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Les communistes à l’assaut du Havre

Publie le mercredi 27 février 2008 par Open-Publishing

de Rosalie Lucas

Le maire sortant UMP, Antoine Rufenacht, est talonné par Daniel Paul, son challenger du PC. Dans cet ancien fief communiste où les classes moyennes pèsent assez peu, le match semble très ouvert. Climat national oblige.

AU HAVRE, certains pensaient le scénario écrit d’avance : une campagne sans surprise et un maire UMP sortant, Antoine Rufenacht, 68 ans, conservant son fauteuil. Mais un sondage a bousculé le port normand, réveillant l’opposition qui n’y croyait pas. Début février, une enquête TNS Sofres donnait l’ancien directeur de campagne de Chirac en difficulté (50-50) au second tour face à Daniel Paul, tête de liste PC et ancien adjoint au maire de 1977 à 1994.

Ce dernier convient que ce sondage a donné un coup de fouet à son équipe. « On a réalisé que le maire de droite était battable », avoue le député de 65 ans. Devant ce constat, la gauche, qui n’a pas réussi à partir unie, prend soin de ne pas se déchirer.

Les déçus de la droite

Laurent Logiou, candidat PS, n’emploie pas le terme de « division », mais évoque, subtilement, « une divergence de stratégie ». « Je ne tape que sur le maire sortant », claironne ce directeur de centre de formation de 46 ans. Moins bien placé dans le sondage que Paul, le fabiusien aux yeux verts explique que, depuis, « les choses ont changé » et qu’il reçoit « un accueil excellent ».

Pas de coups bas donc entre candidats de la gauche dans cette ville qui fut pendant près d’un demi-siècle marquée de l’empreinte communiste, mais une stratégie commune : assimiler Antoine Rufenacht à Nicolas Sarkozy. « C’est un représentant local de la politique nationale », lâche Paul, en rappelant constamment que le maire est un proche du président. Sur le marché de Bléville, quartier des hauteurs du Havre, les candidats de la gauche sont abordés par quelques déçus de la droite. Ce vendredi matin, c’est une personne âgée qui interpelle Paul, puis Logiou, pour se plaindre de sa petite retraite. « J’ai voté Sarkozy, mais aujourd’hui ce n’est plus possible », souffle-t-elle. Plus loin, des gamins reconnaissent le candidat communiste et l’apostrophent gentiment : « Eh m’sieur, c’est vous qui voulez remplacer le maire ? »

Rufenacht, en vieux sage de la politique, convient que le contexte national ne lui est pas favorable, mais entend le balayer grâce à son bilan et ses projets. Dominant de son bureau le quartier Perret, il rappelle son grand fait d’armes : être parvenu en 2005 à faire classer au Patrimoine mondial de l’Unesco la ville pour sa reconstruction d’après-guerre. « J’ai changé l’image du Havre », se vante-t-il. Une réussite que ne lui contestent pas ses adversaires. « La municipalité a beaucoup fait pour les façades », concède Logiou. Mais de concert, PC et PS proposent eux de « s’occuper des gens qui vivent derrière ». Paul insiste sur les problèmes de logement, de culture dans les quartiers et d’endettement de l’hôpital. Logiou, qui travaille avec les Verts, s’inquiète également des problèmes de surmortalité dus aux usines environnantes. « Le maire est irresponsable d’accepter des nouvelles industries polluantes », assène-t-il.

Rufenacht, lui, sachant que les Havrais apprécient son bilan en matière d’urbanisme, promet de nouveaux équipements (tramway, piscine, grand stade, Zénith). « Notre ville est moche, mais un peu moins depuis que Rufenacht est là », remarque une Havraise en promenade dans le quartier Perret. Avant, finalement, de se demander si les habitants sont encore prêts à de nouveaux travaux.

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