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Le début du soulèvement démocratique

Publie le lundi 23 janvier 2006 par Open-Publishing

de aloufok

Les élections législatives palestiniennes constituent une étape majeure vers la création d’un Etat libre et indépendant dans les Territoires. Tel est le sentiment de Marouan Barghouti, interviewé dans sa prison israélienne par la chaîne arabe Al-Jazira.

Vêtu d’une tenue carcérale brune frappée de lettres en hébreu, celui qui incarne la relève au sein du Fatah bien qu’il ait été condamné à la perpétuité en Israël exprime l’espoir que ces élections débouchent sur "un gouvernement de réformes s’appuyant sur large base populaire et parlementaire".

Le scrutin "doit être perçu comme un grand pas en direction de la liberté, du retour des réfugiés et de l’indépendance", poursuit la tête de liste du Fatah. A ses yeux, les Palestiniens devraient y voir "le début du soulèvement démocratique".

Autorisé par Israël à répondre pour la première fois aux questions de journalistes de télévision dans le cadre de sa campagne électorale, le détenu Barghouti, ex-dirigeant de la deuxième Intifada, condamné cinq fois à la prison à vie en 2004 par un tribunal israélien pour son implication dans des actes "terroristes", a choisi les chaînes arabes par satellite Al-Jazira et Al-Arabiya pour faire passer son message. A chacune il a accordé un entretien presque identique.

Si le Fatah de Mahmoud Abbas doit cette fois faire face à la concurrence redoutable du Hamas, Barghouti se réjouit de la participation du Mouvement de la résistance islamique, qui avait boycotté le précédent scrutin parlementaire de 1996, refusant alors de reconnaître l’accord intérimaire conclu avec Israël pour l’instauration d’une Autorité palestinienne.

Depuis, dix ans ont passé. Après les législatives de mercredi 25 janvier, prédit l’ancien chef du Fatah en Cisjordanie, "le Hamas fera partie intégrante de l’Autorité palestinienne".

Quant aux critiques israéliennes dénonçant l’entrée en lice du Hamas, l’ex-chef du Tanzim-Fatah, la branche armée du Fatah dont sont issues les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, y voit un nouveau prétexte de l’Etat hébreu pour ne pas négocier.

"Bien avant que le Hamas ne fasse son entrée, Israël avait déjà pris la décision stratégique de ne traiter avec aucun partenaire palestinien", relève-t-il.

L’Etat hébreu a d’ores et déjà averti qu’il ne libérerait pas Marouan Barghouti, quel que soit le résultat des élections de mercredi.

L’ancien député palestinien, capturé en 2002 par des agents israéliens, soutient que tout accord de paix avec Israël devrait prévoir la remise en liberté des quelque 8.000 prisonniers palestiniens.

Quant au Fatah, sa formation et celle de feu Yasser Arafat, accusée d’avoir sombré dans la corruption et l’inefficacité au cours de ses dix années au pouvoir, Barghouti tient rappeler que, bien avant la naissance même du Hamas, elle a incarné elle aussi la "résistance armée" des Palestiniens.

"Le Fatah a pratiqué toutes les formes de résistance, que ce soit dans les domaines économique et social, ou encore de la santé, de la sécurité et de la politique", martèle le plus populaire des détenus palestiniens.

A ses yeux, la lutte continue. "Tant que durera l’occupation, les Palestiniens auront le droit de résister", résume-t-il, plaidant pour une solution "qui permette aux réfugiés de rentrer, qui mette un terme à l’occupation et à la colonisation, et qui libère tous les prisonniers", Israël devant en outre se retirer de l’ensemble de la Cisjordanie.

Pour Barghouti, le vote de mercredi est donc "un acte de fidélité à la résistance, aux martyrs, au président défunt Yasser Arafat, à Ahmed Yassine et à Abou Ali Mustapha", les deux derniers, respectivement fondateur du Hamas et chef du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) ayant été tués dans des raids de l’armée israélienne en 2004 et 2001.

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