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Le rapport Thélot

Publie le mardi 12 octobre 2004 par Open-Publishing
2 commentaires


Scolarité obligatoire à 5 ans, rapprochement de l’école et du monde de l’entreprise,
modification du recrutement et la formation des professeurs, soutien à la mixité sociale
des établissements : voici quelques-unes des propositions du rapport Thélot,
dont le texte a été remis mardi matin au premier ministre et qui doit servir à la
rédaction de la nouvelle loi d’orientation de l’éducation. Jean-Pierre Raffarin
souhaite que le projet de loi soit présenté au conseil des ministres "en décembre
ou janvier."

Le premier ministre a annoncé, mardi 12 octobre, que la future loi sur l’école
serait "une loi d’orientation" mais "également une loi de programmation fixant
des perspectives à quinze ans", lors de la présentation à Matignon du rapport
Thélot, qui doit servir de base à cette loi.

Le premier ministre a annoncé, mardi 12 octobre, que la future loi sur l’école serait "une loi d’orientation" mais "également une loi de programmation fixant des perspectives à quinze ans", lors de la présentation à Matignon du rapport Thélot, qui doit servir de base à cette loi.

Jean-Pierre Raffarin a par ailleurs souhaité que le projet de loi soit présenté en conseil des ministres "en décembre ou janvier". Il a demandé à son ministre de l’éducation, François Fillon, de rencontrer les organisations syndicales afin de "pouvoir faire des propositions d’ici à la fin de l’année". Les grandes décisions de cette loi concerneront la rentrée 2006, "grand rendez-vous de la réforme", a-t-il souligné.

La commission du débat national sur l’avenir de l’école, présidée par Claude Thélot, a été installée par le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, le 15 septembre 2003. Elle a participé à l’organisation des 26 000 débats sur l’avenir de l’école organisés à travers la France pendant l’hiver 2003-2004 et procédé à une série d’auditions avant de rédiger son rapport.

Une scolarité obligatoire à 5 ans. La commission Thélot se prononce pour la scolarité obligatoire à 5 ans et non plus 6 ans. "La scolarité obligatoire serait avancée à 5 ans, intégrant la grande section de maternelle et atténuant ainsi la rupture avec l’école élémentaire."

Un "socle commun des indispensables". "Durant la scolarité obligatoire", il s’agit de "s’assurer que chaque élève maîtrise le socle commun des indispensables et trouve sa voie de réussite", peut-on lire dans la synthèse du rapport. "Le socle des indispensables pourrait comprendre les fonctions primordiales suivantes : lire, écrire, maîtriser la langue et les discours, compter, connaître les principales opérations mathématiques, s’exprimer (y compris en anglais de communication internationale), se servir de l’ordinateur, vivre ensemble dans notre République."
Une "haute autorité indépendante" déterminerait le contenu et les programmes, les apprentissages seraient "personnalisés".

Une redéfinition du statut d’enseignant. "Outre la mission fondamentale de l’enseignement", le rapport Thélot propose d’inclure dans le métier d’enseignant "d’autres missions telles que le suivi des élèves, les relations avec les parents, le travail en équipe...". "Cette nouvelle organisation implique un allongement du temps de présence dans l’établissement scolaire pour les professeurs des lycées et collèges, allongement à prendre en compte dans leur rémunération", précise la commission Thélot.

Le recrutement et la formation des professeurs. La commission Thélot estime que la transformation de l’école passe par un meilleur recrutement et une meilleure formation des professeurs.
"Le renouvellement de la moitié des enseignants au cours des années à venir est un défi quantitatif mais aussi qualitatif, souligne le rapport. La transformation et la réussite de l’école ne peuvent se réaliser sans prendre appui sur des professeurs mieux recrutés et mieux formés."
Le concours de recrutement se déroulerait en deux temps, le premier validant des compétences disciplinaires, et le second, après formation, des compétences professionnelles.
La formation en IUFM serait également fortement teintée d’expérience professionnelle puisque organisée sur deux ans et fondée sur l’alternance. Actuellement, après un an de préparation au concours, les futurs professeurs des écoles ont une année de formation alternant cours et stages.
"Les enseignants sont au cœur de l’évolution de l’école, soulignent les membres de la commission Thélot. Ils doivent être reconnus et respectés en qualité de professionnels de l’enseignement."
La commission souhaite que les ressources humaines soient mieux gérées au sein du corps éducatif et que des passerelles soient possibles entre le métier d’enseignant et d’autres missions.
L’éducation nationale pourrait envisager de ne nommer, en début de carrière, que des volontaires dans les postes difficiles, peut-on lire dans le rapport, qui insiste par ailleurs sur l’importance de la formation continue.

Rapprochement de l’école et des entreprises. La commission juge "utile de faire davantage appel à des professionnels venant d’autres horizons". Dans cette optique, l’école et les entreprises "devraient se rapprocher davantage" pour favoriser la découverte des métiers dès le collège et améliorer l’insertion professionnelle des jeunes.

