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Municipales parisiennes : une pure bataille d’image et d’équipes de com...

Publie le mardi 20 novembre 2007 par Open-Publishing

L’art et la manière de communiquer. C’est le petit jeu auquel se livre les troupes des deux candidats à la mairie de Paris, Françoise de Panafieu et Bertrand Delanoë. Ces dernières semaines, plusieurs vidéos détournées sont apparues sur la toile. Dans le camp UMP, on dénonce un Delanoë dont les ambitions au plan national feraient passer la mairie au second plan.

La campagne des municipales parisiennes se déroule aussi sur le front de la communication. Au-delà des questions de fond, les deux principaux candidats se livrent à une âpre bataille de l’image. En ligne de mire : l’électorat bobo. Il y a deux semaines, Bertrand Delanoë a tiré une salve pour déstabiliser son adversaire UMP : "Nous demandons à Madame de Panafieu de respecter la transparence qu’elle doit aux Parisiens, et de rendre publics son patrimoine et ses revenus", ont réclamé les deux canonnières du maire candidat, Anne Hidalgo et Annick Lepetit, dans un communiqué.

Sur son site internet, le socialiste détaille ses biens et ses revenus. "Bertrand Delanoë, lui, n’a rien à cacher, souligne la première adjointe Anne Hidalgo. Je n’ai pas l’impression que Madame de Panafieu soit très enthousiaste à l’idée de publier son patrimoine. N’assumerait-elle pas l’univers très favorisé dans lequel elle évolue, son appartenance à une grande famille industrielle ?"

Des vidéos détournées sur internet

Les troupes delanoïstes estiment que Françoise de Panafieu est une "usurpatrice" qui "avance masquée" pour séduire les bobos. La candidate UMP, épouse de Guy de Panafieu - ancien patron de Bull, est issue de la vénérable et richissime famille de Wendel, qui régna pendant trois siècles sur un empire industriel, des maîtres de forge à l’ensemble de la sidérurgie de Lorraine. En mettant en avant cette noble lignée, les socialistes parisiens entendent lui coller une image de "grande bourgeoise pas du tout bohème", dont elle cherche à se débarrasser.

"Elle sent bien que la population parisienne, même l’électorat de droite, est ouverte sur les questions sociétales ; elle veut faire croire qu’elle est sur la même longueur d’onde, insiste Hidalgo. En 2001, elle avait encore cette image de femme certes bien née mais grande gueule, volontiers déjantée, presque contre l’ordre établi. Mais cela ne correspond pas du tout à la réalité." Si elle ne roule plus à rollers, comme en 2001, Panafieu n’a de cesse de répéter, dans sa veste de cuir, qu’elle "aime les bobos" : "Mes enfants sont bobos." Son analyse diverge d’ailleurs de celle de Claude Goasguen, député du 16e, qui préférerait s’adresser "à la droite classique et à la droite populaire", plutôt qu’aux bobos.

Panafieu, elle, se veut "moderne", "proche des gens". Elle a lancé "Panaf TV" sur son site internet, une série de clips vidéo qui montrent parfois des militants UMP jouant le rôle de simples électeurs dans des micro-trottoirs : une vidéo d’iPolTV, titrée "faux électeurs", circule sur Dailymotion. "Une officine de Delanoë a détourné mon film de manière calomnieuse, s’offusque le panafiste Vincent Roger, tête de liste dans le 4e. C’est un procédé digne de la Stasi, carrément diffamatoire. Je n’ai pas déposé de référé pour ne pas leur faire de la pub. Mais la campagne devient très agressive."

Une "maire à temps plein"

Le camp UMP a choisi un autre angle d’attaque : les ambitions nationales de Delanoë, à la tête du PS. Panafieu assure qu’elle, au moins, serait une "maire à temps plein". Elle a même commandé un sondage à OpinionWay - réalisé fin octobre auprès de 2.950 personnes - sur "les attentes des Parisiens et l’image du maire". Il en résulte que les sondés estiment que "la situation s’est dégradée depuis 2001" en matière de circulation et de logement. Et 71 % désapprouveraient que Delanoë cumule son mandat de maire avec des fonctions de premier secrétaire du PS. "On compte lui rappeler aussi souvent que possible pendant la campagne", assurent les proches de la députée-maire.

Quant à son patrimoine, "Françoise de Panafieu le rendra public fin novembre ou début décembre, annonce son chef de cabinet Pierre-Yves Bournazel. Mais elle le fera quand elle veut et où elle veut. Elle n’a pas à répondre aux ordres de M. Delanoë. Ce ton inquisitorial et moralisateur est déplacé. On n’est plus au temps de Robespierre !" Pour ses supporters, la candidate UMP n’est pas une grande bourgeoise, mais une "marathonienne" qui "ne triche pas", "à l’aise dans tous les milieux". Et de retourner la question de l’image à l’envoyeur et à ses "paillettes" : "La popularité du maire est artificielle : il soigne davantage sa stratégie de communication que la vie quotidienne des gens." Par ailleurs, les collaborateurs de Panafieu s’interrogent à voix haute : "Depuis deux mois et demi qu’il est candidat, Delanoë n’a toujours pas de QG. D’où fait-il campagne ? Où organise-t-il ses réunions ? D’où envoie-t-il ses communiqués ?"

source : http://www.lejdd.fr/cmc/paris/20074...