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Le citoyen Sade, membre actif de la société populaire de sa section des piques

Publie le jeudi 17 juin 2010 par Open-Publishing
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Le citoyen Sade, membre actif de la société populaire de sa section des piques (il s’y fit remarquer par ses motions, par ses discours, et fut même nommé secrétaire)

Mirabeau (brillant tribun mais défenseur acharné de la contre-révolution, « nobody is perfect ») et sergio (défenseur de l’insurrection qui ne serait tardée, idem) ont portraituré Tsarkozky (quidam multo iratus) :

« Cet homme, disent-ils, a toute la bouffissure de la plus orgueilleuse ignorance : c’est un ballon rempli de vent. Pénétré du sentiment de sa propre importance, il voudrait l’infuser à tous les autres, et se faire regarder comme un homme essentiel et indispensable à l’État. Il le dit ; il le croit même, tant il est pétrit d’arrogance, ou tant l’habitude de mentir incorpore le mensonge au menteur.

Comme la vanité n’eut jamais un plus dégoûtant costume, il reçoit de fréquentes avanies (affronts, humiliations, vexations telles que camouflets, railleries, *invectives) de tous ceux (et ils sont nombreux !) qui ne lui sont pas subordonnés, et ses prétention, toujours repoussées, renaissent toutes du sein des l’humiliations.
* la bronca dès qu’il apparaît sur un stade par exemple.

Comment s’en dédommage-t-il ?

En faisant courber sous le poids de ses fantaisies et de ses caprices tout ce qui est dans sa dépendance. Incapable de tout (bonne à rien), et réduite à se faire valoir pour des riens, sa stupide cervelle, agitée sans cesse par l’amour-propre, s’évertue continuellement à trouver quelque moyen d’étendre son empire, de multiplier les précautions, de faire, de défaire, et de refaire sans cesse, en un mot de jouer un rôle.

Il va traînant partout une énorme complexitude due à sa taille ; les sarcasmes pleuvent sur lui : n’importe : il continue, en gesticulant, imposant son encombrante personne : le railler, c’est fouetter un sabot : plus on le fouette, mieux il dort. Mais en tout lieu, c’est un despote absolu, qui jouit lorsqu’il peut faire voter des lois répressives, embrouiller le peuple pour mieux le déposséder et river ses chaînes, appesantir l’atmosphère et créer du désordre.

Gardez-vous de prendre son application à rester calme pour de la douceur ; vous donneriez d’autant plus aisément dans ses pièges que sa lourde élocution inspire plus de sécurité : il a la malice comme la figure d’un singe sans en avoir l’esprit ; allez droit à votre but ; ne le suivez pas dans ses pesantes gambades (mauvaises astuces et pirouettes) ; la moindre apparence d’une contradiction le met en fureur ; il éructe ; il écume ; c’est un indécrottable irascible, et colérique comme pas deux ; modérez-vous, laissez- le s’enferrer, et soyez ferme ; bientôt il sera souple et rampant (en particulier lorsqu’il aura face à lui, de plus grand et de plus puissant que lui ) ; vous n’obtiendrez rien que de vaines promesses, mais il vous craindra ; si vous fléchissez, il vous opprimera : si vous lui donnez prise, il vous étouffera. »

Voilà ma foi fort bien décrit (du moins je l’espère ?), le portait de celui, qui, par stratagème c’est hissé à la tête de l’État.

D’où ce portrait est-il tiré ?

Après un peu plus de trente longues années passées derrière les portes de différentes cellules, à demi rongé par la rage et la folie, à cause et malgré cela cet homme s’écriait : « Ô France ! tu t’éclaireras un jour je l’espère : l’énergie de tes citoyens brisera bientôt le sceptre du despotisme et de la tyrannie, en foulant à tes pieds les scélérats qui servent l’un et l’autre ; tu sentiras qu’un peuple libre par la nature et le génie ne doit-être gouverné que par lui-même ». (au cours de l’année 1790)

Cette citation et bien d’autres, vous la trouverez dans la 1ère édition de son roman « philosophique » " Aline et Valcour ", (d’aucuns s’imaginent qu’il y a transcrit ses mémoires ?), qu’il écrivit à la Bastille (lors d’un emprisonnement qui dura plus six ans, de février 1784, à mai 1790), sa libération *en mai 1790, dues en grande partie à une discussion très mouvementée et à un discours enflammé d’Eprémesnil, provoquèrent une vive émotion et à la suite, l’Assemblée constituante, adopta un projet de décret sur les lettres de cachet que présenta Castellane, et qui débutait ainsi : « Dans l’espace de six semaines, après la publication du présent décret, toutes les personnes détenues dans des châteaux (généralement en cul-de-basse-fosse, précision de l’auteur), maisons religieuses, maisons de force, maison de police, ou autres prisons quelconques par lettres de cachet ou par ordre des agents du pouvoir exécutif,…, etc. »

