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Le gouvernement a plié devant les marins de la SNCM

Publie le jeudi 21 octobre 2010 par Open-Publishing
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de Thomas Morel

Dans un courrier commun, Jean-Louis Borloo et Eric Woerth assurent aux marins CGT que personne ne touchera à leur retraite, qu’ils prennent… à 50 ans. Une position que le gouvernement peine à assumer.

Première faille dans la réforme des retraites ? En à peine quatre jours de grève, les marins ont obtenu la garantie d’en être exonérés. Dans un courrier commun envoyé au préfet de Provence-Alpes-Côte d’Azur, aux entreprises maritimes et à leurs employés, Eric Woerth et Jean-Louis Borloo ont confirmé que « le régime spécial de retraite des marins ne fait l’objet d’aucun projet de réforme et n’est donc pas concerné par l’actuelle réforme des retraites ».

Pour Frédéric Alpozzo, secrétaire général des marins CGT de la SNCM (Société nationale Corse-Méditerranée), il ne s’agit pas d’un rétropédalage du gouvernement. « Ce que nous avons obtenu, c’est la garantie du respect des engagements qui avaient été pris en 2007, lors de la précédente réforme des retraites. A savoir que notre régime serait épargné, à cause de la pénibilité et de la faible espérance de vie dans notre métier. »

Métier de chien ?

Un métier de chien ? Pour les marins pêcheurs, sans doute, mais pas pour ceux qui naviguent sur les ferries de la SNCM. Or ils bénéficient comme les autres d’avantages considérables, en comparaison avec le régime de retraite des salariés du privé. Les quelque 36.000 cotisants à l’Enim (la caisse de retraite des marins) peuvent en effet partir à la retraite dès l’âge de 50 ans, pour peu qu’ils aient exercé leur métier pendant 25 ans. Leur pension est calculée en fonction du niveau de salaire de leurs trois dernières années (contre les 10 à 25 meilleures années dans le privé) et ils ont, en plus, une majoration en fonction du nombre d’enfants élevés, qui peuvent atteindre 15 %. Ce qui ne les empêche pas de faire régulièrement des démonstrations de force, comme lorsqu’ils avaient carrément détourné un ferry, en septembre 2005. Délogés par le GIGN, les meneurs n’ont été condamnés qu’à de faibles peines de prison avec sursis, alors qu’ils risquaient 10 ans ! Et on ne parle pas de la fauche systématique des recettes de bar, au détriment de la compagnie, qui a fait l’objet d’une information judiciaire.

Privilégiés et sûrs de leur fait, les marins CGT, dès réception du courrier ministériel, ont majoritairement choisi de reprendre le chemin de la mer.

Tout en se déclarant solidaires du mouvement national !

Le gouvernement peine à assumer sa décision, qui va à l’encontre de tout le discours officiel sur le partage équitable des efforts demandés. Celle-ci pourrait de plus avoir des effets pervers, car elle ouvre une faille dans l’armure de la réforme des retraites. Déjà, la CGT estime que cette missive « montre un gouvernement en difficulté ». En pliant ainsi devant la force, le gouvernement prend le risque d’exacerber les exigences des tenants d’autres régimes spéciaux de retraite, tels que les cheminots ou encore les mineurs, accrochés à leurs avantages.

http://www.francesoir.fr/social/le-gouvernement-plie-devant-les-marins-de-la-sncm.41795

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