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Les pêcheurs dérivent à Bruxelles

Publie le jeudi 5 juin 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Les pêcheurs dérivent à Bruxelles
Tanguy Verraes, libre belgique

Mis en ligne le 05/06/2008

L’Union adresse une fin de non-recevoir à leurs demandes. Leur manifestation dégénère dans le quartier européen de Bruxelles.
La colère des pêcheurs en images
Les pêcheurs du Sud l’avaient promis ; ils l’ont fait. Des centaines d’entre eux (environ 400, selon les forces de police) se sont retrouvés mercredi matin en plein coeur du quartier européen de Bruxelles pour exprimer leur désarroi face à la hausse du prix du pétrole. Selon Pierre D’Acunto, représentant des pêcheurs d’Arcachon, 4 à 5 milliers de leurs collègues étaient attendus. La majorité d’entre eux ne sont jamais arrivés à bon port. Et pour cause, les forces de police ayant eu vent de la manifestation "surprise", elles avaient bouclé tout le quartier européen empêchant quiconque de rejoindre le coeur de la manifestation. Une ambiance tendue qui a dégénéré en milieu d’après-midi et paralysé les environs.

"Bruxelles, tu nous crèves"

Originaires essentiellement de France, d’Italie et d’Espagne, les pêcheurs sont venus crier leur détresse et demander un geste de la part de l’Union européenne. "Bruxelles, tu nous crèves" ou encore "Nous voulons vivre de notre métier et non de mendicité", pouvait-on lire sur certains calicots. Pris entre les quotas européens de pêche et un gazole à plus de 80 centimes le litre, ils affirment ne plus pouvoir vivre de leur métier. Sauf à répercuter la hausse du prix du carburant auprès du consommateur, ce qu’ils disent vouloir éviter. Ils réclament que l’Union se saisisse de l’affaire et qu’elle fasse redescendre le prix du litre de gazole à 40 centimes.

Pourquoi s’adresser à l’Europe ? Parce que le gouvernement français leur a rétorqué que les Etats membres étaient pieds et poings liés au fonds européen de la pêche et que, sans modification de cette aide opérationnelle, il n’y aurait pas de solution immédiate.

"Guère de solutions"

Dans un premier temps, en l’absence du commissaire européen en charge de la Pêche, Joe Borg, une délégation improvisée d’une vingtaine de manifestants a été reçue sur le parvis du Berlaymont par son chef de cabinet Patrick Tabone. Ce dernier a attentivement écouté les doléances des manifestants.

Mais, sans grande surprise, si la Commission dit comprendre le désarroi des pêcheurs, elle déclare n’avoir aucune prise sur le prix du pétrole. Elle leur a en outre réaffirmé que le secteur de la pêche était en surcapacité et qu’il avait grand besoin d’une "restructuration de fond" pour une "pêche durable".

Irritée par ces propos, mais aussi par le fait d’être "seulement" reçue à la sortie du siège de la Commission, la délégation s’en est allée rejoindre les manifestants, tout en réclamant d’être accueillie de manière formelle. Ce n’est que vers midi que la délégation a été à nouveau reçue, formellement cette fois et à huis clos, par le chef de cabinet.

Détail piquant, au même instant dans une autre partie du Berlaymont, José Manuel Barroso, le président de la Commission, recevait discrètement le prince Albert II de Monaco - qui aurait assurément fait une grosse prise pour les pêcheurs.

A la suite de la réunion qui a duré plus d’une heure, la délégation s’est adressée à ses troupes en leur déclarant "n’avoir rien obtenu". Un constat confirmé par la porte-parole du commissaire, Nathalie Charbonneau, qui a reconnu que, "des solutions immédiates, il n’y en (avait) guère".

Des propos qui ont aussitôt provoqué la colère des manifestants. Fumigènes, pétards et projectiles ont fusé vers les policiers qui ont répliqué avec l’autopompe afin de disperser la foule. Résultats : 74 arrestations, 3 policiers blessés, bris de vitres, une voiture retournée et des poubelles incendiées.

Les pêcheurs donnent à nouveau rendez-vous à l’Union en marge du sommet des 19 et 20 juin à Bruxelles et du Conseil des ministres de l’Agriculture et de la Pêche des 23 et 24 juin à Luxembourg. En attendant, les chalutiers dérivent encore plus vers le désespoir.

Messages

  • Détail piquant, au même instant dans une autre partie du Berlaymont, José Manuel Barroso, le président de la Commission, recevait discrètement le prince Albert II de Monaco - qui aurait assurément fait une grosse prise pour les pêcheurs.

    J’espère que les marins-pêcheurs ont compris, ils ne sont pas du bon côté de la barrière. Barnier n’a pas voulu le dire, parce qu’il n’en n’a pas..., mais 40 % des patrons-pêcheurs doivent disparaître ! C’est énorme !

    Et puisque ils sont du mauvais côté ces pêcheurs, donc avec nous, qu’ils fassent comme les paysans avec les AMAPS, qu’ils réorganisent leur filière "du pêcheur au consommateur" en ligne directe.

    On a intérêt à se porter solidaires de ceux qui prennent soin de notre nourriture comme ces artisans-pêcheurs, ou ces paysans, parce que le jour où la machine remplacera majoritairement l’artisan ou le salarié, imaginez quand un "commissaire européen" ou un "Barnier" de la politique nous annoncera "qu’il ne peut rien y faire, parce que de toutes façons 40 % des postes d’ouvriers doivent disparaître !"

    Ou alors, demandons à quitter l’union européenne, faisons jouer l’article 49A !