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Les médecins collabos

Publie le vendredi 29 juillet 2005 par Open-Publishing

Dans un communiqué du jeudi 21 juillet, le ministère de la Santé a réitéré sa volonté de contrôler davantage les arrêts de travail. Les arrêts de travail de longue durée, supérieurs à 60 jours, et non plus de 90 jours comme en 2004, feront "l’objet d’un contrôle systématique (...) et les arrêts de courte de durée d’un contrôle aléatoire." Au premier semestre 2005, 250000 contrôles d’arrêts de longue durée auraient été opérés. En ce qui concerne les arrêts de travail de courte durée, l’objectif serait d’en contrôler 220000 en 2005 contre 187000 en 2004.

Depuis 2004, un peu plus de pouvoir a été donné aux patrons en la matière. En effet, le médecin contrôleur envoyé par le patron pour opérer une contre-visite peut désormais, s’il juge l’arrêt non justifié, non seulement bloquer le complément patronal, comme c’était déjà le cas auparavant, mais aussi permettre la suppression de l’indemnité journalière de la Sécurité sociale. La Caisse d’assurance maladie est désormais tenue de prendre en compte les rapports des médecins-contrôleurs patronaux (qui font plus souvent fonction de "contrôleurs patronaux" que de "médecins"). La CNAM est tenue de convoquer les salariés que ceux-ci désignent comme étant "en défaut" et de suspendre immédiatement leurs indemnités journalières si le travailleur ne se présente pas.

La pression exercée par les patrons sur les salariés malades est par conséquent renforcée. Dans bien des entreprises, des travailleurs, craignant de perdre toute indemnité, craignant de se voir convoquer par leur patron et d’encourir une sanction, voire le licenciement, se sentent contraints de reprendre leur travail alors que leur état de santé ne devrait pas le permettre. Ainsi dans bien des entreprises, des salariés atteints par exemple de mal de dos ou de graves tendinites retournent malgré tout au travail et aggravent de ce fait leur état de santé.

Le gouvernement, et le patronat derrière lui, justifie ces mesures toujours de la même façon : les dépenses engendrées par les arrêts maladie seraient trop importantes : l’indemnisation des 250 millions de journées d’arrêts maladie a coûté 5,7 milliards d’euros en 2004. Ils prétendent qu’il n’y aurait plus assez de sous et que ce serait, en partie, la faute des salariés fraudeurs. Selon la Caisse nationale d’assurance maladie, 6% de ces arrrêts seraient injustifiés. Injustifiés ? Cela reste à voir bien sûr car, par exemple, un salarié qui n’en peut plus et à qui son médecin prescrit du repos devrait être tout à fait en droit de se reposer. Mais de toute façon cela fait au moins 94% des arrêts, et donc 94% des 5, 7 milliards d’euros de dépenses, qui sont totalement justifiés, même si l’on s’en tient aux critères gouvernementaux.

Mais il n’est pas étonnant qu’un gouvernement qui se préoccupe surtout de soigner la santé des profits des patrons, en continuant à leur offrir exonérations et subventions sur les fonds publics, fasse peu de cas de celle des travailleurs.