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MAYOTTE : LE MAHORAIS DOIT ACCOMPLIR UN EFFORT D’ACCULTURATION

Publie le dimanche 15 février 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

Je vais faire entendre, ce soir, une voix dissonante. Tout le poids de l’Histoire pèse sur la relation entre la France et Mayotte. Vingt-cinq ans après l’accession de la République des Comores à l’indépendance, le statut de Mayotte reste un sujet de débat. Celui que nous tenons ce soir précède l’organisation d’un référendum sur la départementalisation de Mayotte. Actuellement collectivité départementale depuis la loi du 11 juillet 2001, Mayotte pourrait ainsi devenir le cinquième département d’outre-mer et le 101e département français. En présentant cette consultation référendaire comme la suite logique de l’évolution du statut de l’île depuis 1976, le Gouvernement occulte totalement l’Histoire. Le rapport d’information évoque une situation, à Mayotte, « potentiellement explosive », et une coopération rendue difficile avec l’Union des Comores qui « n’a jamais accepté que Mayotte devienne française ». Et pour cause ! Mayotte n’est restée française que parce que la France l’a décidé unilatéralement.

M. Jean-Jacques Hyest, président de la commission. - Ah non !

Mme Éliane Assassi. - En effet, la loi du 23 novembre 1974 a organisé une consultation d’autodétermination « des populations des Comores » et non de la population des Comores, afin de permettre le décompte des suffrages île par île. Or, si les trois îles d’Anjouan, de la Grande Comore et de Mohéli se sont prononcées à une très large majorité en faveur de l’indépendance, Mayotte s’est prononcée à 63,82 % en faveur du maintien dans la République française.

M. Jean-Jacques Hyest, président de la commission. - Eh oui !

Mme Éliane Assassi. - C’est sur ce fondement que la France a décidé de conserver Mayotte et de mettre fin à l’unité de l’archipel des Comores. L’Assemblée nationale française, durant toute la période coloniale, avait pourtant toujours traité les Comores comme une seule et unique entité. La loi du 25 juillet 1912 portant rattachement des îles de Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande Comore à Madagascar, et les lois du 9 mai 1946 et du 22 décembre 1961 relatives à l’organisation des pouvoirs publics aux Comores en témoignent. Pourquoi remettre en cause, quinze ans plus tard, cette unité sinon en raison de l’intérêt stratégique que représente Mayotte pour la France ?

M. Jean-Jacques Hyest, président de la commission. - Mais non !

Mme Éliane Assassi. - Elle donne le contrôle du canal du Mozambique, par où transitent les deux tiers des exportations pétrolières en provenance du Moyen-Orient et la possibilité d’y maintenir des bases militaires.

M. Jean-Paul Virapoullé. - Et c’est tant mieux !

Mme Éliane Assassi. - Personne n’ignore qu’afin d’éviter que la population mahoraise n’opte pour l’indépendance, la consultation de 1974 a été précédée d’intimidations et de violences.

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. - Comment peut-on dire tant de contre-vérités ?

Mme Éliane Assassi. - La résolution 1514 de l’assemblée générale de l’ONU en date du 14 décembre 1960 affirmait que « tous les peuples ont un droit inaliénable à la pleine liberté, à l’exercice de leur souveraineté et à l’intégrité de leur territoire national » et déclarait que « toute tentative visant à détruire partiellement ou totalement l’unité nationale et l’intégrité territoriale d’un pays est incompatible avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies ». Mais le gouvernement français faisait fi de cette résolution -comme de celles qui allaient suivre. Alors que les Comores accèdent à l’indépendance le 6 juillet 1975 suite à une déclaration unilatérale du gouvernement des Comores, la France ne reconnaît l’indépendance que des seules îles de la Grande Comore, d’Anjouan et de Mohéli. Elle organise deux consultations de la seule population de Mayotte sur son maintien dans la République. En février 1976, si 99,4 % des suffrages exprimés se prononcent pour ce maintien, en avril 1976 ce sont 97,47 % des suffrages qui se prononcent contre le statut de territoire d’outre-mer. Ces deux consultations ont été condamnées par l’assemblée générale des Nations Unies dans sa résolution 31/4 du 18 octobre 1976, selon laquelle « les référendums imposés aux habitants de l’île comorienne de Mayotte constituent une violation de la souveraineté de l’État comorien et de son intégrité territoriale » ; elle considère l’un et l’autre référendum comme « nuls et non avenus », rejette toute forme de consultation ultérieure et « condamne énergiquement la présence de la France à Mayotte ». Au total, plus de vingt résolutions condamneront la France pour sa politique à Mayotte et l’occupation illégale de son territoire. L’appartenance de Mayotte à la souveraineté française n’est reconnue ni par les Nations Unies ni par l’Union africaine.

