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Mirabeau, Sur la banqueroute, 1789.
[En septembre 1789, face au déficit colossal des finances publiques, Mirabeau tient un discours visant à convaincre les députés de prélever une partie (un quart, si je ne me trompe) de la fortune des plus riches afin d’éviter la faillite. Voici un extrait de ce discours - sans commentaire !]
Mes amis, écoutez un mot, un seul mot. Deux siècles de déprédations et de brigandage ont creusé le gouffre où le royaume est près de s’engloutir. II faut le combler ce gouffre effroyable ! eh bien, voici la liste des propriétaires français. Choisissez parmi les plus riches, afin de sacrifier moins de citoyens ; mais choisissez ; car ne faut-il pas qu’un petit nombre périsse pour sauver la masse du peuple ? Allons, ces deux mille notables possèdent de quoi combler le déficit. Ramenez l’ordre dans vos finances, la paix et la prospérité dans le royaume... Frappez, immolez sans pitié ces tristes victimes ! Précipitez-les dans l’abîme ! il va se refermer... vous reculez d’horreur... Hommes inconséquents ! hommes pusillanimes ! Eh ! ne voyez-vous donc pas qu’en décrétant la banqueroute ou, ce qui est plus odieux encore, en la rendant inévitable sans la décréter, vous vous souillez d’un acte mille fois plus criminel, car enfin cet horrible sacrifice ferait du moins disparaître le déficit. Mais croyez-vous, parce que vous n’avez pas payé, que vous ne devrez plus rien ? Croyez-vous que les milliers, les millions d’hommes qui perdront en un instant, par l’explosion terrible ou par ses contrecoups, tout ce qui faisait la consolation de leur vie, et peut-être leur unique moyen de la sustenter, vous laisseront paisiblement jouir de votre crime ? Contemplateurs stoïques des maux incalculables que cette catastrophe vomira sur la France, impassibles égoïstes qui pensez que ces convulsions du désespoir et de la misère passeront comme tant d’autres, et d’autant plus rapidement qu’elles seront plus violentes, êtes-vous bien sûrs que tant d’hommes sans pain vous laisseront tranquillement savourer les mets dont vous n’aurez voulu diminuer ni le nombre ni la délicatesse ?... Non, vous périrez, et dans la conflagration universelle que vous ne frémissez pas d’allumer, la perte de votre honneur ne sauvera pas une seule de vos détestables jouissances.
Messages
1. Mirabeau, 25 mai 2011, 00:21
Il était chaud Mirabeau en... économie.
Merci pour l’article.
1. Mirabeau, 25 mai 2011, 00:32
J’en profite pour demander comment se fait-il que les grands écrits fondateurs de la république restent inéluctablement bannis ?
Qui voudrait "gommer" la mémoire de l’Histoire et pourquoi ???
Des écrits de Robespierre viennent d’être vendues aux enchère Peuchère ! ! !
2. Mirabeau, 25 mai 2011, 10:10
L’Histoire est dangereuse pour le dominants, quelq qu’ils soient, car elle enseigne que rien n’est permanent, sauf le changement.
1. Mirabeau, 26 mai 2011, 09:32
Mirabeau, était un libéral corrompu lui aussi, il spécula comme les autres, pour vivre comme un prince. Son discours visait en fait à sauver et à perpétuer la domination de sa classe aristocratique alliée à la Bourgeoisie, par l’établissement d’un régime de royauté constitutionnelle.
Il fut employé et payé par la monarchie et il manoeuvra pour faciliter la fuite du roi à l’Étranger auprès des Émigrés.