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Les salafistes défient le Hamas sur leurs terres

Publie le mercredi 20 avril 2011 par Open-Publishing

Agnès Rotivel

Le Hamas n’a pas le monopole sur Gaza. Des militants d’un groupe salafiste de la bande de Gaza ont assassiné, quelques heures après son enlèvement jeudi, le journaliste et écrivain italien Vittorio Arrigoni, 36 ans, qui appartenait au mouvement pacifiste propalestinien International Solidarity Mouvement (ISM). Ses ravisseurs réclamaient en échange la libération de leurs camarades détenus par le parti Hamas au pouvoir [1].

Qui sont les salafistes ?

Les groupes palestiniens de Gaza se définissant comme « salafistes » comptent plusieurs centaines de membres, selon leurs dirigeants, répartis en cinq groupes au moins : Djaïch Al-Islam, Djound Ansar Allah, Tawhid Wal Djihad, Djaïch AlOumma et Ansar Al-Sunna. Un temps compagnons de route du Hamas, ils s’en sont progressivement éloignés, l’accusant de faiblesse face à Israël et dans l’imposition de la loi islamique. Encore peu nombreux, ils font de plus en plus d’adeptes.

Le salafisme est un mouvement sunnite revendiquant un retour à l’islam des origines, fondé sur le Coran et la Sunna. Aujourd’hui, le terme désigne un mouvement composite fondamentaliste, constitué en particulier d’une mouvance traditionaliste et d’une mouvance djihadiste recourant aux armes. Toutes ces mouvances affirment vouloir renouer avec l’islam des premiers siècles, qui aurait été corrompu par leurs aînés.

À quel groupe appartiennent les assassins de Vittorio Arrigoni ?

Dans une vidéo postée sur le site YouTube, les ravisseurs disent appartenir aux « Brigades du compagnon héroïque (du prophète) Mohammad Ben Muslima », un groupe jusque-là inconnu. Les auteurs de l’enlèvement avaient affirmé qu’ils exigeaient, pour relâcher Vittorio Arrigoni, que le Hamas libère leurs camarades détenus, y compris leur chef, Cheikh Abou Walid Al Maqdasi, arrêté par la police le mois dernier dans la ville de Gaza. Et aussi Hicham Al Soueïdani, membre du groupe Djound Ansar Allah, âgé d’une cinquantaine d’années et originaire du camp de réfugiés de Nousseïrat (centre), qui avait été arrêté en mars par des forces de sécurité du Hamas.

Veulent-ils prendre le pouvoir ?

Les groupes palestiniens « salafistes » ne se sentent pas liés par les accords de cessez-le-feu passés par le Hamas avec Israël. Ce sont principalement eux qui, ces dernières semaines, ont lancé de nombreuses roquettes sur Israël. Le groupe Tawhid Wal Djihad a affirmé vendredi que le meurtre de l’otage italien était le « résultat naturel de la politique de répression du Hamas contre les salafistes », assurant néanmoins n’avoir « aucun rapport avec l’enlèvement ».

Les salafistes s’étaient déjà fait connaître en 2007 par une série d’enlèvements, notamment celui d’Alan Johnston, correspondant de la BBC à Gaza, libéré par le Hamas après quatre mois de captivité. Le mouvement islamiste avait alors annoncé qu’il coupait les ponts avec le groupe des ravisseurs, Djaïch Al-Islam (Armée de l’islam). La tension avec le parti au pouvoir à Gaza avait atteint son paroxysme en août 2009, quand l’un des groupes salafistes, le Djound Ansar Allah, avait proclamé un « émirat » islamique dans une mosquée de Rafah (sud de la bande de Gaza). La répression des forces du Hamas avait alors fait 24 morts.

Les groupuscules salafistes restent évasifs sur la réalité de leurs liens avec Al-Qaida, dont le djihadisme mondialisé se démarque de l’objectif des mouvements palestiniens, qui se concentrent, eux, sur la lutte contre Israël.

http://www.france-palestine.org/art...


[1nombre d’observateurs font valoir que cette position n’a aucun sens, d’autant plus que Vittorio a été assassiné très rapidement après son enlèvement, avant la limite de l’"ultimatum" des ravisseurs. Ils soulignent aussi que Vittorio a fait l’objet de menaces répétées de la part d’Israël. Par ailleurs des militants internationalistes organisateurs de la Flottille de la Liberté 2 ont reçu des menaces depuis : "tu finiras comme Vittorio et tous ceux qui s’opposent à Israël".