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Le point de vue de paysans sur la crise économique
Publie le jeudi 20 novembre 2008 par Open-PublishingIl peut sembler un peu incongru qu’une association comme la notre (association pour la reconnaissance de la souffrance des familles paysannes) donne publiquement son point de vue sur la crise économique actuelle et pourtant il nous parait important de le faire car il semble qu’il puisse y avoir des rapprochements à faire avec les combats que nous menons concernant les droits fondamentaux et ce qui se passe actuellement.

Un américain sans toit
En premier lieu on peut rappeler brièvement les faits :
1) Crise immobilière (printemps 2007)
Tout commence aux Etats-Unis avec un problème d’accès au logement ou plus précisément à la propriété de la part de familles américaines ayant de faibles revenus. Les banques et autres créanciers s’engouffrent dans cette brèche et proposent des prêts immobiliers à taux variables (subprime) .
L’effondrement des prix, accompagné d’une hausse des taux d’intérêt, étrangle ces ménages, dont beaucoup, incapables de rembourser leurs emprunts, se retrouvent à la rue.
Les sociétés de crédit hypothécaire, qui leur ont attribué des prêts aveuglément, sont à leur tour en difficulté. Un grand nombre d’entre elles font faillite
2.) Crise bancaire (à partir de l’été 2007)
La plupart des grandes banques mondiales, qui ont investi dans des produits financiers composés à divers titres de ces crédits subprime, sont touchées à leur tour. Ils doivent faire appel à des fonds d’Etat asiatiques ou moyen-orientaux pour être renfloués.
Un climat de défiance s’installe entre les banques, incapables de déterminer leurs niveaux d’exposition respectifs aux crédits subprime. Elles deviennent très réticentes à se prêter les unes aux autres.
L’assèchement des liquidités fait que certaines banques, soupçonnées d’être particulièrement exposées aux subprimes, se retrouvent totalement asphyxiées. C’est le cas de la britannique Northern Rock, qui ne doit son salut qu’à l’intervention de l’Etat.
3.) Crise financière et boursière (à partir de l’automne 2007)
La sphère financière dans son ensemble se trouve contaminée, à commencer par les fonds d’investissement, et notamment les fameux hedge funds. Les Bourses mondiales sont prises dans la tourmente, plombées par l’effondrement des valeurs financières. Le spectre d’une faillite d’une grande institution financière plane. Celle de l’américain Bear Stearns est évitée in extremis, en mars, par l’intervention de la Réserve fédérale.
4.) Crise économique et alimentaire (à partir de l’hiver 2007-2008)
Marasme boursier, dégonflement de la bulle immobilière : les investisseurs en quête de meilleurs rendements se tournent vers le marché des matières premières énergétiques et alimentaires. Une envolée des prix en résulte (cours du riz multiplié par 3). Certains pays émergents qui dépendent entièrement pour leur alimentation des importations de ces matières premières sont dans l’incapacité de les acheter ce qui entraîne les émeutes de la faim dans plus de 40 pays .
Cette crise immobilière, économique, bancaire et financière est l’une des plus importantes depuis le fameux crac de 1929 dont on sait les conséquences désastreuses qu’il a entraînées (deuxième guerre mondiale). De nombreuses usines sont aujourd’hui au chômage technique et nul ne peut prédire aujourd’hui exactement comment tout cela va se terminer.
Toute cette crise prend donc sa source dans le besoin élémentaire et naturel d’accéder à la propriété, d‘avoir son « chez soi » . Or aujourd’hui, ce droit naturel, inaliénable et sacré consacré par la révolution américaine et française est refusé aux familles américaines aux revenus modestes. Que vont-elles devenir ses familles qui sont tombées dans le traquenard des banques et qui aujourd’hui se retrouvent à la rue ?? Sont elles condamnées à vie à rembourser un crédit qu’elles ne pourront jamais payer et à dormir sous les ponts ?
Ce qui s’est passé risque fort de se reproduire si nous n’en tirons pas les leçons. Il y a en France 3 millions de mal logé (voire pas logé du tout). Combien sont-ils aux états-unis ?
C’est pourquoi, nous tenons à réaffirmer haut et fort que la propriété POUR TOUS fait partie des droits fondamentaux (ou droits naturels, c’est à dire inhérente à la nature humaine indépendamment de sa position sociale, de son ethnie, de sa nationalité, ou de toute autre considération) et qu’il n’est nul besoin de recourir aux pernicieux système de crédits ou d’usure pour l’acquérir : C’est un dû garantie par la constitution ! Nous ne pouvons pas nous empêcher de citer à nouveau John Locke qui est le philosophe des lumières Anglaise dont c’est largement inspiré Thomas Jefferson pour rédiger la constitution américaine après la guerre d’indépendance :
« Je tacherai de montrer comment les hommes peuvent posséder en propre diverses portions de ce que Dieu leur a donné en commun, et peuvent en jouir sans aucun accord formel fait entre tous ceux qui y ont naturellement le même droit.
La principale matière de la propriété n’étant pas les fruits de la terre, ou les bêtes qui s’y trouvent, mais la terre elle-même, laquelle contient et fournit tout le reste, je dis que, par rapport aux parties de la terre, il est manifeste qu’on en peut acquérir la propriété en la même manière que nous avons vu qu’on pouvait acquérir la propriété de certains fruits. _ Autant d’arpents de terre qu’un homme peut labourer, semer, cultiver, et dont il peut consommer les fruits pour son entretien, autant lui en appartient-il en propre. Par son travail, il rend ce bien à son bien particulier, et le distingue de ce qui est commun à tous. Et il ne sert de rien d’alléguer que chacun y a autant de droit que lui, et que, par cette raison, il ne peut se l’approprier, il ne peut l’entourer d’une clôture, et le fermer de certaines bornes, sans le consentement de tous les autres hommes, lesquels ont part, comme lui, à la même terre commune. »
Second traité du gouvernement civil