"Tendre vers l’égale qualité des établissements". Enfin, pour "favoriser la mixité sociale", la commission souligne qu’il faut "tendre vers l’égale qualité des établissements" et ne "pas hésiter à recourir à des procédures exceptionnelles". "Dans les situations les plus extrêmes, on pourra aller jusqu’à la fermeture d’établissements." Avec Reuters

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3264,36-382632,0.html

Messages

  • Si les dispositions de ce "rapport" se transformaient en loi, les pédagogogues pourraient se vanter de toucher au but qu’ils se sont assigné depuis 30 ans, consciemment ou non : mettre les enseignants au pas.

    1. Un niveau scientifique des enseignants et des élèves destiné à améliorer l’"adaptabilité" des élèves à l’entreprise

    Le niveau scientifique serait conditionné à la soumission aux dogmes dominants de l’institution, PUISQUE LA TITULARISATION PRENDRAIT A L’EVIDENCE BEAUCOUP PLUS EN COMPTE QU’AUJOURD’HUI CE QUI SE FAIT DANS LES INSTITUTS UBUESQUES DE FORMATAGE DES MAITRES. Les syndicats dominants relaient fort peu une information essentielle à cet égard : le nombre de stagiaires non titularisés à l’issue de leur année de formatage a cru dans de considérables proportions ces toutes dernières années : on leur signifie le fait que leur réussite au concours pèse moins qu’avant, et l’on prépare l’avènement de l’ère des petits pédagogues en chef.
    Peu importe que l’"apprenant" cesse alors d’être au centre du système scolaire.
    Pendant les dernières décennies, et plus particulièrement depuis la loi Jospin de 1989, c’était la parole de l’élève qui était sacralisée, était respectée l’obstination des familles à refuser de voir le véritable niveau de leur progéniture, au point que des établissements ont sombré par centaines, promus au rang de "lieux de vie" (sic) où toute transmission de savoir était durablement exclue. Les syndicats dominants (UNSA, SGEN-CFDT, SNES, SNUIPP) ont cautionné ce processus au nom d’une sorte de "proximité avec les familles" somme toute plus raffarine qu’intellectuellement défendable.
    Les associations de parents d’élèves ont fait leur miel de ces renoncements, aveugles flattés de voir leurs enfants obtenir le chiffon de papier qu’est devenu le baccalauréat.
    Le pouvoir politique de droite comme de gauche a entériné l’évolution avec satisfaction, comprenant bien qu’à terme, déclasser le monde enseignant ne pouvait qu’être très rentable au regard du retour de bâton réactionnaire manifeste depuis les années 1970, mais il est clair que la gauche a joué un rôle infiniment plus actif que la droite dans cette affaire.

    L’époque est en train de changer. Le "sauvageon" de Chevènement serait éjecté plus tôt, ou en tout cas "encadré" par un aéropage de "professionnels" répressifs, mais l’enseignant perdrait sa liberté pédagogique, et le niveau des programmes serait réduit à ce qui serait un aller simple pour l’exploitation professionnelle. Ce nouveau dogme se dessine de plus en plus nettement, et on pourra compter sur les nouveaux venus parmi les spécialistes des "sciences de l’éducation" pour opérer un virage à 180 °, comparable à celui qu’ont négocié leur prédécesseurs depuis la deuxième moitié des années 1960 en ce qui concerne leur acceptation du capitalisme.
    Comme la reproduction des "élites" s’impose néanmoins, qu’elle ne pourrait être féconde dans le cadre d’un enseignement au rabais, le recours au privé deviendrait systématique pour acquérir une formation scolaire de bon niveau, et c’est la casse du système public d’éducation qui s’imposerait à très brève échéance.

    2. Des enseignants qui perdraient le peu du statut social et professionnel qui leur reste.

    L’idée d’augmenter les obligations de service de 50 %, qui complète la dévalorisation du niveau des concours sous-jacente dans le rapport, doit être comprise à l’aune de ce qui se passe depuis plusieurs années dans les établissements : des dizaines d’adultes ont cessé d’y accomplir des activités professionnelles : ils ont quitté les lieux . Les enseignants seraient, si ce rapport débouchait sur une loi, des fonctionnaires à tout faire, en attendant le moment proche où ils ne seraient plus fonctionnaires.
    Cela explique la possiblité renforcée de faire appel à des "intervenants" d’origine professionnelle variée qui auraient de surcroît l’avantage de méconnaître la notion de service public, et qui pourraient être recrutés en tenant compte d’une certaine expérience anti-syndicale ( anciens militaires, petits patrons qui ont fait faillite, agriculteurs mis hors course par la diminution à venir des subventions, tout devient envisageable, du moment qu’on ne leur demande plus de maîtriser une discipline universitaire ). A terme, c’est la disparition même du concours qui serait programmée. Resterait à trancher une question de modalités...supprimer le Statut de fonctionnaire AVANT ou APRES la disparition du concours.

    • Le rapport Thélot, ou comment masquer de nouvelles économies budgétaires et l’officialisation d’une éducation à deux vitesses derrière de "belles" idées...

      Cf. http://www.cetace.org/eduquons_thelot.html

      Ne nous trompons pas d’adersaires et de débat : la lutte à mort (?) entre "pédago" et "républicain" (à laquelle on ne saurait réduire l’analyse précédente) est bien loin du saccage du service public d’éducation vécu au quotidien !

      Cétacé !