M. Jean-Jacques Hyest, président de la commission. - Elle l’est par les Mahorais.

Mme Éliane Assassi. - Vous ne pourrez éternellement réécrire l’Histoire pour des raisons géostratégiques aux relents colonialistes.

M. Jean-Jacques Hyest, président de la commission. - C’est vous qui la réécrivez !

Mme Éliane Assassi. - Votre rapport d’information, monsieur Hyest, ne fait aucune mention des condamnations de l’ONU, pas plus d’ailleurs que le compte rendu du conseil des ministres du 14 janvier 2009 sur l’organisation du référendum. Ce référendum est une violation flagrante du droit international. La départementalisation entérine le morcellement de l’archipel des Comores, au détriment de la population comorienne et de la stabilité institutionnelle et politique de l’archipel. Les Mahorais sont demeurés profondément comoriens par la culture, la langue et la religion. Ce sont les mêmes familles qui peuplent les quatre îles de l’archipel. Pourtant, les Comoriens sont considérés comme des clandestins lorsqu’ils se rendent à Mayotte. Le « visa Balladur » a crispé les relations entre les îles de l’archipel, en créant une frontière artificielle qui sépare Mayotte de ses soeurs. Des milliers de Comoriens tentent d’accéder à Mayotte.

M. Jean-Jacques Hyest, président de la commission. - Comment cela se fait-il, d’après vous ?

Mme Éliane Assassi. - Chaque année, plus de 1 000 Comoriens perdent la vie dans le naufrage de leurs embarcations de fortune. La France engage sa responsabilité dans ces drames, tout autant que dans la gestion désastreuse de l’immigration à Mayotte. Les chiffres sont éloquents : 13 990 étrangers en situation irrégulière ont été reconduits à la frontière en 2007, dont 13 829 sont comoriens. Autrement dit, ces femmes et ces hommes, comoriens, qui tentent de se rendre sur un territoire qui doit être considéré comme comorien au regard du droit international, sont considérés comme des clandestins chez eux ! Ils se retrouvent pourtant parqués dans un centre de rétention administrative que la Commission nationale de déontologie de la sécurité a jugé en 2003 « indigne de la République ». Ils sont aujourd’hui 200 pour 60 places, entassés sur quelques matelas qui jonchent un sol où les restes des repas côtoient les poubelles, tandis que rien n’est prévu pour les enfants. Un véritable inventaire de la honte. Le pire est que le rapport d’information souligne qu’« une forte proportion des personnes reconduites aux Comores reviennent à Mayotte à court ou moyen terme » : comment voulez-vous qu’il en soit autrement puisque les Comoriens ont des liens indéfectibles avec Mayotte ! La départementalisation, qui va accroître les écarts entre les populations des trois îles des Comores et Mayotte, ne règlera en rien le problème. L’avenir qui se profile n’est en rien porteur d’espoir pour la population mahoraise. Il lui faudra accomplir, nous dit le rapport, « un effort d’acculturation » : le but est donc bien de couper tout lien culturel avec les îles soeurs d’Anjouan, de Grande Comore et de Mohéli, contrairement aux résolutions de l’ONU. C’est de surcroît une départementalisation au rabais que vous prévoyez. La mise en oeuvre du RMI et du Smic ne se fera que progressivement et sur une base inférieure à celle applicable en métropole. Et cela sous prétexte, je cite le rapport d’information, que la départementalisation ne doit pas « ajouter des bouleversements et des frustrations provoquées par une élévation artificielle des niveaux de vie ».

M. Jean-Jacques Hyest, président de la commission. - Votre discours est incohérent : puisque pour vous ils sont comoriens, on ne devrait rien leur donner...

