Moyen-Orient : Au moment où la France assure la présidence de l’Union européenne...

Moyen-Orient : Au moment où la France assure la présidence de l’Union européenne, nous attendons des actes concrets en faveur de la paix

de MRAP

Le Président Nicolas Sarkozy a prononcé, lors de son voyage en Israël, des paroles en faveur de la paix. Il a rappelé des positions traditionnelles de la France sur la création d’un Etat palestinien (sans aucune référence aux frontières de 1967) , l’arrêt de la colonisation, Jérusalem, etc., (mais sans aucune mention au droit international.

Dans son discours à la Knesset, il s’en est tenu aux options de l’accord israélo-palestinien d’Annapolis conclu sous égide américaine en novembre 2007, et jamais appliqué.

Mais compte tenu de la situation tragique sur le terrain, la politique française au Proche-Orient ne sera pas jugée aux paroles formulées mais aux initiatives qui seront concrètement prises, avec l’Union européenne, pour ouvrir une issue réelle au conflit, pour engager un règlement politique négocié qui soit conforme au droit international et aux résolutions des Nations Unies. Or, il n’a pas eu une seule parole concernant toute mesure concrète pour forcer le gouvernement israélien a arrêter la colonisation et à appliquer les résolutions des Nations unies. La question Palestinienne ne figure pas parmi les priorités énoncées par Nicolas Sarkozy pour sa Présidence européenne.

Loin d’aller vers l’application de la résolution votée par le Parlement européen le 10 avril 2002 sur la suspension des accords Israël-Union Européenne en raison de la violation de l’article 2 de cet accord par Israël, on s’oriente vers un renforcement de cette coopération. Faut-il rappeler que depuis un an des négociations secrètes sont menées entre Israël et l’Ue entre autres sur sa participation à tous les niveaux aux réunions de l’Ue sur les questions de sécurité et de dialogue stratégique, de même qu’aux délibérations du Conseil sur le Maghreb et le Machrek. Dans le même temps Israël est aussi invité à faire partie de l’Union pour la Méditerranée. Il est ainsi des privilèges accordés aux Israéliens qui constituent un appui direct et manifeste à leur politique et qui contredisent tous les discours sur la volonté de la France de participer à un règlement juste du conflit.

En traitant de terroristes les électeurs du Hamas, voire ses représentants élus, le Président de la République française cautionne voire encourage les responsables politiques israéliens qui se refusent à dialoguer avec l’ensemble des parties palestiniennes -même lorsqu’elles ont une représentativité démocratique assurée- et qui s’arrogent le droit de choisir leurs interlocuteurs. Or, quelle que soit notre opinion sur le Hamas, Israël devra négocier aussi avec lui et l’Union européenne devra accepter cet état de fait.

N’oublions pas non plus que sous couvert de lutte contre le terrorisme, le Président français a renouvelé ses menaces contre l’Iran. Au moment où Israël se prépare au pire scénario avec des manœuvres militaires israéliennes d’une ampleur exceptionnelle effectuées au début du mois en Méditerranée, les menaces de Nicolas Sarkozy ont de quoi inquiéter ceux qui refusent l’aventure militaire comme solution en Iran.

Ce que le monde attend, ce ne sont ni des belles paroles ni des menaces de nouvelles aventures militaires, ce sont des actes concrets en faveur de la paix.

Paris, le 1er juillet 2008