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Le malaise des « confettis de la République »

Publie le mercredi 18 février 2009 par Open-Publishing

Sylvain Besson
le temps (suisse), ce jour

La violence menace d’engloutir la Guadeloupe, paralysée un mois de grève générale. Malgré des aides se chiffrant en dizaines de milliards
Le lapsus est révélateur. La semaine dernière, le porte-parole du parti présidentiel UMP, Frédéric Lefebvre, reprochait aux grévistes qui paralysent la Guadeloupe de parler de « la France » comme s’il s’agissait d’un Etat étranger. Une seconde plus tard, il évoquait le retour « en France » du secrétaire d’Etat l’Outre-mer, Yves Jégo – montrant bien que, dans l’esprit des politiciens de l’Hexagone, les Antilles et la métropole ne font pas tout à fait partie du même pays.

La crise en Guadeloupe, qui dure depuis le 20 janvier, a atteint son paroxysme cette semaine. Le territoire est paralysé, les touristes ont fui, des jeunes cagoulés ont saccagé des commerces et érigé des barrages routiers. Beaucoup redoutent des affrontements violents qui pourraient s’étendre en Martinique, l’île voisine, elle aussi en proie à la grève générale contre la « vie chère ».

Un autre problème saute aux yeux dès le premier reportage télévisé : les manifestants sont presque tous Noirs, alors que les patrons accusés de pwofitasyon, les hauts fonctionnaires et les policiers sont majoritairement Blancs ou « békés », c’est-à-dire descendants de colons esclavagistes.

République oblige, le gouvernement refuse de parler de couleur de peau, et préfère évoquer des « tensions sociétales » ou « culturelles ». Son embarras ne se réduit pas aux questions de vocabulaire. Le président Nicolas Sarkozy est resté longtemps silencieux, comme si cette crise l’intéressait peu. Les allers et retours d’Yves Jégo sont devenus autant d’épisodes d’un feuilleton tragicomique illustrant le désarroi des autorités.

Méchamment surnommé le « ministricule » par l’extrême gauche, Yves Jégo a d’abord promis des allégements de charges sociales permettant aux entreprises d’augmenter les salaires de 200 euros (environ 300 francs) par mois. Il a ensuite dû faire machine arrière : son idée risquait d’entraîner une flambée de revendications dans toute la France. Mardi, nouveau ­revirement : Yves Jégo annonce qu’une sortie de crise est en vue grâce à… des exonérations de charges octroyées par l’Etat, soit une copie conforme de sa proposition initiale.

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