s’interrogent doctement sur le désamour qui frapperait soudainement le bull-terrier des riches, ou bien les mêmes se perdent en conjectures sur la réalité (ou pas) d’un… futur plan de rigueur !
Si le foutage de gueule était coté en Bourse, il est certain que son taux ferait péter tous les records. Les salaires tirent la langue alors que l’inflation se dope à l’EPO des profits. Le maquillage des chiffres du chômage n’y peut rien, le nombre de travailleurs privés d’emploi ne cesse de croître. Les sinistres procureurs de la Sécurité Sociale continuent d’instruire de mauvais procès à son encontre. Les fonctionnaires sont encore et toujours pointés du doigt, et les régimes spéciaux sont invités à offrir leur corps à une tronçonneuse nommée « équité ». N’en jetez plus, la cour est pleine.
Reste la question de fond. Comment les capitalistes réussissent-ils à nous saigner en continu sans qu’un raz de marée de luttes n’émerge… pour les submerger enfin ?
Retour à la case départ. Ces salopards usent et abusent de moult subterfuges. La culpabilisation ici :« il y a plus malheureux que vous ici ou dans le monde », l’instrumentalisation des émotions, par exemple avec la Birmanie ou le Darfour (pour les sans papiers R.A.S), le rajout d’une grosse pincée de poudre (colorée) aux yeux avec le Barnum du développement durable (sic). Enfin, si cela ne suffit pas, et d’ailleurs cela ne suffira pas, les Déroulède de tout poil sauront bien exciter la fibre nationaliste afin de nous précipiter dans un lointain conflit. L’Iran et ses mollahs noir pétrole = méchants, or les méchants méritent bien la fessée n’est-ce pas ? Au fait, qui a dit qu’il fallait se protéger des chiens d’attaque ?
En prime, un article de Thierry :
« Bon pour le travail »
La part maudite
Vos poumons se calcifient et impossible de recracher les maudites fibres. Identiques à du verre coupant, elles se sont plantées au fond des poumons de Marie-Jeanne quand elle travaillait dans cette usine baptisée l’« enfer blanc ». Les milliers de victimes de l’amiante, une leçon contre d’autres tragédies industrielles ? Pas vraiment. Quand on pulvérise le sol à coups de pesticide, il n’y a pas que les insectes qui trinquent. Employé aux épandages, José, ouvrier agricole, a contracté la maladie de Parkinson. Hervé, lui, souffre de stérilité, ses spermatozoïdes foutent le camp, exterminés par les vapeurs des éthers de glycol reprotoxiques qui l’ont imprégné durant plus de quinze ans à la Régie. Ici, l’atelier fabrique des vitamines destinées aux poulets industriels. Et si ces friandises font la joie des poulets, le chloracétal ne fait pas celle de Robert atteint d’un cancer du rein : la molécule est connue pour ses pouvoirs toxiques et mutagènes, en particulier sur les reins. Là, à force de respirer les émanations de peinture, un ouvrier est tombé malade. Exposé sans précautions, Lucien est aujourd’hui « dévoré » par les métastases.
Un vrai cauchemar ! Et le pire est à venir1, plusieurs spécialistes n’hésitent plus à parler de « bombe à retardement ». Allons… ne venez pas nous dire qu’un scandale pareil à celui de l’amiante nous pend au nez, ça se saurait ! Rien, motus et bouche cousue. La balance des pertes et profits a parlé : d’un côté, des millions de maladies susceptibles de se déclarer dans vingt ans… de l’autre, les millions d’euros à se mettre dans la poche tout de suite.
Et voilà que de plus en plus de victimes se retrouvent pour sortir de l’angle mort où beaucoup entendaient les reléguer. Pointés du doigt, personne ne peut plus nier les dangers mortels du travail, d’où la nouvelle stratégie des entreprises : la précarisation des risques. Une spécialité d’EDF, qui fait travailler à l’intérieur de ses centrales nucléaires plus de 30000 intérimaires, appelés « steaks à rems » (unité de mesure radioactive). Principalement menacés, ils encaissent 80 % des radiations reçues par les travailleurs de l’atome. Isolés, le travailleur précaire garantit une invisibilité avec en prime en cas de pépin le moyen de s’abriter derrière le « faux nez » de la sous-traitance.
