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Les 96 salariés de Téléperformance, à Toulouse, sont en grève pour leurs salaires.

Publie le mardi 22 mars 2005 par Open-Publishing

Par Gilbert LAVAL

La foule des beaux jours de printemps se précipite sur les bords du canal du Midi. A un kilomètre de là, 96 salariés de Téléperformance ont choisi ce dimanche de s’enfermer autour du syndicat SUD dans la salle des fêtes d’Escalquens, en banlieue de Toulouse. Les petites voix du télémarketing qui appellent les abonnés du téléphone à l’heure des repas pour tenter de leur vendre des abonnements ou des canapés-lits, ont fait le choix de se taire.

Unanimité. La grève a démarré hier matin au premier poste de 7 h 30 à Labège. « Tous solidaires pour les salaires et les conditions de travail. » La banderole fait l’unanimité de ces smicards toulousains du combiné téléphonique. Ils sont 600 téléacteurs à Toulouse-Labège. Leur patron, Stéphane Thounens leur donne du « chers collaborateurs ». Mais ne veut rien leur céder quant à une augmentation de 2 euros de l’heure. « Ce n’est pas acceptable », leur écrit-il. Cela équivaudrait, calcule-t-il, à 25 % d’augmentation.

« Il explique toutefois que Téléperformance a dégagé 2 millions d’euros net pour 1 million d’heures travaillées en 2004 », observe le syndicat SUD. Son délégué Thibaud Mainier note qu’un acompte sur les bénéfices à venir vient d’être versé aux actionnaires de l’entreprise : « Stéphane Thounens ose nous dire que nous, nous n’amenons rien. C’est du mépris. »

Conditions de travail. Emerge alors la question des conditions de travail. « L’autre jour, explique Angèle, téléactrice depuis près de deux ans, j’ai pris mon poste à 11 h 30 pour apprendre une heure plus tard qu’il n’y avait pas suffisamment de travail. Que je devais donc rentrer chez moi, à 32 kilomètres de là. » « Il n’y a aucun respect des plannings, protestent les syndicalistes. Aucun respect des deux jours de repos consécutifs ni des règles d’hygiène. Nous n’avons même pas un casque pour chacun. »

Hier ils étaient huit téléacteurs sur dix à se laisser convaincre par les grévistes de ne pas prendre leur poste. Téléperformance évoque une « entreprise de déstabilisation orchestrée par certains syndicats ». Le téléacteur Yves Miramont se réjouit d’une telle mobilisation du secteur privé. En espérant que le mouvement s’élargisse. Les centraux de Bordeaux et d’Ile-de-France surveillent ce qui se passe à Toulouse avec un pied sur la pédale de débrayage.

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