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Matignon ferme la porte aux logiciels libres

Publie le lundi 12 juin 2006 par Open-Publishing

cf citron vert
Matignon ferme la porte aux logiciels libres
lundi 12 juin 2006.par Philippe Ladame

Dix ans après le démarrage de l’internet public en France, les réticences des pouvoirs publics demeurent.
Comme le rappelle Jacques Herrou dans un article intitulé l’improbable anniversaire des 10 ans du net en France, l’arrivée de l’internet en France fut très particulière. « Fier de son minitel et de son système de Kiosque très coûteux, France Telecom gagnait suffisamment d’argent dont une bonne part était reversé à l’état, et n’envisageait donc pas de permettre à ses « clients » des connections à un internet où l’usage est tarifé au forfait, plutôt qu’à la durée. »

Ce n’est qu’il y a à peine dix ans, en juin 1996, que le nouveau gouvernement demandait à France Télécom d’ouvrir l’accès à toute la population. Mais la France a bien refait son retard. « A la fin 96, 6 mois après l’ouverture, le serveur d’hébergement Mygale de l’université paris 8 comptabilisait 8000 sites de ce genre soit la moitié des sites de l’hexagone à cette époque. C’était un aspect nouveau de l’internet, très peu « commenté » par les médias* à l’époque : avec internet chacun obtenait la possibilité de dépasser son état de consommateur d’information, pour devenir simplement et gratuitement, acteur et diffuseur d’information, à l’instar des autres médias de notre société. 10 ans après on ne compte plus les CMS, les blogs, les fils RSS ... »

Pourtant la belle histoire de l’internet non marchand ne se fait pas sans heurts et sans revers.

Richard Stallman, un des "pères" du logiciel libre, peut en témoigner, lui qui est venu à Paris pour remettre au premier ministre les 165.000 signatures recueillies contre le projet de loi DADVSI, pour les logiciels libres.

Dans un reportage photos du 10/06/06, PCInpact raconte : « Pétition sous le bras, le groupe se dirigeait alors, non sans espoir, vers M. de Villepin. Peine perdue : à une petite centaine de mètres de la porte d’entrée principale, des CRS bloquent le passage. Peu après, un officiel pointe et indique qu’aucune rencontre ne sera possible avec quiconque, conseiller ou premier ministre. La discussion ne peut s’engager : « Nous sommes désolés, la décision a été mûrement réfléchie » insiste-t-il, nous priant de stopper là. Richard Stallman décide alors de dérouler ces mètres de papier à même le sol, le long du trottoir. La scène est alors surréaliste : 165 000 signataires dans le caniveau, la figure historique et mondiale du Logiciel Libre accroupie au même niveau, des forces de l’ordre partout... »

Frédéric Couchet, président de la Fondation pour le logiciel libre (FSF France), qui accompagnait Richard Stallman, commente : « En refusant de recevoir Richard Stallman alors que Bill Gates a été reçu comme un chef d’État par le Président de la République, le Premier Ministre montre son dédain pour le Logiciel Libre, les 165 000 particuliers et les centaines d’associations et d’entreprises qui ont signé la pétition. Il refuse l’éclairage qu’un scientifique mondialement reconnu aurait pu lui apporter sur le projet de loi DADVSI. Après le lancement en début de semaine d’une opération de promotion des produits Microsoft dans les écoles sous l’égide de l’Éducation Nationale, il est vrai que nous aurions dû nous y attendre. La République de Microsoft est en marche. » (source).

Une "république" qui n’est quand même pas tout à fait un "empire" tout puissant comme en témoigne les difficultés (relatives) rencontrées par Microsoft qui a dû abandonner le projet d’intégrer une fonction d’export au format .pdf à la prochaine version de sa suite bureautique, alors que OpenOffice, suite bureautique libre, possède cette fonction depuis plusieurs années (source).

Internet est dans sa première jeunesse. Ses traits ne sont pas encore fixés. L’évolution du réseau et des usages qui en sont fait sont autant d’enjeux. Elle déterminera, pour une bonne part, notre quotidien à venir.