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Le Réseau Semences Paysanne remet en cause “L’Arche de Noé végétale”
Publie le vendredi 29 février 2008 par Open-Publishing3 commentaires
Spitzberg, le 26 février 2008

Comme l’ont rêvé tous les pirates des siècles passées, les plus grandes fortunes mondiales vont enterrer en un lieu sûr le plus beau des trésors que la terre et nos ancêtres ont légué à l’humanité et à nos enfants : les semences de toutes les plantes cultivées. Mais nous ne savons pas qui aura la clef de la porte blindée qui va les protéger.
Le 26 février 2008 aura lieu l’inauguration de « L’Arche de Noé végétale » dans un des lieux les plus reculés du monde, à Svalbard, dans le Spitzberg, en Norvège. Ce projet destiné à rassembler toutes les semences du monde dans une chambre forte est le fruit d’un accord tripartite entre le gouvernement norvégien, le « Global Crop Diversity Trust » et la « Nordic Gene Bank ». Le « Trust » — financé et soutenu notamment par la Fondation Bill et Milinda Gates, La Fondation Rockefeller, Dupont/Pioneer, Syngenta AG, la Fondation Syngenta et la Fédération Internationale des Semences, les plus importants lobbies de l’industrie des semences – financera les opérations de « l’Arche ».
Le Réseau Semences Paysannes est particulièrement préoccupée par cette initiative qui concentre en un seul lieu de la planète le futur de notre alimentation.
Il constate que bon nombre d’institutions et d’entreprises industrielles multinationales qui financent ce projet de cave de la fin du monde, mettent tout en oeuvre pour diminuer l’accès aux ressources génétiques vivantes actuelles et contribuent à leur anéantissement.
En effet :
1 – Elles imposent partout des lois qui remettent en cause les droits des paysans de conserver, utiliser, échanger et vendre les semences reproduites à la ferme. Après avoir pris gratuitement dans les champs les semences sélectionnées par les paysans, l’industrie semencière y a imprimé ses empreintes génétiques(1)destinées à marquer sa « propriété intellectuelle » protégée par des Certificats d’Obtentions Végétales ou des brevets. De plus, au nom du « libre marché », les lois interdisent peu à peu aux paysans d’échanger leurs propres semences. Elles les obligent ainsi à acheter celles de l’industrie, seules à pouvoir être inscrites dans les catalogues officiels requis pour toute vente. Dans de nombreux pays, les paysans n’ont même plus le droit de ressemer leur récolte.
2 – Elles confortent l’abandon des politiques publiques destinées à financer les collections nationales de semences au nom de la liberté du commerce des services (2). Les collections qui ne sont pas simplement jetées à la poubelle sont concentrées dans d’immenses banques internationales où les semences ne sont inventoriées que par des numéros illisibles pour les paysans qui voudraient retrouver celles qui ont été prises dans leurs champs. Elles sont aussi réduites à des listes de gènes numérisées dans des ordinateurs destinés à préparer les manipulations génétiques assistées par marqueurs moléculaires.
3– Elles mobilisent des milliards de dollars pour financer les biotechnologies destinées à marquer les semences avec des gènes brevetés, et à les rendre stériles pour que les paysans ne puissent plus ressemer leur récolte. Le rêve fou affiché est de fabriquer la totalité des plantes de demain avec des gènes synthétiques : les nouveaux pirates espèrent ainsi n’avoir même plus besoin de la clef du coffre de l’Arche de Noé, mais seulement de celle de l’ordinateur où seront stockés la totalité des séquences génétiques des graines qui y sont enfermées.
4- Elles généralisent la culture des organismes génétiquement modifiés (OGM) par des stratégies commerciales agressives mettant en danger la diversité des semences fermières. Ces OGM brevetés sont aujourd’hui dispersés autour des dernières collections, dans les banques de semences et dans tous les centres d’origine et de diversification des plantes cultivées qu’ils contaminent les uns après les autres.
Le Réseau Semences Paysannes demande, conformément aux accords internationaux sur la biodiversité (3) :
– Que chaque pays de la planète reconnaisse et protège activement dans ses lois nationales et dans ses politiques agricoles les droits des paysans de conserver, utiliser, échanger et vendre les semences reproduites à la ferme.
– Que toutes les semences enfermées dans les collections soient mises à la disposition des pays et des paysans et paysannes à qui elles ont été prises, et que la priorité soit accordée à la conservation et au développement de la biodiversité dans les champs.
– Que les sommes aujourd’hui consacrées aux recherches en biotechnologies végétales soient suspendues et reconverties pour financer les programmes de sélection participative destinés à permettre aux paysans de continuer à contribuer à la conservation dynamique des variétés végétales et au renouvellement de la biodiversité en plein air, dispersés dans les millions de terroirs de la planète.
Enfermée dans une grotte, la biodiversité périra si elle ne peut en ressortir pour être cultivée. Elle ne sera sauvée que si elle est librement conservée et renouvelée dans les champs des paysans.
Photo : www.notre-planete.info
Pour plus d’informations :
Nicolas Supiot : 0 (033) 6 50 01 13 29
Guy Kastler : 0 (033) 6 03 94 57 21
(1) « Homogénéité et stabilité » pour le COV, « évènement génétique » pour le brevet
(2) Accord Général sur le Commerce des Services
(3) Convention sur la diversité biologique, Traité International pour les Ressources Phytogénétiques pour l’Agriculture et l’Alimentation
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Et aussi :
Inauguration en Arctique du "coffre fort de l’apocalypse" par Christophe Magdelaine - notre-planete.info
"Doomsday Seed Vault" in the Arctic, By F. William Engdahl (GlobalResearch.ca - Centre for Research on Globalization)
Saving Seeds at Svalbard - The Global Crop Diversity Trust
et le monument de la propagande fascinante et fascisante diffusé par Arte récemment sur le sujet :
L’arche de noé végétale 22
envoyé par damfr
http://internationalnews.over-blog.com/article-17176659.html
Messages
1. Le Réseau Semences Paysanne remet en cause “L’Arche de Noé végétale”, 1er mars 2008, 17:30, par raannemari
Nous marchons à grands pas vers notre faim et notre fin !
1. Le Réseau Semences Paysanne remet en cause “L’Arche de Noé végétale”, 1er mars 2008, 19:59, par marielle
il est vrai que ce genre de nouvelle n’est pas rassurante du tout.Quand je lis ça , j’ai l’impression de lire un de mes bouquins de science fiction.mais ça passait bien tant que cela restait de la fiction.Là, ça donne corps au pire cauchemar.
Est ce qu’ils vont aussi stockés l’ADN des grands de ce monde pour pouvoir les cloner en cas ?ça fait froid dans le dos.
2. Le Réseau Semences Paysanne remet en cause “L’Arche de Noé végétale”, 2 mars 2008, 21:15, par Skapad
Rien que le choix de cette appellation fait frémir, il y a du messianique dans ce titre, donc ......
Ceci dit, etant donné la configuration géopolitique actuelle ! je ne suis pas spécialiste, il est à craindre que cette solution, un jour peut etre doit etre envisager.
Surtout pas organisée par des groupe privés. Trop de doutes dans cette affaire, qui peut en réalité empècher cela ! C’est quasi du ressort de la propriété privé, la base de notre civilisation. Personne ou très peu n’est pas en mesure de vouloir changer ce concept .
Ce n’est pas " Je pense donc je suis" qui régit nos vies de consuméristes !
Mais " j’ai ! donc je suis !"