Accueil > Le bagagiste de Roissy à France2 : "Oubliez-moi"
Le bagagiste de Roissy à France2 : "Oubliez-moi"
Publie le mercredi 30 janvier 2008 par Open-Publishing2 commentaires
Le bagagiste de Roissy à France2 : "Oubliez-moi"
Par Abderrezak Besseghir (Bagagiste) 17H05 30/01/2008
Je ne connais personne. Je n’ai pas de pouvoir particulier et ne suis membre d’aucun réseau d’influence. Les médias ont failli briser ma vie. Aujourd’hui, ils sont pourtant mon unique recours si je veux continuer à vivre en paix. Et encore, je sais bien que nous ne sommes pas égaux devant l’accès aux médias.
On me connaît comme le "bagagiste de Roissy", victime d’un fait-divers qui a défrayé la chronique au jour de l’an 2002. A l’époque, policiers, magistrats -et journalistes, la chambre d’écho des deux autres corporations- m’avaient unanimement accusé de préparer un attentat terroriste dans l’aéroport où j’étais employé.
A en croire ce trio infernal, depuis le 11 septembre 2001, faire ses cinq prières par jour -l’équivalent pour un catho de la messe du dimanche- est devenu une circonstance aggravante pour un musulman suspect de terrorisme.
Au moment de l’affaire, ma famille a dû s’exprimer dans les médias pour contredire les inepties énoncées par les "enquêteurs", et relayées, sans aucune vérification, par des journalistes. Nous avons dû laver notre honneur en concédant quelques -rares- interviews à des médias qui pourtant ne nous avaient pas épargnés.
Vivre heureux, vivre caché
Aujourd’hui, après plusieurs années très difficiles, j’ai repris mon travail. J’essaie donc de me faire oublier et jusqu’à présent j’y suis parvenu. De temps à autres, des journalistes ou des producteurs viennent s’informer auprès de mon entourage pour savoir si j’accepte de collaborer à une adaptation filmée de mon histoire. Bien évidemment, je ne donne aucune suite. Pour vivre heureux, vivons caché.
Si par ce texte, je m’expose à nouveau, c’est uniquement pour couper court aux pressions que certains croient légitimes d’exercer sur moi. "Faites entrer l’accusé", programme diffusée sur une chaîne publique, me harcèle -ainsi que mes proches- afin que nous participions à l’une de leurs émissions. En ce qui me concerne, c’est un devoir de mémoire malsain.
Mais l’équipe qui travaille sur ce programme n’est pas du même avis. Excédée par mes refus catégoriques, ses journalistes ont haussé le ton : "Que vous participiez ou pas, nous la ferons, cette émission !"
Le fait que ni moi ni mes proches ne donnions notre version des faits ne les arrêtera pas. A les entendre, je n’ai pas le choix. Je suis forcé de jouer le jeu des médias. Parce que, me dit-on, "tous les protagonistes vont s’exprimer". Y compris les personnes qui ont placé des armes de guerre et des explosifs dans le coffre de ma voiture pour me faire accuser. Me voilà cerné.
Sommé de se mettre au service de l’audimat
Ainsi la calomnie n’aura pas suffi. Alors que je commence tout juste à retrouver un semblant d’équilibre, me voilà sommé, à nouveau, de m’expliquer aux micros de France 2. De me mettre au service de l’audimat. Si je ne contribue pas à l’émission ? On m’aura prévenu : les autres, tous les autres, eux, s’exprimeront... On marche sur la tête.
Qui osera accuser Christophe Hondelatte de faire du sensationnalisme à peu de frais ? Certainement pas les journalistes spécialisés dans les faits-divers, pourtant les mieux à même de comprendre ce que j’ai enduré. Ces derniers sont régulièrement invités dans l’émission pour commenter les affaires qu’ils ont -brillament, cela va sans dire !- couvertes dans leurs propres médias. Pourtant, il y aurait beaucoup à dire sur les choix des affaires et les coulisses de la préparation de cette émission que les critiques de télé ont décidé d’épargner à jamais.
Quant à moi, n’est-ce pas mon droit le plus élémentaire que de décider de ce qui est bien pour moi et pour mon fils ? Car lorsque Christophe Hondelatte aura remonté le col de sa veste en cuir, que le téléspectateur aura éteint son poste, ma famille et moi, nous aurons à nouveau à supporter le regard des autres. Un regard toujours pesant, qu’il soit soupçonneux ou compatissant.
Hondelatte connaît pourtant les questions d’atteinte à l’intimité
Christophe Hondelatte le sait, lui dont la pudeur est telle qu’il a quitté la présentation du journal de 13h00 le jour même où Libération a évoqué son intimité dans un portrait de dernière page. Qui mieux que lui peut comprendre le désir de se faire oublier ? Ne sait-il pas, d’ailleurs, épargner certaines victimes de faits-divers, quand celles-ci pourraient faire de l’ombre à sa carrière ?
Dominique Baudis, pris dans la tourmente de l’affaire Allègre, n’a jamais eu besoin de faire valoir un légitime droit à l’oubli. On imagine difficilement un "Faites entrer l’accusé" avec en guest star l’ancien maire de Toulouse... Sans doute une question de réseau.
Je vous prie de m’oublier et je souhaite que la chaîne censée être au service du public (dont je fais partie) ne produise pas et ne diffuse encore moins le reportage qui est fait sur ma vie.
J’aimerais aussi que l’éditeur Michel Laffont cesse de vouloir faire de ma vie un film en me harcelant pour vendre les droits du livre paru au sujet de mon histoire.
Je vous demande sincèrement quitte à vous supplier le droit à l’oubli, laissez moi vivre en paix !
S’il vous plaît oubliez moi !
http://rue89.com/2008/01/30/le-bagagiste-de-roissy-a-france2-oubliez-moi
Messages
1. Le bagagiste de Roissy à France2 : "Oubliez-moi", 30 janvier 2008, 22:26
Abderrezak, notre ami,
Laisse les dire ce qu’ils veulent. Ils sont tous aussi pourris que ceux qui ont tenté de t’accuser.
Non seulement ils "tuent" moralement les honnêtes et simple gens mais il se repaissent de leurs dépouilles.
Il faut que tu saches que malgré les rapaces qui se délectent de l’ordure qu’on leur sert tous les jours, il y a en France des centaines de milliers de gens qui ne demandent qu’à "oublier" ton nom afin de te laisser vivre en paix.
Non qu’ils désirent "oublier" la machination et l’injustice profonde qui t’as marquée, (Ceci il faut le "garder" pour mieux les combattre), mais simplement pour ne pas achever la sale besogne commise par ces rats d’égout.
Et notre pensée va aussi vers ceux qui n’ont pas eu ta "chance" et paient pour remplir le rôle des pâtures qu’on jette aux lions de l’opinion publique... Et occasionnellement dans les prisons de la CIA.
Bon courage à toi et ta famille. C’est ton honneur d’avoir lancé cet appel. Puissent ceux qui, honnêtes, ont un peu de pouvoir, le relayer afin de t’aider.
G.L.
2. Le bagagiste de Roissy à France2 : "Oubliez-moi", 31 janvier 2008, 17:02
C’est invraisemblable. Avec les médias, il y a ceux qui font des pieds et des mains pour arriver dans la lumière et ceux qui font la même chose pour en sortir. mais ce sont tjours les mêmes qui décident sans vous demander votre avis. les médias sont une industrie comme une autre ; un seul objectif (si l’on peut dire) faire du business et dommage pour les victimes collatérales mais "the show must go on" coco !