Lobby des rentiers
Reste qu’un jour la Sécu, mais aussi les industriels et les assureurs, doivent payer. Voici les victimes devant les tribunaux : plusieurs milliers de procès et de demandes d’indemnisations sont en cours… Le scandale gonfle, les associations de victimes débordées. La question des maladies professionnelles et leur indemnisation inquiète de plus en plus les entreprises, les actionnaires, et les retraités des fonds de pension qui veulent voir leur cagnotte prospérer de 15 % par an. Qu’ils se rassurent, si l’on est atteint de cancers, de maladies neurologiques, ou de désordre hormonaux… ce n’est pas la faute des saletés que nous fabriquons, ce sont nos gènes qui ne tiennent pas la route:le pistage biologique est la dernière trouvaille des industriels pour éviter de porter le bonnet. Quels seront les budgets alloués à la recherche ? Énormes, il faut dire que la chose est capitale. Fliqué par nos gènes, bientôt, il leur suffira de tripoter le clavier de l’ordinateur pour sortir notre fiche ADN où logent 3milliards de renseignements, un trésor pour l’employeur : trop sensible aux substances toxiques ? Vous ne possédez pas les « bons » gènes, dehors !
Et comme il n’y pas de bonne démonstration sans exemple… Voici les propos éloquents de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) condamnant en 2003 l’enjeu de la recherche génétique sur la susceptibilité individuelle au risque. Rapportés par Annie Thébaud-Mony dans son ouvrage Travailler peut nuire gravement à votre santé (La découverte, 2007) : « Il s’agit d’identifier les “travailleurs à risque” et de les exclure avant exposition pour réduire les coûts d’indemnisation à payer par l’employeur et les assureurs, ou alors ne prendre que la “part attribuable” au travail dans l’indemnisation des maladies professionnelles […] ».
Toubib nazi
Un remake d’une pratique qui relève davantage de la médecine légale que d’un véritable outil de prévention. En 1916, deux médecins légistes, Mazel et Leclerq, vont jeter les bases de la doctrine de la médecine du travail. L’idée : faire travailler des individus de « moindre valeur » dans un esprit de rationalisation industrielle et biologique. L’affaire sera prise en main en 1941 par Alexis Carrel à la demande du maréchal Pétain, ça semble loin derrière, et très près devant…
Jamais on ne dira des accidents et maladies professionnels mortels que ce sont des homicides dus à des employeurs qui rêvent de transformer leurs petites entreprises en paradis d’esclavagistes où l’on travaillera plus, non pas pour gagner plus, mais pour acheter une solide corde à un schoïnopentaxophiliste (collectionneur de cordes de pendus, ça existe !). Et que les médecins du travail, qui ont un minimum d’éthique médicale, ne s’avisent pas de s’intéresser aux mauvais traitements subis par les salariés. Ils sont priés de regarder ailleurs, la santé et la sécurité au travail ne doivent pas être un obstacle, dès lors que l’on peut la monnayer. Le contrat de travail est en ce sens pleinement un contrat de sang, et se caractérise bien par un « lien de subordination ». Le travailleur, le nouveau Sisyphe, peut rouler sa pierre, la valeur Travail a encore de beaux jours devant elle.
Thierry
Groupe de Rouen de la Fédération anarchiste
1. On trouve plus de quatorze produits cancérogènes dans le chariot d’une femme deménagetravaillant au nettoyage des bureaux.
Et pour finir, l’agenda du Monde libertaire :
Samedi 6 octobre
Apt (84)
Des militants du groupe F.A. Gard Vaucluse tiendront un point de rencontre et de vente du Monde libertaire sur le marché d’Apt, de 10 heures à midi.
Paris 18e
Fermeture exceptionnelle de la bibliothèque La Rue.
Paris 11e
Forum-débat de la libairie du Monde libertaire autour du livre Perspectives politiques de Noam Chomsky présenté et traduit par Franck Mintz qui animera le débat à 16 h 30, au 145, rue Amelot, Métro Oberkampf, République ou Filles-du-Calvaire.
Le Mans (72)
Café libertaire :« L’autogestion est-elle utopique ? » Exposé, débat et réflexion à 17 heures, à l’épicerie du Pré, au 31, rue du Pré.
