Accueil > Mediator : les députés déçus après l’audition de Servier

Mediator : les députés déçus après l’audition de Servier

Publie le jeudi 3 mars 2011 par Open-Publishing
1 commentaire

Jacques Servier s’est expliqué devant les députés, mais à huis clos. Pendant trois heures, la mission d’information de l’Assemblée nationale sur le Mediator a entendu le patron des laboratoires du même nom qui a produit ce médicament qui serait à l’origine de 500 à 2 000 décès.

Jacques Servier a indiqué que cette affaire constituait pour lui « une préoccupation majeure ». Il a également affirmé que les Laboratoires « assumeront leur responsabilité » à l’égard des patients et « apporteront tous les éléments pour faire la lumière sur cette affaire ».

Affirmant que les Laboratoires « ont été transparents vis à vis des autorités », Jacques Servier a assuré qu’ils « ont la volonté d’assumer leurs responsabilités » et réitéré que le groupe « ferait une première dotation de 20 millions d’euros ».

A l’issue de cette audition, les députés sont restés perplexes. A entendre le socialiste Jean-Marie Le Guen, « on n’a pas progressé sur le plan de la vérité ». « Cela manquait beaucoup d’empathie pour les victimes, c’était surtout une analyse technique du rapport de l’Igas (Inspection des Affaires sociales) », a, de son côté, relaté son collègue Jean-Louis Touraine. « Ils ne reconnaissent aucune responsabilité, déplorait le député PS Gérard Bapt, président de la mission. Ils rejettent la responsabilité sur les agences sanitaires et sur les médecins. Ils assurent de leur pure bonne foi. »

Les Laboratoires Servier contestent le rapport accablant de l’Igas

Jacques Servier a fait un long discours introductif avant que plusieurs cadres de son équipe ne s’expriment. Lucy Vincent, directrice de la communication de Servier, a souligné que les dirigeants du groupe avaient été « heureux » de pouvoir s’exprimer devant les députés. « C’est un drame pour un laboratoire de trouver dans une situation pareille. Tout le personnel est très affecté », a-t-elle ajouté, tout en réaffirmant que son groupe contestait le rapport de l’Igas fait « de données partielles et incomplètes ».

L’Igas a rendu public mi-janvier un rapport accablant pour le groupe pharmaceutique français, estimant que ce dernier avait « anesthésié » acteurs de la chaîne du médicament et les avait « roulés dans la farine ». L’Inspection des affaires sociales affirme « avoir eu connaissance de pressions exercées par des personnes appartenant aux laboratoires Servier ou ayant des liens d’intérêt avec eux sur des acteurs ayant participé à l’établissement de la toxicité du Mediator ».

« Nous n’avons aucun moyen de pression »

Pourquoi s’expliquer alors devant les débutés à huis clos ? Selon Jean-Pierre Door, rapporteur de la mission, ce huis clos avait été « par M. Servier lors de la demande d’audition. Il nous a bien spécifié que sans huis clos il ne viendrait pas, et on n’a pas voulu faire l’impasse ».

A la différence d’une mission d’enquête, devant une mission d’information, « tout le monde est libre de venir ou pas, nous n’avons aucun moyen de pression », a précisé le député UMP. Déjà deux responsables de l’Afssaps (agence de sécurité sanitaire des médicaments), entendus le 17 février, avaient demandé le huis clos. Dans ce cas, rien n’apparaît dans le compte-rendu réalisé en principe par l’Assemblée des travaux de la mission, en attendant le rapport de la mission, en juin.

Le Mediator, un anti-diabétique prescrit aussi comme coupe-faim, aurait fait en 33 ans de 500 à 2.000 morts, avant d’être retiré du marché français en novembre 2009. Plus de 300 plaintes ont été déposées à Paris dans ce dossier, auxquelles se sont jointes celles de l’Assurance maladie, de la Mutualité française ainsi que de l’association UFC Que Choisir.

http://www.leparisien.fr/societe/mediator-les-deputes-decus-apres-l-audition-de-servier-02-03-2011-1339802.php

Messages