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Mission de la Dnst à Mayotte, la vérité sur un échec

Publie le vendredi 6 novembre 2009 par Open-Publishing

Léchec de la mission menée, le 28 octobre dernier, par la Direction nationale de la sûreté du territoire (Dnst) à Mayotte dans le cadre d’une opération d’enrôlement et d’identification des ressortissants Comoriens résidant dans l’île sœur, montre à quel point les questions de circulation des personnes restent sensibles dans cette partie convoitée de notre territoire. Les responsables de la Dnst à Moroni, se disent étonnés de ce “revirement” de dernière minute des autorités françaises en place dans l’île ; alors que la mission avait trouvé l’approbation de Paris. “Contrairement à ce qui a été convenu dans l’accord, les autorités préfectorales de l’ile ont refusé d’annoncer notre présence et de mettre à notre disposition un local en dehors de la préfecture. Des gestes dont l’objectif était de saboter notre travail”, a déclaré Mirhane Bourhane du Ministère comorien des Relations extérieures et chef de la mission. “Les autorités préfectorales ont laissé entendre que dans le cadre de notre travail, tous les dossiers devaient être examinés par un de leurs agents. Ce qui laissait à penser que ce sont les autorités françaises qui allaient décider qui est comorien et qui ne l’est pas”, a-t-il ajouté. Cette tentative d’ingérence a précipité le départ de la mission. Les autorités de l’ile auraient soupçonné une opération d’identification des comoriens des trois autres iles qui résident à Mayotte depuis plus de cinquante ans. Ces dernières ont, aux yeux des autorités mahoraises le statut de “clandestins”. “Ces soupçons sont infondés ; puisque nous avions posé comme préalable pour l’octroi d’un passeport la présentation d’un justificatif de domicile dont un avis d’imposition, factures etc. Donc je ne vois comment peut-on parler d’enrôlement de clandestins”, a déclaré Abou Achirafi, Contrôleur général de la Dnst. Ce sentiment de suspicion n’est-il pas fondé sur le fait que cette opération d’identification risquait de révéler au grand jour la vérité sur le nombre de comoriens des autres iles résidant à Mayotte ? Il y a environ 50 à 70 milles comoriens des autres iles résidant à Mayotte, selon des sources comoriennes et mille cinq cent à deux milles à la Réunion. Le ministère français des Affaires étrangères a expliqué cet échec dans une correspondance, en date du 28 octobre 2009, adressée au ministre comorien des Relations extérieures que “l’opération ne visait qu’à faciliter dans l’urgence la participation au Haj des citoyens comoriens résidents dans l’île. Il ne s’agissait en aucun cas de la mise en œuvre générale d’une proposition comorienne de délivrance de document biométrique à Mayotte”. Par contre cette proposition aurait été évoquée dans le cadre du Groupe de travail de haut niveau (Gthn), reconnaissent les autorités françaises dans cette missive, mais elle est restée “non tranchée”.
Par ailleurs, il est important de rappeler que dans le cadre du même accord des agents de la Dnst sont dans l’ile de la Réunion pour les mêmes opérations d’identifications des comoriens qu’y résident. D’autres opérations de ce genre ont déjà été menées par les services de migration comorienne à Madagascar, en Egypte, à Dubaï, en Tanzanie, à Marseille et Paris.
Kamardine Soulé

Source : Al-watwan N° 1437 du 6 novembre 2009

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