Du 8 au 14 octobre
Dijon (21)
La Fulgurante inauguration de la bibliothèque des Tanneries. Voir page 21.
Jeudi 11 octobre
Paris 20e
Réunion publique sur la biométrie, le prélèvement ADN et les puces RFID à 19h30, au café de Paris, 158, rue Oberkampf. Métro Ménilmontant.
Vendredi 12 octobre
Ivry-sur-Seine (94)
Jean-Michel Piton accompagné au piano par Paul-André Maby, à 19h30, au forum Léo-Ferré, 11, rue Barbès, métro Porte d’Ivry ou Pierre-et-Marie-Curie , ligne 7. Tél. 01.46.72.64.68.
Paris 18e
À l’occasion de la Fête des Vendanges Rebecca Gruel expose ses oeuvres du vendredi 12 au dimanche 14 octobre à la bibliothèque La Rue, au 10, rue Robert-Planquette.
Samedi 13 octobre
Paris 11e
Rencontre à la librairie du Monde libertaire, avec Thierry Périssé, auteur de Noir Horizon, à 16 h 30, au 145, rue Amelot, Métro Oberkampf, République ou Filles-du-Calvaire.
Asté (65)
Premières journées d’hommage à Marie Laffranque, organisées par l’association Les amis de Marie Laffranque , Salle de la Mairie. Mail : amis.marielaffranque@caramail.com , site : www.marie-laffranque.org
Jeudi 18 octobre
Rennes
Le groupe La sociale de Rennes organise à 20 heures, à Carrefour 18, au 7, rue d’Espagne (métro Fréville ou Italie), son meeting de rentrée en un jour de lutte. Vie chère, retraites ,sécu, services publics, expulsions…Parisot et Sarko attaquent, Organisons la riposte !
Vendredi 19 octobre
Ivry-sur-Seine (94)
Lou Saintagne accompagnée à l’accordéon midi par Laurent Derache et au violon par Richard Khayadjanian à 19h30, au forum Léo-Ferré, 11, rue Barbès, métro Porte d’Ivry ou Pierre-et-Marie-Curie, ligne 7. Tél. 01.46.72.64.68.
Samedi 20 octobre
Ivry-sur-Seine (94)
Yves Uzureau en solo, à 19h30, au forum Léo-Ferré, 11, rue Barbès, métro Porte d’Ivry ou Pierre-et-Marie-Curie , ligne 7. Tél. 01.46.72.64.68.
Paris 11e
Diffusion du film Sacco & Vanzetti au Maldoror, 10, rue du Grand-Prieuré. Métro Oberkampf ou République.
Dimanche 21 octobre
Paris 11e
Lire en fête à la librairie du Monde libertaire, à partir de midi : débats, chanson... programme à suivre au 145, rue Amelot, Métro Oberkampf, République ou Filles-du-Calvaire.
Samedi 27 octobre
Paris 18e
Roger Dadoun sera invité pour ses livre Sexyvilisation, Heidegger, berger du néant en passant par Éloge de l’intolérance. Roger Dadoun viendra parler de ses écrits passés et présents à 15 h 30, à la Bibliothèque La Rue, au 10, rue Robert-Planquette.
Vendredi 9 ovembre
Ivry-sur-Seine (94)
Carine Reggiani accompagnée au piano par Philippe Donnadieu, dans son spectacle « Mon père c’est l’Italien » à 19h30, au forum Léo-Ferré, 11, rue Barbès, métro Porte d’Ivry ou Pierre-et-Marie-Curie , ligne 7. Tél. 01.46.72.64.68.
Samedi 10 novembre
Ivry-sur-Seine (94)
Michèle Bernard accompagnée au piano par Jean-Luc Michel, à 19h30, au forum Léo-Ferré, 11, rue Barbès, métro Porte d’Ivry ou Pierre-et-Marie-Curie , ligne 7. Tél. 01.46.72.64.68.
Marseille
Rendez-vous dès 12h sur le vieux port pour un pique-nique convivial et militant. 14h : départ de la manifestation contre le projet ITER.
Le Monde libertaire, hebdomadaire de la Fédération anarchiste, chaque jeudi dans vos kiosques, 24 pages en couleurs pour deux euros