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Nucléaire : le Japon avait été alerté d’irrégularités à Fukushima

Publie le mercredi 23 mars 2011 par Open-Publishing
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Le 7 février, un mois avant le séisme et le tsunami qui ont endommagé la centrale nucléaire de Fukushima, l’agence de régulation nucléaire japonaise a autorisé le maintien pendant 10 années supplémentaires du plus ancien des six réacteurs de la centrale, malgré des avertissements concernant sa sécurité, a révélé lundi 21 mars le New York Times.

L’agence en question avait signalé des craquelures sur le groupe électrogène de sûreté du réacteur n° 1 de Fukushima Dai-Ichi. Elle avait toutefois autorisé le maintien du réacteur sous réserve que les opérations de maintenance soient renforcées. Le résumé des délibérations est en ligne sur le site du ministère japonais de l’économie, du commerce et de l’industrie, dont dépend l’agence.

Les craquelures auraient rendu les moteurs du générateur électrique plus vulnérables à la corrosion causée par l’eau de mer. Le tsunami a fortement endommagé ces moteurs, ce qui a provoqué l’arrêt du système de refroidissement, vital pour le réacteur.

Une dizaine de jours avant la catastrophe, Tokyo Electric Power (Tepco) avait remis un document aux autorités dans lequel il reconnaissait avoir faussé les données des registres de contrôle. L’entreprise avait précédemment assuré avoir vérifié une trentaine de pièces, avant d’admettre qu’elle n’en avait rien fait.

Tepco a notamment avoué qu’une carte d’alimentation d’une valve de contrôle de température de réacteur n’avait pas été inspectée pendant onze ans, bien que les techniciens, qui s’étaient contentés d’un contrôle de routine, aient indiqué le contraire.

L’agence de régulation avait alors conclu que "la gestion de la maintenance était inappropriée" et que la "qualité des travaux d’inspection étaient insuffisants."

"L’ENSEMBLE DU RÉACTEUR ÉTAIT VÉTUSTE"

Pourtant, quelques semaines plus tôt, lorsque l’agence a autorisé le non remplacement du réacteur défectueux, de nombreuses irrégularités avaient déjà été constatées. Cette décision sème le doute sur l’indépendance des panels d’experts comme celui qui a autorisé l’extension du réacteur n° 1 de Fukushima Dai-Ichi, au-delà de la limite de 40 ans généralement admise.

Le réacteur a été construit en 1971. Pendant le processus de décision de la commission, Tepco avait affirmé que le réacteur pouvait être opérationnel pendant 60 ans.

"Il n’est pas possible de dire dans quelle mesure les manquements constatés concernant l’entretien et le contrôle des installations ont influencé ou non la cascade de problème découlant du séisme", a noté l’Agence, qui avait toutefois enjoint Tepco de corriger sa conduite et de dresser un nouveau plan de maintenance d’ici au 2 juin.

Cité par le New York Times, Mitsuo Tanaka, un ingénieur qui a contribué à la fabrication des réacteurs de la centrale Fukushima Dai-Ichi, a déclaré que ces derniers étaient clairement hors d’âge. "Il était grand temps de remplacer le réacteur", a-t-il dit. "Certes, le tsunami l’aurait endommagé de toute façon. Mais les tuyaux, la mécanique, l’informatique et même l’ensemble du réacteur étaient vétustes, cela n’a fait qu’aggraver le risque."

Eisaku Sato, l’ancien préfet de Fukushima et opposant au nucléaire, avait déjà dénoncé l’inefficacité de l’agence de contrôle. En 2000, un inspecteur avait signalé à l’agence des craquelures sur l’enceinte de confinement de la centrale de Fukushima. Le préfet n’avait appris la nouvelle que deux ans plus tard. "Les régulateurs se sont assis sur le rapport concernant les craquelures", affirme-t-il. Jusqu’ici, les rapports entre Tepco et les autorités étaient perçus comme conflictuels. Mais pour M. Sato, ce nouvel incident met en lumière des rapports de connivence entre les autorités de régulation gouvernementales et les opérateurs du nucléaire.

Pendant les dix années à venir, de nombreux réacteurs atteindront l’âge fatidique de 40 ans et les coûts de remplacement s’annoncent astronomiques. Les opposants au nucléaire dans le pays estiment que c’est l’une des raisons pour lesquelles l’agence de sécurité nucléaire et industrielle nippone a pu minimiser les problèmes qu’elle a elle-même décelés.

http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/03/22/nucleaire-le-japon-avait-ete-alerte-d-irregularites-a-fukushima_1496991_3244.html

Messages

  • Le caisson en acier du reacteur 4, aurait connu un default de fabrication qui fut denonçé, apres Tchernobyl, par l’ingenieur qui le rafistola en 1974 et reçu alors une prime pour garder le silence.

    Mitsuhiko Tanaka publia un livre en 1990 : pourquoi l’industrie nucleaire est dangereuse, livre en reimpression depuis la catastrophe :

    Mitsuhiko Tanaka, 67, working as an engineer at Babcock Hitachi K.K., helped design and supervise the manufacture of a $250 million steel pressure vessel for Tokyo Electric in 1975. Today, that vessel holds the fuel rods in the core of the No. 4 reactor at Fukushima’s Dai-Ichi plant, hit by explosion and fire after the tsunami.

    Tanaka says the vessel was damaged in the production process. He says he knows because he orchestrated the cover-up. When he brought his accusations to the government more than a decade later, he was ignored, he says.

    The accident occurred when Tanaka and his team were strengthening the steel in the pressure vessel, heating it in a furnace to more than 600 degrees Celsius (1,112 degrees Fahrenheit), a temperature that melts metal. Braces that should have been inside the vessel during the blasting were either forgotten or fell over. After it cooled, Tanaka found that its walls had warped.

    ‘Felt Like a Hero’

    The law required the flawed vessel be scrapped, a loss that Tanaka said might have bankrupted the company. Rather than sacrifice years of work and risk the company’s survival, Tanaka used computer modeling to devise a way to reshape the vessel so that no one would know it had been damaged. He did that with Hitachi’s blessings, he said.

    “I saved the company billions of yen,” Tanaka said in an interview March 12, the day after the earthquake. Tanaka says he got a 3 million yen bonus ($38,000) from Hitachi and a plaque acknowledging his “extraordinary” effort in 1974. “At the time, I felt like a hero.”

    That changed with Chernobyl. Two years after the world’s worst nuclear accident, Tanaka went to the Ministry of Economy, Trade and Industry to report the cover-up he’d engineered more than a decade earlier. Hitachi denied his accusation and the government refused to investigate.

    .... In 1990, Tanaka wrote a book called “Why Nuclear Power Is Dangerous” that detailed his experiences...

    http://www.businessweek.com/news/2011-03-18/japan-disaster-caps-decades-of-faked-reports-accidents.html

    Blog journalistes japonais independant :

    Live feeds of TEPCO and other press conference provided by independent journalists in Japan

    http://yokosonews.com/live/