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Les questions en suspens autour de la mort de Ben Laden

Publie le lundi 2 mai 2011 par Open-Publishing
4 commentaires

La satisfaction et les scènes de liesse qui ont suivi l’annonce de la mort du chef d’Al-Qaida, Oussama Ben Laden, tué dimanche au Pakistan par les services spéciaux américains, ont laissé place, lundi 2 mai, à nombre d’interrogations, doutes et zones d’ombre.

L’élimination de Ben Laden

Pourquoi les Américains ont-ils tué Oussama Ben Laden au lieu de le capturer ? C’est la question qui a agité tous les esprits lundi. Les forces spéciales états-uniennes n’ont ainsi "pas fait de prisonnier" lors de l’opération qui a vu la mort de Ben Laden et de cinq membres de sa famille et de son entourage.

En début de soirée, la Maison Blanche a assuré que le commando était prêt à capturer Oussama Ben Laden vivant. Des déclarations qui contredisent celles de hauts responsables américains qui affirmaient, à la mi-journée, que les militaires américains avaient ordre de le tuer.

L’identité du corps

Après l’annonce de la mort de Ben Laden, tué d’une balle dans la tête, les soupçons sur l’identité du corps ont pris de l’ampleur. Tandis qu’une fausse photo du cadavre circulait sur Internet, des internautes s’interrogeaient au contraire sur les preuves dont disposent les Américains pour assurer qu’ils ont abattu le chef d’Al-Qaida.

Une analyse d’ADN a permis de confirmer "pratiquement à cent pour cent" la mort d’Oussama Ben Laden, ont annoncé plusieurs hauts responsables américains, sans pour autant préciser quand et comment ont été effectués les tests. La comparaison par un spécialiste de la CIA de photos du corps avec d’anciens clichés a en outre "permis de déterminer avec quatre-vingt-quinze pour cent de certitude" son identité, poursuivent-ils. Selon la chaîne américaine CNN, le gouvernement américain ne sait pas encore si et quand il va diffuser les photos du cadavre afin de confirmer ses dires.

L’immersion du cadavre

Les Américains, craignant qu’une sépulture du chef d’Al-Qaida ne devienne un lieu de pèlerinage ou un lieu de recrutement, ont choisi d’ensevelir son corps en mer. Cette raison officielle interroge toutefois sur ce choix et la rapidité avec laquelle le corps a disparu.

Des organisations musulmanes, tels la Grande Mosquée de Paris et l’institut sunnite al-Azhar, au Caire, ont immédiatement dénoncé un non-respect des rites musulmans qui veulent que le corps soit enterré dans la direction de la Mecque. Les Etats-Unis disent au contraire avoir respecté la tradition qui veut qu’une cérémonie funéraire ait lieu dans les vingt-quatre heures qui suivent la mort. Celle-ci se serait déroulée sur le pont du porte-avions américain sur lequel le corps a été emmené, a affirmé un haut responsable de la défense.

La coopération avec le Pakistan

La présence d’Oussama Ben Laden à Abbottabad, une ville à deux heures de route d’Islamabad, entretient le doute sur la réalité de la lutte du Pakistan face à Al-Qaida. Le président américain, Barack Obama, a rendu hommage à l’aide du Pakistan et a indiqué avoir appelé son homologue, Asif Ali Zardari.

Mais Washington semble avoir fait cavalier seul lors de cette opération. Les Américains n’ont pas prévenu le Pakistan de l’opération et justifient la violation de sa souveraineté par "l’obligation légale et morale d’agir". Pervez Musharraf, ancien président pakistanais, a rétorqué à la BBC que l’opération aurait due être menée par l’armée pakistanaise : "Des troupes étrangères ne devraient pas entrer sur notre sol. Je ne m’attends pas à des réactions de joie du peuple pakistanais car leur souveraineté a été violée." De fait, lundi, quelques centaines de manifestants hostiles aux Etats-Unis se sont rassemblés au Pakistan.

Le risque de représailles

Al-Qaida et ses groupuscules vont-ils radicaliser leur action après la mort de leur leader ? Les avis sont partagés sur cette question. Le directeur de la CIA, Leon Panetta, a estimé qu’il était "presque certain que les terroristes vont tenter de venger" Oussama Ben Laden. De même, le coordinateur de la lutte antiterroriste de l’Union européenne, Gilles de Kerchove, estime qu’il faut "rester vigilant" : "En Europe ou aux Etats-Unis, une sécurité renforcée est nécessaire."

Le sort des quatre otages français détenus au Sahel par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) pourrait pâtir de la mort d’Oussama ben Laden, estiment experts et sources proches du dossier dans la région. Le sort des deux journalistes détenus en Afghanistan serait, lui, moins sensible, leurs ravisseurs dépendant des talibans et non d’Al-Qaida.

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2011/05/02/les-questions-en-suspens-autour-de-la-mort-de-ben-laden_1515952_3222.html

Messages

  • "...si la seule morale de l’histoire c’est celle du Western, c’est celle où on tue ses ennemis avec un revolver, où on les fait disparaitre avec un pistolet magique et bien alors notre histoire sera une histoire sanglante pour les dix et les vingt prochaines années...." ( citation de Dominique de Villepin sur France 3 dans l’émission "ce soir ou jamais" du 2 mai 2011)
    disponible en podcast
    Moralité : personne n’est dupe

  • La CIA n’a plus besoin de Ben Laden alors elle l’exécute.Il a tué 10 fois plus d’Asiatiques et d’Africains que d’ "occidentaux et on ne retient que ces derniers.Si cette mort peut profiter à quelqu’un, en plus de la CIA, pour toutes les collusions et services rendus(c’est quand même bizarre que le fanatisme musulman tue surtout des Musulmans de préférence instruits et diplômés ;on peut être bête mais pas à ce point...),c’est aux pays de culture musulmane qui sont débarrassés de ce supplétif des intérêts des multinationales.Tout comme Saddam Hussein.Chose qui ne donnera même pas à réfléchir aux supplétifs encore en fonction.Bon débarras.De toutes les façons ce n’est pas lui qui aurait divulgué des secrets.Aucun Musulman ne va le regretter sauf ....