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Tension autour des listes « 100% altermondialistes ».
Par Didier HASSOUX
Hoquets à Attac. L’annonce du lancement d’au moins quatre listes « 100 % altermondialistes » pour les européennes met en émoi l’association. Mardi, à l’issue d’un bureau exécutif, ses dirigeants ont décidé l’envoi, en début de semaine prochaine, d’un courrier électronique aux adhérents. Cet échange épistolaire devrait faire état « d’une divergence de points de vue sur l’initiative électorale en cours », selon Bernard Cassen, président d’honneur d’Attac. En fait, c’est à une véritable guerre de suspicion que se livrent les responsables de l’organisation phare de l’altermondialisme. Un conflit qui pourrait amener à « laisser des cadavres sur le bord de la route », selon l’expression d’un des protagonistes. Des morts, mais lesquels ? Ceux qui soupçonnent l’ancien et l’actuel président de l’association, Bernard Cassen et Jacques Nikonoff, d’avoir, en sous-main, téléguidé le lancement de listes électorales en vue de la création, à terme, d’une nouvelle force politique ? Ou bien Cassen lui-même, qui récuse « une quelconque manipulation » de sa part, tout en reconnaissant prodiguer « des conseils » aux futures têtes de liste ?
Quoi qu’il en soit, ce sont bien des militants d’Attac qui ont annoncé mardi le lancement d’au moins quatre listes (sur 8 possibles) aux européennes. Parmi eux figurent des individus proches de Nikonoff et Cassen. L’un, Christophe Ventura (tête de liste en Ile-de-France), a été permanent de l’organisation et est réputé très proche de Cassen. L’autre, Gérard Lalot (tête de liste dans la grande région Nord), est toujours membre du PCF, comme Nikonoff dont il est l’ami. Le programme de ces candidats est lui aussi riche d’enseignement : il reprend à son compte les « 21 exigences d’Attac pour une Europe solidaire » et le bréviaire européen de la Confédération paysanne. A ce sujet, son ex-porte-parole José Bové a été à plusieurs reprises démarché, notamment par Bernard Cassen, pour être au moins le président du comité de soutien de ces listes. Le leader paysan l’a confirmé à Libération, précisant qu’il refusait ce genre de sollicitation : « Personne n’est propriétaire des idées altermondialistes. » De fait, Gérard Onesta, tête de liste (Verts) dans le Grand Sud-Ouest, reprend lui aussi à son compte les « exigences » d’Attac en matière d’Europe.
Cassen et Nikonoff s’il se confirme qu’ils sont derrière cette entreprise poursuivent une vieille lune : offrir au mouvement altermondialiste le fameux « débouché politique ». Leur constat est simple : aucun parti de gauche n’est aujourd’hui capable d’incarner ce débouché, alors autant le créer. Lalot, Ventura et les autres ne le cachent pas, d’ailleurs. Mardi, ils promettaient que leur aventure électorale si elle va jusqu’à son terme portait « l’idée de construction d’une nouvelle formation politique ». Un dirigeant d’Attac est plus direct : « C’est un test. »