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NUCLÉAIRE AU BORD DE MER : ATTENTION DANGER !

Publie le samedi 31 mars 2007 par Open-Publishing
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À l’heure où les fous de l’atome parlent de construire un Réacteur pressurisé européen (EPR), au bord du littoral, à Flamanville, il serait bon de rappeler un « incident », survenu le 26 décembre 2004, à la centrale de Kalpakkam, au Tamil Nadu, en Inde.

L’incident - à savoir l’inondation d’une centrale nucléaire par l’océan - est à peine archivée sur le Net ; les agents de l’Agence internationale de l’énergie atomique, invités par le gouvernement indien, n’ont jamais rendu public l’ensemble de leurs expertises.

La centrale de Kalpakkam a été reconstruite à neuf depuis. Le site du ministère français des Affaires étrangères salue, au cours de l’année 2006, l’événement, mais n’évoque pas la destruction de la centrale le 26 décembre 2004 par le Tsunami.

Je republie pour l’occasion mon article, révisé, annoté, paru le 9 février 2005 sur Paris.indymedia.org

HIMALOVE

UNE DÉMOCRATIE NUCLÉAIRE À L’ÉPREUVE DU TSUNAMI

Sil y eut, un jour, une possibilité de démocratie, en Inde, le nucléaire civil ou militaire en interdit l’espérance. 29 janvier de l’ère nucléaire 2005. Mahäbalipuram, 7 Km par mer de la centrale de Kalpakkam, Tamil Nadu (1). Un vent mauvais gifle les cocotiers. La station balnéaire, réputée pour ses temples sculptés dans le roc, n’est plus, aujourd’hui, que l’ombre d’elle-même : plage déserte, bidonville vidé. Quelque 20 000 personnes ont fui la ville. Non par la faute de la vague géante qui ravagea la côte de Coromandel mais à cause d’une formidable rumeur :  « Des fuites radioactives importantes émaneraient de trois réacteurs dont deux appartiennent à la station atomique de Madras » (2). Un super réacteur de type nouveau, « 500 MWe Prototype Fast Breeder Reactor », inauguré le 23 octobre 2004, par le Premier ministre, trône renversé au milieu du centre de recherche atomique Indira-Gandhi. Les trois joyaux de la technologie « russo-indienne » sont à l’arrêt depuis le 26 décembre, 10.28. UN DISCRET TCHERNOBYL-SUR-MER L’Inde sinspire, en matière d’énergie, de l’héroïsme soviétique... Le matin humide du 26 décembre 2004, selon le syndicat des travailleurs intérimaires du nucléaire (3) 200 à 300 coolies sont pulvérisés par les flots ; et les survivants, envoyés passer la serpillière dans les coins les plus toxiques de la centrale où l’océan se mélange aux eaux de refroidissement. Cependant contrairement à Tchernobyl, il n’y aura pas de monument pour immortaliser leurs exploits ni de journalistes pour confirmer la scène. Le tsunami, en Inde, a mis en relief, l’effroyable mépris à l’égard des bases castes ; les soldats, par exemple, à Madras, refusant d’enterrer ou de brûler les « intouchables ». La presse indienne, au lendemain de la catastrophe, ne s’étend pas sur les dégâts et n’évoque pas un instant ces « poussières de vie »... Le magazine communiste « Frontline » pro nucléaire (4) ne dresse pas la liste des ouvriers tués, et cite, seulement, le cas du docteur A. Selvaraj, ingénieur et architecte, vivant au centre de recherche atomique, balayé par les vagues alors qu’il se rendait à la messe ; et certains journaux informent que le gouvernement aurait fait appel à des experts étrangers pour mesurer le danger.

Les brahmines ubuesques du Département de l’énergie atomique et les journalistes patentés s’accordent à dire que les dommages sont mineurs. Quand le 10 janvier 2005, à Madras, le mouvement antinucléaire et pacifiste (The Movement Against Nuclear Weapons) provoque une conférence de presse et pose 15 questions pertinentes (5) aux autorités, au sujet du tsunami, de son impossible prévision et de ses conséquences, la salle est vide ! (6) Les journalistes à la botte du pouvoir boycottent la réunion. La presse tamoule préfère, ce jour-là, couvrir un fait-divers extraordinaire : l`arrestation du Shankacharya, le pape des hindous, impliqué dans un meurtre crapuleux. La rencontre fortuite du tsunami et de 2 centrales nucléaires, l’une située à Kalpakkam et l’autre, en construction, à Kudakulam (7) - toutes deux bâties à l’intérieur de la zone de protection côtière (Coastal Protection Zone) (8) - n’intéresse personne pas même Greenpeace (9) !