Mme Éliane Assassi. - C’est le retour du vieux réflexe colonialiste de l’envahisseur blanc qui sait ce qui est bon pour les populations indigènes. Nous ne pouvons, nous ne voulons soutenir cette politique et souscrire à une départementalisation contraire au droit international. (Mme la ministre, M. le président de la commission et M. le co-rapporteur échangent des commentaires sarcastiques)
La France doit assumer son passé colonial, au lieu de l’occulter. Elle s’honorerait en contribuant avec l’Union européenne à développer les quatre îles des Comores pour construire les conditions sociales et politiques de leur unité.

Je viens d’exprimer l’opinion des sénateurs communistes républicains et citoyens, mais pas celle des sénateurs du parti de gauche, bien qu’ils soient membres du même groupe.

Source : http://wongo.skyrock.com/
FRANCOISE

Messages

  • La position du parti comuniste français sur l’île comorienne de Mayotte est plus que courageuse. Elle permet de comprendre qu’il existe en France une certaine classe politique qui ose regarder en face la situation internationale et assumer son passé. La France ne peut pas ignorer le reste du monde et continuer sa mission colonisatrice avec des pretextes historiquement infentiles et moralement ridicules.
    Il est étonnant qu’un pays qui se reclame ami d’un autre pays, ait la lacheté de lui empiter une partie de son territoire.
    Mme la Ministre de l’interieure a longtemps trompé le peuple comorien qui croyait naivement à son amitié. L’Histoire lui rappelera un jour que si l’on peut se permettre de tomper une personne, on ne peut pas continuer à tromper tout un peuple.

    • De toute façon, le parti communiste survit et se nourrit de la misère des autres. Quel courage ils ont les responsables du partic ommuniste français, toi qui qui pretend qu’ils sont courageux ? Rien, aucun courage. Tu dois retenir 2 choses :
       Le parti communiste français n’esxiste pas car avec 2% d’electeurs, il s ne represente plus rien.
       En france, ce sont des gens élus dans des villes où ils existent beaucoup de problèmes et les communistes qui sont élus depuis des decennies (10 à 30 ans) n’ont toujours pas trouvé des solutions aux problèmes de leurs administrés. A se demander, s’ils ne sont pas contents de la situation miserable de leur peuple pour garder leur place d’élus.

      En outre, ils sont des elus comme les autres, mais pourquoi ils ne vont pas aider les Comoriens qui souffrent aux comores pour les sortir de la misère.

      La plupart des communistes sont issus de l’immigration, mais ils ne veulent pas partager le bonheur qu’ils trouvent dans ce beau pays qu’est la FRANCE. Je pensais que c’était le parti qui defendait le peuple, mais comme aujourd’hui, le chomage augmente, l’economie est au plus mal, les ouvriers sont licenciés, et où est le parti communiste pour défendre tout ce monde ? Ils vont défendre les nostalgiques comoriens du GRAND PAYS QU’EST "la république islamique des comores" comme si nous sommes à l’époque de l’URSS. Il faut que les dirigeants communistes atterissent, nous sommes en 2009, et c’est le peuple qui décide, donc ici ce sont aux Mahorais de dire ce qu’ils veulent et non les comoriens. Les Mahorais ont toujours exprimé leur volonté de rester français depuis 1841, ils aiment leur pays et ils n’ont jamais douté de leur appartenance à la République Française. Alors nous demandons aux communistes de respecter le choix des Mahorais.

      Par contre, je lance un appel à ces dames et messieurs les communistes qui veulent aider les Comores et les comoriens. Si vraiment vous voulez les aider, c’est le moment de le faire car il n’y a que 3 îles (la Gde Comores, Anjouan et Moheli) à aider maintenant car je me demande comment vous allez pouvoir aider 4 îles si vous n’arrivez pas à le faire pour 3 îles.
      Enfin, vos réactions me permettent de dire que ce sont vous les communistes qui ne voulez pas que les comores avancent avec votre analyse passeiste qui reflète la nostalgie de l’époque de l’URSS où vous avez toujours continué à avoir des relations alors le peuple souffrait.

  • Mayotte, et les autres iles de l’archipels des comores étaient tout le temps en guerre entre eux . le sultant andriantsouli a préféré vendre Mayotte à la France en 1841.Mayotte est le premier des 4 iles à etre francaise.Elle a toujours revendiqué son attachement à la France.Avant cette date ces iles se faisaient la guerre entre eux il n’y avait pas d’unité territoriale,d’ailleur il n’y a jamais eu .Aujourd’hui on nous parle d’unité des comores Mayotte inclu. Donnez moi la définition d’unité territoriale.