Nuit du 4 août 1789 : dans la nuit du 4 août 1789, au cours d’une séance de l’Assemblée constituante, l’abolition des privilèges fut proclamée (symbole de la féodalité, dont bénéficiaient sous l’Ancien Régime la noblesse et le clergé).
Ce projet de décret faisait suite à la loi abolissant les privilèges (l’abolition des privilèges) dont les lettres de cachet étaient un des éléments ; mais malgré cette apparente libéralité, ils furent en partie rétablis (précisions de l’auteur)
*cet homme croupissait en prison depuis 1773, et avait déjà effectué de nombreux emprisonnements, moins longs ceux-là, dans des châteaux ou des prisons en Province et à l’étranger ; après qu’il fut accusé dans deux affaires troubles (vengeance familiale disait-on à l’époque ?), on le jugea puis on le condamna ; malgré ces arrêts antérieurs, ils (les agents du pouvoir) l’arrêtèrent à nouveau et l’envoyèrent croupire près de douze ans en prison ; d’abord dans le donjon du château de Vincennes (c’est apparemment au château de Vincennes qu’il perdit en partie la raison ; suite à l’acharnement du *gouverneur Rougemont, dont Latude disait dans ses mémoires : « … il est comme "l’Enfer déchaîné"… ») puis à la prison de la Bastille, et enfin à Charenton où il fut interné puis libéré, (et à nouveau interné jusqu’à sa mort, selon certaines sources, qui survint le 2 décembre 1814).

* En prime, voici le texte original de la satire qu’écrivit Mirabeau (brillant tribun mais défenseur acharné de la contre-révolution, « nobody is perfect » ) contre l’olibrius Rougemont, et dont je me suis inspiré pour portraiturer Tsarkozky :
Mirabeau a tracé de ce personnage un portrait ex irato.
« Cet homme, dit-il, a toute la bouffissure de la plus orgueilleuse ignorance : c’est un ballon rempli de vent. Pénétré du sentiment de sa propre importance, il voudrait l’infuser à tous les autres, et se faire regarder comme un homme essentiel et nécessaire à l’État. Il le dit ; il le croit même, tant la bêtise est présomptueuse, ou tant l’habitude de mentir incorpore le mensonge au menteur. Comme la vanité n’eut jamais un plus dégoûtant costume, il reçoit de fréquentes avanies de tous ceux qui ne lui sont pas subordonnés, et ses prétention, toujours repoussées, renaissent toutes du sein des l’humiliations. Comment s’en dédommage-t-il ? En faisant courber sous le poids de ses fantaisies et de ses caprices tout ce qui est dans sa dépendance. Incapable de tout, et réduite à se faire valoir pour des riens, sa stupide cervelle, agitée sans cesse par l’amour-propre, s’évertue continuellement à trouver quelque moyen d’étendre son empire, de multiplier les précautions, de faire, de défaire, en un mot de jouer un rôle. Il va traînant partout son énorme corpulence ; les sarcasmes pleuvent sur lui : n’importe : il continue, en bourdonnant, son assoupissante allure : le railler, c’est fouetter un sabot : plus on le fouette, mieux il dort. Mais au donjon, c’est un despote absolu, qui jouit lorsqu’il peut ouvrir des cachots, river des chaînes, appesantir un sceptre en fer. Gardez-vous de prendre son perfide patelinage pour de la douceur ; vous donneriez d’autant plus aisément dans ses pièges que sa lourde élocution inspire plus de sécurité : il a la malice comme la figure d’un singe sans en avoir l’esprit ; allez droit à votre but ; ne le suivez pas dans ses pesantes gambades ; la moindre apparence d’une contradiction le met en fureur ; il écume ; modérez-vous, laissez- le s’enferrer, soyez ferme ; bientôt il sera souple et rampant ; vous n’obtiendrez rien que de vaines promesses, mais il vous craindra ; si vous fléchissez, il vous opprimera : si vous lui donnez prise, il vous étouffera. »

sergio le 13 juin 2010

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