Or le 26 décembre 2004 restera, pour les annales secrètes du gouvernement indien, le Waterloo du nucléaire...

« À quoi nous avons affaire ici est une guerre. Une guerre peut-être contre la Nature. Mais c’est une véritable guerre ! » déclarait aux journalistes le grotesque chef de l’Indian Air Force, le maréchal S. Tyagi, le 5 janvier 2005, contemplant les restes de sa base aérienne, pulvérisée, à Car Nicobar (10). Aux îles Andaman, seuls les aborigènes vivant à l’âge de pierre et à l’écoute de l’océan ont su sauver leur peau.


1. Kalpakkam se trouvait à quelques heures de tsunami de l’épicentre du tremblement de Terre, le 24 décembre 2004.

2.Lire « Nuclear leak fear stalks Kalpakkam », article de Arup Chanda ; 29 janvier 2005, Hindustan Times.

3.The Kalpakkam Nuclear Power Station Casual Contract Labourers (KNPSCCL) est un syndicat indien d’ouvriers précaires. D’après les techniciens, qui ont déclenché l’alarme, ce sont les ouvriers eux-mêmes, qui ont organisé les premiers secours ; les forces de sécurité ont fui le complexe, et ne sont revenus qu’avec l’armée pour colmater les fuites d’information.

4.http://www.flonnet.com ; p.5 du 1er janvier 2005.

5.Lire « a Radioactive Tsunami ? », paru dans Tehelka, écrit par SP Udaykumar ; South Asian Community Center for Education and Research, Nagercoil ; spuk@vsnl.net)

6.Le satellite indien, selon le gouvernement, qui survolait la zone océanique le 24 décembre 2004 était en panne ; et les autorités militaires maritimes, en charge des îles Andaman, ont tardé à informer le littoral de la nature de la catastrophe. Ce qui a entraîné chez certains indiens des doutes quant à l’origine « naturelle » du tsunami...

7.Le nouveau réacteur nucléaire pour la centrale de Kudakulam, en provenance de Russie, arrive sain et sauf, par voie de mer, début janvier 2005 (nouvelle diffusée brièvement par les journaux). Le cargo russe est en haute mer lorsque survint le tsunami... Pas un journaliste ne s’interroge sur le fait qu’aucun navire stratégique, gros porteur, n’aient été abîmé ; la base américaine de Diego Garcia a-t-elle avertie la flotte hauturière de l’imminence du cataclysme ? Curieusement le détroit de Malacca est classé, après le tsunami, par la compagnie d’assurance Llyod’s Register of Shipping, « Zone de guerre ». Or, la flotte « pirate », principale nuisance officielle, du trafic dans le détroit, a été considérablement réduite lors du tsunami...

8. La zone de protection côtière prohibe la construction de toute habitation dans un rayon de 500 mètres à partir du rivage ; le lobby du nucléaire bafoue comme n’importe quel vulgaire promoteur la loi sur les 8 000 kilomètres du littoral indien.

9. Contrairement à Greenpeace France, l’antenne indienne de Greenpeace semble complètement infiltrée et dirigée par des éléments, appartenant à l’Intelligence Bureau ; leurs thèmes de campagne rentrent rarement en conflit avec les intérêts nationaux.

10. L’archipel des Andaman et Nicobar appartient corps et âmes à la marine militaire indienne. C’est un Lieutenant gouverneur et un amiral qui président à la destinée des îles. De nombreuses bases secrètes y ont été bâties. L’Indian Navy a des ambitions hégémoniques sur l’ensemble de l’Océan indien... Disposer de sous-marins, porteurs d’ogives nucléaires, est une de leurs priorités. La France est un des premiers fournisseurs en sous-marins de la flotte indienne...

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